Commune VS, district de Conches. Sur une terrasse morainique de la rive gauche du Rhône. Elle comprend le village d'E. et, au sud-ouest, le hameau de Niederernen, ancienne commune incorporée en 1872 à E., ainsi que, depuis 2004, Ausserbinn, Mühlebach et Steinhaus. 1214 Aragnon, 1220 Arengnon, 1510 Aernen. 414 hab. en 1850, 355 en 1900, 299 en 1950, 385 en 2000.
Tombes de La Tène à Binnachern. Au Moyen Age, la vallée de Conches dépendait de la majorie d'E., mentionnée pour la première fois en 1135. Dans la seconde moitié du XIVe s., le dizain de Conches était divisé entre la majorie d'E. et celle de Münster. Un jugement de 1447 confirma que la majorie du dizain serait confiée à E. et à Münster, en alternance annuelle. E. conserva cependant la haute justice, le tribunal du dizain (reconstruit en 1750-1762) et le gibet (restauré en 1702).
E. était, après Münster, la seconde paroisse mère de la vallée de Conches. L'église, mentionnée pour la première fois en 1214, fut bâtie sur une basilique à trois nefs existant au XIe s. déjà. En 1510-1518, l'architecte Ulrich Ruffiner construisit un nouvel édifice, restauré en style néogothique entre 1862 et 1865 (voûte en ogive, fenêtres dans la nef, ajout de chapelles latérales et d'une sacristie). Lors de la restauration de 1964-1968, on tenta de rétablir le caractère gothique tardif de l'édifice conçu par Ruffiner. L'aménagement intérieur du sanctuaire est très riche: autel portatif gothique du dernier quart du XVe s., stalles sculptées de 1666 et orgue de 1679-1680, restauré sous l'égide de la protection du patrimoine organistique en 1964-1968. Une pietà gothique fut dérobée en 1980.

Les bâtiments profanes témoignent de l'importance d'E. au début de l'époque moderne: situé sur la route traversant la vallée de Conches, le village était relié au grand commerce avec l'Italie (Welschlandhandel) par Ausserbinn et le col de l'Albrun. Sur la place du village, des maisons d'habitation cossues et des bâtiments utilitaires des XVIe et XVIIe s. côtoient le tribunal et l'hôtel de ville du dizain. La maison de Tell (1576), qui servit d'auberge et de souste, doit son nom aux fresques de sa façade représentant, pour la première fois en Suisse, la vie de Guillaume Tell (1578). La maison Jost-Sigristen fut bâtie en 1581 par le major et banneret Martin Jost et rénovée en 1772 dans le style rococo par Jakob Valentin Sigristen, homme d'Etat valaisan très influent. Dans le hameau de Niederernen, on trouve la plus ancienne maison datée de la vallée de Conches (1533).
Au XIXe s., E. perdit beaucoup de son rayonnement. La route de la Furka (1860-1861), puis le chemin de fer de la Furka (1914) empruntèrent la rive droite du Rhône par Fiesch, laissant E. à l'écart des principales voies de communication de la vallée de Conches. Le tourisme naissant de la seconde moitié du XIXe s. ne fit qu'effleurer le village; la construction stagna tandis que les anciennes maisons étaient préservées. A la fin du XIXe s., la commune encouragea l'émigration volontaire outre-mer par le prêt sans intérêt de petites sommes. Depuis les années 1970, le tourisme crée de nouveaux emplois. En 1979, E. reçut le prix Wakker décerné par le Heimatschutz. Avec sa voisine de Mühlebach, E. inaugura au début des années 1980 un petit domaine skiable. On édifia sur le territoire communal le complexe de maisons de vacances Aragon. Depuis l'été 1974, le pianiste György Sebök anime chaque année une master class de piano et de musique de chambre, qui donna naissance au Festival der Zukunft consacré à la musique de chambre. La fromagerie centrale d'E. fit faillite au milieu des années 1990. La fromagerie biologique de montagne de la vallée de Conches (Bio-Bergkäserei Goms) a été ouverte à Gluringen en 2001. E. fournit surtout des emplois dans l'artisanat, la petite industrie et les entreprises de service.