Vue cavalière de Neuchâtel d'est en ouest. Plume et lavis d'encre de Chine parH. Müller, vers 1891 (Zentralbibliothek Zürich, Graphische Sammlung und Fotoarchiv).
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Auteure/Auteur:
Jean-Pierre Jelmini
Commune et chef-lieu du canton de Neuchâtel, dans la région Littoral, ayant fusionné en 2021 avec Corcelles-Cormondrèche, Peseux et Valangin,comprenant en outre le quartier de Serrières, les habitations dispersées de la montagne de Chaumont (1171 m), l'ancien hameau du Suchiez, ainsi que La Coudre dès 1930. Elle possède également divers domaines, dont celui des Joux (La Chaux-du-Milieu, Les Ponts-de-Martel) depuis 1512 et celui du Champ-du-Moulin (Rochefort) qui abrite des sources alimentant la ville depuis 1887. Au bord du lac de Neuchâtel, traversée par le Seyon (cours souterrain), la villeest située sur le tracé de l'autoroute A5 et la ligne ferroviaire du pied du Jura; des lignes la relient aussi à La Chaux-de-Fonds puis au Locle, au Val-de-Travers et à Fribourg. Siège des autorités cantonales, centre de l'agglomération formée par les localités du littoral comprises entre les communes de La Tène (est) et Cortaillod (ouest), Neuchâtel fait partie de la Communauté urbaine du littoral (Comul) créée en 2007 dans le cadre du projet du Réseau urbain neuchâtelois (RUN). 1011 Novum castellum, 1143 Novum Castrum. Le nom évolue simultanément en allemand, 1033 Nuvenburch, dès 1725 environ Neuenburg, et en français 1251 Nuefchastel, 1338 Neufchastel, dès 1750 et progressivement Neuchâtel.
Les vestiges d'un campement de chasseurs (chasse) du Magdalénien remontant à 13'000 av. J.-C. constituent la plus ancienne trace de présence humaine relevée sur l'actuel territoire de la commune. En 1990, lors de la construction de l'A5, sont apparus au lieudit Monruz (La Coudre) des foyers entourés de silex taillés et d'ossements, 5 m en dessous de la route cantonale. L'ensoleillement, des berges plus larges qu'aujourd'hui (lac plus bas de 3 m environ), les déplacements du gibier (chevaux, rennes) sur l'axe Rhône-Rhin ont favorisé l'implantation temporaire des hommes de Cro-Magnon. Aux artefacts lithiques et osseux s'ajoutèrent trois minuscules pendeloques (parure) en lignite, représentations de fécondité, premières figurations humaines signalées en Suisse. A ce même emplacement séjournèrent un peu plus tard des chasseurs de l'Azilien (11'000 av. J.C). La faune ayant changé en même temps que le climat, ce sont des cerfs et des sangliers qui constituaient leurs proies.
S'il n'a pas été possible de retrouver les palafittes signalés au XIXe siècle au lieudit le Crêt (parages de l'église rouge), la construction de la station inférieure du funiculaire reliant la gare à l'Université de Neuchâtel (1999) a permis la mise au jour d'une station littorale, appartenant à la phase tardive de la civilisation de Cortaillod (Néolithique moyen). La dendrochronologie a fixé ses débuts à 3571 av. J.-C.
L'hypothèse d'une implantation de l'âge du Bronze ou du Fer sur la colline du château, site au caractère défensif évident, n'est pas vérifiée. On découvrit une sépulture de la civilisation de Hallstatt (premier âge du Fer) dans la forêt des Cadolles, une tombe gallo-romaine aux Favarges et un modeste dépôt monétaire (trésors monétaires) à Fontaine-André. Fouillés en 1908, au débouché de la Serrière, des thermes gallo-romains remontent aux IIe et IIIe siècles.
Une nécropole mérovingienne, l'une des plus importantes du canton, existait aux Battieux (Serrières). Trente-huit sépultures du VIIe siècle ont été fouillées en 1982, livrant notamment une série de plaques-boucles de ceintures damasquinées ou plaquées argent. A Serrières toujours, on a dégagé dans l'église Saint-Jean (1945 et 1997) les restes d'un édifice cultuel du VIIe siècle.
Du Moyen Age à 1848
Origine et développement de la ville
Auteure/Auteur:
Jean-Pierre Jelmini
La région de Neuchâtel, située en bordure de l'importante voie navigable du lac (navigation) de Neuchâtel et au débouché de deux importantes cluses (celle de l'Areuse ouvrant vers la Bourgogne par le Val-de-Travers et celle du Seyon donnant accès au Val-de-Ruz et à l'évêché de Bâle) sur l'antique axe subjurassien de la Vy d'Etra appelait tout naturellement l'implantation d'une agglomération urbaine. Un promontoire rocheux, circonscrit au nord et à l'est par le Seyon, offrait une position stratégique suffisamment sûre pour constituer le siège d'une implantation primitive qu'on peut faire remonter à la fin du Xe siècle, comme l'atteste la datation du fossé creusé pour barrer l'éperon à l'ouest. La première mention connue de Neuchâtel se trouve dans une donation faite par Rodolphe III, roi du second royaume de Bourgogne, à sa fiancée Irmengarde, le 24 avril 1011. Parmi les biens énumérés figure un lieu dit novum castellum (château neuf) qualifié de regalissimam sedem (domaine très royal). On a pensé longtemps que ce château neuf en avait remplacé un ancien dont on aurait ignoré l'existence et l'emplacement. Les fouilles de l'opulente villa romaine de Colombier, ont relancé le débat, certains voyant dans cet établissement le prédécesseur du novum castellum. En fait, au moment de la donation, Neuchâtel était probablement le centre d'un domaine nouvellement organisé et venu s'ajouter récemment aux autres résidences royales et chefs manses (sedes) à travers lesquels le roi de Bourgogne administrait ses terres romandes.
Autour de ce château primitif (sis au sud-ouest de la colline) s'établit une garnison qui transforma peu à peu la curtis médiévale en un bourg modeste, concentré entre le fossé occidental et la barrière naturelle du Seyon. Des fouilles dans la collégiale, dont la construction a débuté dans le dernier quart du XIIe siècle tout comme celle de la partie romane du château actuel, ont révélé l'existence d'un édifice antérieur. Une porte sous la tour des Prisons (XIIIe s.) et une autre sous la tour de Diesse (XIIIe s.) servaient de verrous au bourg primitif. Plus tard, accolées à ces deux tours, la porte du Chastel et la Maleporte ont remplacé ces passages devenus trop étroits.
Avant 1250, la villes'accrut du carrefour de la Croix-du-Marché, puis de la rue des Moulins; elle gagna la rive gauche du Seyon dans la seconde moitié du XIIIe siècle et y implanta un quartier neuf (Neubourg, Chavannes, Grand-Rue et rue de l'Hôpital). Au XIVe siècle, tandis que le comte Louis de Neuchâtel entreprit la construction d'un nouveau château au nord-est de la colline (embryon du château actuel), la bourgade s'entoura d'un modeste mur d'enceinte (murailles), consolidé au XVe siècle et progressivement désaffecté dès le milieu du XVIIe siècle.
Plan de la Ville et Faubourg de Neuchâtel, gouache réalisée en 1769 parJean-Jacques Berthoud (Musée d'art et d'histoire Neuchâtel).
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Au cours des trois siècles suivants, la ville s'avança sur le lac, occupant le delta naturel du Seyon, mais aussi des terrains gagnés artificiellement sur l'eau. Sur la rive droite on érigea la maison des Halles (1572) et plusieurs habitations élégantes, principalement les maisons Marval (1609), Chambrier (1660) et Montmollin (1685). Sur la rive gauche, la ville dépassa la limite de l'ancien mur d'enceinte et s'étendit jusqu'au lac. On y édifia le temple du Bas en 1696 puis, en 1790, un nouvel hôtel de ville, dont la construction fut financée par la fortune léguée par David de Pury à la Ville et Bourgeoisiede Neuchâtel, qui l'utilisa pour réaliser de grands travaux d'édilité (gymnase, détournement du Seyon, collège des filles, route des Montagnes, etc.). Au XVIIIe siècle, franchissant la barrière de ses anciennes tours, la ville s'agrandit vers l'est, où s'édifia peu à peu le quartier cossu et élégant du Faubourg de l'Hôpital (hôtels particuliers Pourtalès, DuPeyrou, etc.). Jusqu'au début du XIXe siècle, la ville se développa sur les rives du Seyon et du lac. En 1843, le détournement de la rivière, qui rejeta son embouchure 600 m vers l'ouest, permit la création de nouveaux quartiers au centre de la ville.
Trois incendies (1269, 1450 et 1714) et une crue exceptionnelle du Seyon (8 octobre 1579, inondations) causèrent des dommages notoires à la ville de Neuchâtel.
Histoire politique et institutionnelle
Auteure/Auteur:
Jean-Pierre Jelmini
L'histoire médiévale de Neuchâtel nous échappe en grande partie. En effet, la crue de 1579 emporta l'hôtel de ville et détruisit la quasi-totalité des archives communales. Seules quelques séries comptables survécurent à cette catastrophe.
Aux XIe et XIIe siècles, l'histoire de la ville de Neuchâtel se confond encore largement avec celle de la seigneurie. Peuplée de pêcheurs, de vignerons et d'artisans, la ville demeura une sorte d'extension de la cour seigneuriale. En avril 1214 cependant, la communauté acquit suffisamment d'importance pour que les deux coseigneurs de Neuchâtel, Ulrich III et Berthold de Neuchâtel, lui accordent une charte de franchises (sur le modèle de la coutume de Besançon), qui constitue la première reconnaissance de fait et de droit de l'existence de la communauté urbaine de Neuchâtel (communitas nostrorum burgensium de Novocastro) et d'une gestion autonome (ministeriales villae). Dans le dernier quart du XIVe siècle, plusieurs textes attestent l'existence d'un Conseil des Vingt-Quatre (Petit Conseil), agissant et s'exprimant au nom des bourgeois. Placé sous la présidence du maire de Neuchâtel et désigné par le comte pour rendre la justice avec l'assistance de seize «prudomes», il validait ses décisions judiciaires par l'apposition du sceau de la mairie (mayorie) de Neuchâtel. Ce sont là les premières mentions d'une administration citadine autonome, mais celle-ci se révélait encore largement tributaire du pouvoir seigneurial. Les comtes signèrent très tôt des combourgeoisies avec les villes voisines de Fribourg (1290), Bienne (1295) et Berne (1308), mais il fallut attendre 1406 pour voir la ville de Neuchâtel conclure une combourgeoisie indépendante avec Berne et un siècle de plus pour la voir se gouverner elle-même et entamer une réelle émancipation.
En 1522, durant l'occupation du comté de Neuchâtel par les cantons suisses (1512-1529), le bailli obwaldien Niklaus Halter accorda à la bourgeoisie le droit d'instituer un Grand Conseil de quarante membres qui vint s'ajouter au Petit Conseil qui cumulait jusqu'alors les fonctions administratives, politiques et judiciaires. Dès lors les deux Conseils, formant ensemble le Conseil général, ou Conseil de Ville, constituaient les autorités de Neuchâtel. Au sein du Conseil, on élut une sorte de corps exécutif appelé les Quatre-Ministraux, composé selon les époques de quatre à neuf personnes, parmi lesquelles on trouvait un banneret, deux maîtres des clefs et quatre maîtres-bourgeois. Durant toute cette période, la bourgeoisie de Neuchâtel, établie par la charte de 1214, renforça son autonomie et, grâce à ses bourgeois externes particulièrement nombreux sur le littoral et au Val-de-Travers, étendit peu à peu son pouvoir au-delà de la ville proprement dite et au détriment de la maison comtale.
Le passage du comté en mains françaises par le mariage de Jeanne de Hochberg avec Louis d'Orléans en 1505 renforça encore la mainmise de la ville sur le comté. En effet, Louis d'Orléans de 1509 à 1512, Jeanne de Hochberg de 1536 à 1544 puis François d'Orléans de 1558 à 1568 affermèrent les revenus de leur comté à la ville de Neuchâtel, ce qui assura aux Quatre-Ministraux une place de plus en plus prépondérante dans la hiérarchie régionale. Ainsi, les quatre maîtres-bourgeois représentaient à eux seuls le tiers état au tribunal des Trois-Etats, instance souveraine du comté. En outre le Petit Conseil de Neuchâtel était seul habilité à décréter les points de coutume valables pour l'ensemble du comté. Cette présence souligne la puissance acquise par la bourgeoisie de Neuchâtel dans le corps des Quatre-Bourgeoisies qu'elle formait avec celles du Landeron, de Boudry et de Valangin.
Ni le régime de Louis-Alexandre Berthier (1806-1814), ni l'admission de la principauté de Neuchâtel comme canton suisse (1814) n'eurent d'impact sur les institutions de la ville, lesquelles ne disparurent qu'avec la révolution et la proclamation de la République en 1848, qui en fit, par le biais de la nouvelle Constitution, le chef-lieu du district homonyme (jusqu'en 2017).
Aspects économique et sociaux
Auteure/Auteur:
Jean-Pierre Jelmini
La topographie tourmentée de Neuchâtel étant peu favorable au développement d'une vaste zone industrielle de production sur le territoire communal, la ville a toujours eu une vocation plus tertiaire que secondaire. La présence d'un vignoble et d'un lac fait du commerce du vin et du poisson (pêche) la principale source de revenu que les habitants de Neuchâtel tirent depuis toujours du secteur primaire. Jusqu'à l'époque moderne, l'essentiel de l'activité industrielle de la cité était concentrée dans le vallon de la Serrière où la présence de la rivière favorisa l'implantation d'entreprises: moulins (cités dès 1228), scieries, foules, battoirs, polissoirs, papeteries (dès 1477, papier), etc. Quelques quartiers plus proches du centre ville abritaient l'artisanat local (meuniers et artisans du bois sur le bord du Seyon, potiers d'étain, orfèvres, chaudronniers, etc., dans le quartier du Coq-d'Inde). Deux puis trois (seconde moitié du XIVe s.) foires se tenaient à Neuchâtel, centre commercial d'une grande partie du comté. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, cette activité se résumait au commerce, à la banque et à l'imprimerie. La qualité des indiennes produites dans la principauté incita des négociants neuchâtelois à en assurer la distribution à l'échelle mondiale. Ainsi se constituèrent de grosses maisons de commerce auxquelles s'intéressèrent les plus riches familles de la ville (Pourtalès, Pury, Deluze, Chaillet, DuPasquier, Bovet, Coulon, Bosset, Meuron, Tribolet, etc.). De leur côté les familles Perregaux et Rougemont créèrent d'importantes banques à Paris. Les libraires Fauche et la Société typographique de Neuchâtel publièrent des auteurs réputés et distribuèrent leurs ouvrages – dont l'Encyclopédie – dans toute l'Europe.
Coupe en argent partiellement doré de la Compagnie des vignerons et tonneliers réalisée au début du XVIIIe siècle par l'orfèvrePierre Lucas (Musée d'art et d'histoire Neuchâtel).
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Jusqu'à la fin du XVe siècle, la Compagnie des marchands fut la seule corporation de Neuchâtel. Ensuite, d'autres «compagnies» furent créées (vignerons et tonneliers, maçons, pêcheurs et cossons, soit marchands de poisson, cordonniers et tanneurs, etc.), mais elles furent plus des confréries que des corporations. Le butin de la bataille de Grandson (1476) permit la création de quatre corporations appelées Rues (Château, Halles et Moulins, Hôpital et Grand'Rue, Chavannes et Neubourg), dont les activités se sont perpétuées. Parallèlement, des compagnies militaires (Volontaires, Arbalétriers, Couleuvriniers puis Arquebusiers et fusiliers) réunissaient les amateurs de tir et de vie sociale. Bien des hommes y acquirent des connaissances utiles pour leur activité militaire au sein de la milice ou dans le corps des Armourins, qui assuraient la sécurité de la ville.
Après un premier hôpital fondé à l'est de la ville par Berthold de Neuchâtel en 1231 et disparu semble-t-il avant la fin du siècle, un deuxième fut construit par le comte Louis de Neuchâtel en 1373 aux abords de l'actuel hôtel de ville. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, Neuchâtel était la seule ville de la principauté à posséder un hôpital où étaient soignés tous les cas graves du pays. La création par des mécènes de deux hôpitaux neufs, l'un en 1783 par David de Pury (actuel bâtiment des services industriels) et l'autre en 1811 par Jacques-Louis de Pourtalès, renforça encore ce rôle jusqu'au milieu du XIXe siècle. A l'est de la ville, une maladrerie destinée aux contagieux existait depuis le XIIIe siècle (désaffectée en 1724).
Eglise, formation et culture
Auteure/Auteur:
Jean-Pierre Jelmini
Dès le Moyen Age, Neuchâtel relève du diocèse de Lausanne (décanat de Neuchâtel). Un chapitre collégial (six puis douze chanoines), constitué dans la seconde moitié du XIIe siècle, et l'abbaye des prémontrés de Fontaine-André, fondée en 1143, se partagaient les revenus ecclésiastiques du pays. Jusqu'à la construction du temple du Bas en 1696, la collégiale (consacrée en 1276 seulement), dédiée à la Vierge, était l'unique église paroissiale de la ville. Autour de sa propre église (dédiée à saint Jean et mentionnée en 1178), Serrières formait une paroisse indépendante à laquelle étaient rattachés le hameau du Suchiez et Peseux (jusqu'en 1882). Précédée par la prédication de Guillaume Farel, la votation (le «plus») du 4 novembre 1530 marqua le passage de Neuchâtel à la Réforme. Appelé par Farel, Antoine Marcourt devint le premier pasteur de la ville. La classe des pasteurs fut créée peu après 1537, sur le modèle de celles de Berne et du Pays de Vaud. La célébration publique de la messe (rétablie de 1806 à 1814 sous le règne de Berthier) ne fut définitivement reconnue à Neuchâtel qu'en 1828 dans la chapelle de la Maladière, construite pour les religieuses de l'hôpital Pourtalès, puis devenue le siège de la nouvelle paroisse catholique.
Quelques mentions font état de l'existence d'un maître d'école aux XIVe-XVe siècles, mais c'est après la Réforme que les structures scolaires se développèrent véritablement. Un collège (future école secondaire) fut fondé au XVIe siècle. Au XVIIIe siècle, un embryon d'enseignement académique apparut avec la création d'une chaire de philosophie et de mathématiques (1731-1742, rétablie en 1792). L'enseignement public ouvert à tous ne remonte toutefois qu'au premier quart du XIXe siècle. Depuis lors, les infrastructures scolaires se sont multipliées, le plus souvent dans le cadre cantonal. Une première académie, fondée avec l'appui du prince, existait de 1838 à 1848. Elle fut fermée par la République qui la considéra comme trop conservatrice. Au XVIIIe siècle, avec la diffusion des Lumières, l'offre culturelle de la ville commença à se développer. Une salle de musique ouvrit en 1769 (théâtre municipal jusqu'en 1999) et la bibliothèque de la ville (future Bibliothèque publique et universitaire) en 1788. Dans la première moitié du XIXe siècle, Paul-Louis-Auguste et Louis Coulon créèrent le Musée d'histoire naturelle (1835) et Maximilien de Meuron la Société des amis des arts (1842).
De 1848 au début du XXIe siècle
Urbanisme
Auteure/Auteur:
Jean-Pierre Jelmini
L'ouverture des lignes de chemin de fer (Jura-Industriel, Franco-Suisse, Ouest-Suisse) entre 1857 et 1860, a engendré une forte poussée urbaine sur les premiers contreforts du Jura. Dans la seconde moitié du XIXe siècle sont apparues de futures zones d'habitation, sises de part et d'autre des voies ferrées; on en trouve à l'ouest (Evole, Port-Roulant, Poudrières, Parcs, Beauregard, etc.), dans le vallon de l'Ecluse et dans le quartier des Beaux-Arts, gagné sur le lac avec les matériaux produits par l'arasement de la colline du Crêt-Taconnet au sud de la gare (1882), indispensable à l'agrandissement des structures ferroviaires. A Serrières se créa la cité Suchard (1892-1908), considérée comme un modèle d'habitat social. Ce n'est qu'au XXe siècle que se développèrent, par l'occupation des derniers espaces constructibles entre le lac, la ville, la vigne et la forêt, les grands quartiers résidentiels actuels (Serrières, Vauseyon, Suchiez, Cadolles, Acacias, Denis-de-Rougemont, Maladière, Fahys, Orée etc.). La fusion de La Coudre avec Neuchâtel en 1930 apporta au territoire communal le noyau du vieux village et des quartiers excentrés (Monruz, Favarge, etc.) qui connurent un fort développement dans la seconde moitié du XXe siècle. La ville s'agrandit encore de quelques hectares avec un nouveau comblement des rives dans les années 1960 (zone de détente des Jeunes-Rives). Au début du XXIe siècle, on effectua un réaménagement urbanistique exemplaire du quartier situé à l'est de la gare (Ecoparc). Il accueille entre autres le nouveau conservatoire et la haute école Arc (arts appliqués, économie, ingénierie, santé).
Développement de l’agglomération de Neuchâtel depuis 1950.
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Développement de la ville de Neuchâtel 1850-2000.
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Prise entre la montagne et le lac, la ville de Neuchâtel constitue un goulet d'étranglement pour le trafic routier; engorgé par la circulation, le centre ville fut transformé en zone piétonne en 1973. Dès 1994, des tunnels (A5) permettent au trafic est-ouest de transiter sous la ville. La construction du dernier tronçon de l'A5 entre Neuchâtel et Auvernier (tunnel de Serrières) a été achevée en 2014.
Histoire politique et institutionnelle
Auteure/Auteur:
Jean-Pierre Jelmini
Les anciennes institutions urbaines disparurent avec la proclamation de la République en 1848. La bourgeoisiede Neuchâtel, craignant la perte de ses biens, opposa toutefois une forte résistance à la mise en place des nouvelles structures. De 1856 à 1888, la ville fut gouvernée simultanément par une municipalitéd'inspiration républicaine (commune d'habitants) et par un Conseil administratif issu de la bourgeoisie (commune de ressortissants). Cette opposition ne fut vaincue qu'en 1874 par un jugement du Tribunal fédéral qui débouta la bourgeoisie de toutes ses prétentions, entraînant la suppression définitive de tous les droits d'Ancien Régime par la loi sur les communes de 1888. Depuis lors, un Conseil général (législatif) et un Conseil communal (exécutif) sont à la tête de la ville. D'abord exclusivement composés de radicaux (Parti radical-démocratique, PRD), ces deux Conseils s'ouvrirent progressivement: aux libéraux (Parti libéral, PL; conservateurs, héritiers des idéaux de la bourgeoisie de Neuchâtel) dans un premier temps, puis aux socialistes (Parti socialiste, PS), présents au législatif dès 1912 (passage au système proportionnel) et à l'exécutif dès 1920, et, dans la seconde moitié du XXe siècle, à divers partis issus de l'extrême gauche (Parti ouvrier populaire, POP) ou de la mouvance écologiste. Radicaux, libéraux (souvent apparentés) et socialistes demeurèrent cependant les trois principales forces de l'éventail politique communal de Neuchâtel durant tout le XXe siècle. En 1992 se dégagea pour la première fois une double majorité de gauche (socialistes, Verts et petits partis) dans les Conseils de la ville (en 2008 3 sièges sur 5 à l'exécutif et 24 sur 41 au législatif). C'est en 1992 également qu'une première femme, la socialiste Monika Dusong, accèda au Conseil communal (première présidente de la ville en 1996-1997). L'Union démocratique du centre (UDC) fit son entrée au Conseil général en 2004. Les libéraux et les radicaux fusionnèrent en 2008 (parti libéral-radical neuchâtelois).
Aspects économiques et sociaux
Auteure/Auteur:
Jean-Pierre Jelmini
L'usine de chocolat et la cité Suchard, détail d'une gravure sur acier vers 1910 (Musée d'art et d'histoire Neuchâtel, Fonds Suchard).
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Aux XIXe et XXe siècles, Neuchâtel vit se développer diverses entreprises de réputation internationale: Suchard, installé en 1826 déjà à Serrières, la Fabrique de télégraphes et d'appareils électriques, créée par Matthias Hipp en 1860 (plus tard Favag SA), les Fabriques de tabac réunies (1925, Philip Morris), ou encore Ebauches (1926) et Métaux précieux (1936, aujourd'hui Metalor). A leurs côtés, les Papeteries de Serrières, les moulins Bossy et plusieurs manufactures liées à l'horlogerie constituaient le tissu industriel relativement faible de Neuchâtel. A la fin du XXe siècle, la cessation d'activité ou le départ des grandes industries (Suchard, Papeteries, Favag, etc.) engendrèrent de profondes mutations sociales (chômage) et économiques. A Serrières et à Monruz, les anciens centres de production se fractionnèrent en PME diverses et l'administration cantonale investit des immeubles de bureaux tandis qu'à Serrières-Sud, Philip Morris poursuivit son extension. L'implantation à Neuchâtel en 1984 du Centre suisse d'électronique et de microtechnique (CSEM) assura à la ville une position privilégiée dans le développement des microtechnologies. L'institut de microtechnique de l'Université de Neuchâtel (1975), qui se rapprocha de l'Ecole polytechnique fédérale (EPF) de Lausanne en 2009, et Neode (2003), parc scientifique et technologique, renforcèrent encore ce pôle. Un nouveau quartier industriel se créa dans la région de Pierre-à-Bot. Il accueillit des entreprises autochtones ou étrangères, comme Autodesk (informatique), Baxter Bioscience, Kyphon, et Johnson & Johnson (médical), ou encore Stonehage (gestion de fortune). En ville même s'installèrent Bulgari (joaillerie, horlogerie, etc.) et Bertolucci (horlogerie), remplacé en 2002 par Officine Panerai (groupe Richemont). L'Office fédéral de la statistique est établi à Neuchâtel depuis 1998.
En 1859, la ville se dota d'un service du gaz et en 1896 d'électricité. La construction d'un réseau de transports publics (tramway) débuta en 1893. L'hôpital des Cadolles, ayant remplacé l'ancien hôpital de la ville en 1914, et la Fondation Pourtalès, qui avait transmis la gestion de son hôpital à la ville dès 1972, formèrent l'unité hospitalière de Neuchâtel. Cette structure disparut avec la création au niveau cantonal d'Hôpital neuchâtelois en 2006, dont le Nouvel Hôpital Pourtalès (NHP) constitua l'un des sites tandis que celui des Cadolles ferma en 2005, permettant la création d'une vaste zone d'habitation mixte. L'hôpital de la Providence, créé en 1858 par la communauté catholique de Neuchâtel, est une fondation privée reconnue d'intérêt public, en partenariat avec Hôpital neuchâtelois dès 2007.
Eglise, formation et culture
Auteure/Auteur:
Jean-Pierre Jelmini
Affiche touristique réalisée en 1927 parEric de Coulon (Museum für Gestaltung Zürich, Plakatsammlung, Zürcher Hochschule der Künste).
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En 2000, les réformés ne représentaient plus qu'un petit tiers de la population. En 2003, les anciennes paroisses réformées furent regroupées en une seule paroisse de Neuchâtel (structurées en huit lieux de vie, quatre depuis 2008). La tradition d'une paroisse réformée de langue allemande se maintient depuis plusieurs siècles (première mention d'un pasteur «allemand» en 1770). Le culte catholique-romain est organisé en quatre paroisses urbaines: Notre-Dame, Saint-Nicolas, Saint-Norbert (La Coudre) et Saint-Marc (Serrières). L'église néogothique Notre-Dame-de-l'Assomption – dite église rouge –, construite en pierre artificielle par Guillaume Ritter (1897-1906), accéda au rang de basilique mineure en 2008. Deux missions assurent un ministère auprès des fortes communautés d'immigrés italiens et portugais. Remontant à 1912, la paroisse de l'Eglise catholique-chrétienne possède son propre lieu de culte depuis 1967; elle étend son ministère à l'ensemble du littoral neuchâtelois et à une partie du Val-de-Ruz. La petite communauté israélite (judaïsme) de Neuchâtel est rattachée à la synagogue de La Chaux-de-Fonds. Deux centres culturels islamiques ont été fondés à la fin du XXe siècle.
L'académie, fermée en 1848 par les républicains et rouverte en 1866 (seconde académie), accéda au rang d'université en 1909. L'Observatoire cantonal (fondé en 1858), qui donne l'heure exacte à la Suisse depuis 1860, fut intégré au CSEM en 2007. La ville créa une école d'horlogerie en 1871, qui devint école de mécanique et d'électricité en 1936 et fut incorporée au Centre professionnel du littoral neuchâtelois en 1978. Une école supérieure de jeunes filles fut fondée en 1894 (plus tard gymnase mixte Numa-Droz, puis lycée Jean-Piaget dès 1997) et une école supérieure de commerce en 1900 (lycée Jean-Piaget depuis 1997). De son côté, le canton ouvrit à Neuchâtel plusieurs établissements scolaires supérieurs (gymnase cantonal en 1873, devenu le lycée Denis-de-Rougemont en 1997 avec le gymnase du Val-de-Travers, écoles professionnelles, etc.). Le conservatoire de musique, créé en 1918, devint une antenne de la HES de musique de Genève en 2008. La même année, les cantons de Berne, du Jura et de Neuchâtel regroupèrent à Neuchâtel les sites de la haute école Arc.
Le quotidien L'Express, créé à Neuchâtel en 1738 sous le titre de Feuille d'Avis de Neuchâtel partage son activité éditoriale avec L'Impartial de La Chaux-de-Fonds depuis 1996. La ville de Neuchâtel possède trois grands musées: histoire naturelle (1835), art et histoire (1885), ethnographie (1904); depuis 1983, elle finance en outre, avec le canton, la Bibliothèque publique et universitaire. Créé et soutenu par la ville et des communes du littoral, le Théâtre du passage a été inauguré en 2000. Il succède à la salle de musique de 1769 qui accueille désormais des troupes indépendantes à l'enseigne de la Maison du concert. Le Centre Dürrenmatt, qui dépend de la Bibliothèque nationale suisse, a ouvert ses portes en 2000. Neuchâtel a été l'un des sites (arteplage) de l'Exposition nationale de 2002 (expositions nationales). Un nouveau stade de football a été inauguré à la Maladière en 2007. De nombreuses sociétés musicales et théâtrales assurent à Neuchâtel une intense vie culturelle, encore alimentée par des manifestations d'envergure, tels le Festival international de la marionnette, depuis 1985, ou le Festival international du film fantastique (Nifff, festivals de cinéma), depuis 2000. La Fête des vendanges, qui se déroule depuis 1925 sous sa forme actuelle, attire chaque automne des dizaines de milliers de personnes.
Reynier, Christian de: La première résidence des comtes de Neuchâtel. Tentative d'interprétation archéologique des vestiges romans de l'aile sud-ouest du château de Neuchâtel, mémoire de licence, Université de Neuchâtel, 2 vol., 2000.
Jean-Pierre Jelmini; Michel Egloff: "Neuchâtel (commune)", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 08.09.2021. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/002853/2021-09-08/, consulté le 11.12.2024.