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Russie

Carte de situation Russie © 2007 DHS et Kohli cartographie, Berne.
Carte de situation Russie © 2007 DHS et Kohli cartographie, Berne.

Le nom de R. (Rossija) vient de Rous, terme désignant le premier Etat des Slaves orientaux, apparu au IXe s. entre la Baltique, le Don et les Carpates, et dont la capitale était Kiev. Après la période d'occupation mongole (1240 env.-1480), une grande partie de ce territoire tomba sous la domination des grands-princes de Moscou, qui prirent le titre de tsar en 1547, avec Ivan IV le Terrible. Par une série de conquêtes (Sibérie, Estonie, Livonie, côtes nord de la mer Noire, est de la Pologne, Finlande, Bessarabie, Transcaucasie, Asie centrale, Extrême-Orient), la R. devint un Etat multiethnique. Le tsar Pierre le Grand fit de son empire, dès la fin du XVIIe s., une grande puissance entretenant des liens diplomatiques, économiques et culturels avec l'Europe. Le régime tsariste s'effondra lors de la révolution de février 1917. Après la révolution d'octobre et la guerre civile (1918-1920), les communistes s'installèrent solidement au pouvoir au début des années 1920. L'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), fondée en décembre 1922 et qui était le plus grand ensemble étatique du monde, comprenait, outre la République socialiste fédérative soviétique de R., les républiques d'Azerbaïdjan, Arménie, Biélorussie, Estonie, Géorgie, Kazakhstan, Kirghizistan, Lettonie, Lituanie, Moldavie, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan et Ukraine. A la fin de la guerre froide, la chute du bloc de l'Est entraîna la dissolution de l'URSS (8 décembre 1991), dont la Fédération de R. fut l'héritière et dont tous les anciens membres, sauf les Etats baltes, adhérèrent à la Communauté des Etats indépendants créée à la fin de 1991.

L'empire des tsars

Mouvements migratoires

Entre la fin du XVIIe s. et 1917, plus de 20 000 Suisses professionnellement actifs s'installèrent temporairement ou définitivement dans l'empire des tsars. Il s'agissait de personnes attirées par les chances d'ascension sociale offertes par la R. ou confrontées en Suisse à des difficultés ou à un manque d'avenir (par exemple des femmes célibataires des classes moyennes et populaires, des militaires originaires de pays sujets, des fromagers victimes au XIXe s. de la crise de l'économie laitière alpine). La R. de son côté avait besoin, pour son programme de modernisation orienté vers l'Europe occidentale, de spécialistes qualifiés. Il y en eut davantage, proportionnellement, parmi les immigrants suisses qui se rendirent dans ce pays que parmi ceux qui gagnèrent l'Amérique: officiers et fonctionnaires dès la seconde moitié du XVIIe s., savants, médecins, architectes, théologiens et confiseurs un peu plus tard, fromagers (surtout de l'Oberland bernois), précepteurs et gouvernantes (souvent de Suisse romande), industriels et commerçants dès la seconde moitié du XIXe s. Au début, des personnalités en vue issues des classes moyennes et supérieures participèrent au mouvement, comme le Genevois François Le Fort, qui fit une brillante carrière militaire en R., ou le Vaudois Frédéric-César de La Harpe, qui fut précepteur du futur tsar Alexandre Ier et sut intéresser la cour aux affaires suisses. Le chemin de fer stimula l'émigration populaire après 1850.

Photographie de la fromagerie Fritz Stücker-Ammeter dans la région de Kars au sud du Caucase, vers 1900 (Archives sociales suisses, Zurich, Archives des Suisses de Russie, F 5119-Fd-007).
Photographie de la fromagerie Fritz Stücker-Ammeter dans la région de Kars au sud du Caucase, vers 1900 (Archives sociales suisses, Zurich, Archives des Suisses de Russie, F 5119-Fd-007). […]

Dans les principales villes de l'empire, on vit apparaître de prospères colonies suisses, avec leurs associations et leurs sociétés de secours mutuels. Au début du XIXe s., des paysans fondèrent les colonies de Chabag (Chabo en Bessarabie) et Zürichtal (Crimée), en profitant des conditions avantageuses offertes aux agriculteurs étrangers. Les voyageurs suisses décrivaient les Russes, en général, comme chaleureux et hospitaliers, mais se considéraient eux-mêmes comme plus cultivés, moins paresseux et plus propres.

On distingue trois catégories parmi les Russes vivant en Suisse avant 1917: les aristocrates (touristes, curistes et résidents réguliers par goût), les réfugiés politiques et les révolutionnaires, enfin les étudiants. Des milliers de sujets russes, admirateurs des paysages alpestres et souvent tuberculeux, peuplaient avant la Première Guerre mondiale les hôtels des stations de montagne suisses ou venaient se soigner dans leurs sanatoriums. Leur nombre incita le gouvernement russe à ouvrir un consulat à Davos en 1911. Mais dans la seconde moitié du XIXe s., la Suisse était encore plus attrayante pour les réfugiés politiques russes que pour les touristes. La tradition suisse de l'asile, la protection qu'elle offrait contre les persécutions politiques, les avantages qu'elle présentait, en tant que pays libre au cœur de l'Europe, pour les révolutionnaires qui voulaient développer leur mouvement, à quoi s'ajoutait la possibilité d'y parfaire sa formation, étaient si convaincants que les Russes affluèrent en nombre dès les années 1860. Ils formèrent une colonie très politisée, dont les centres étaient Zurich et Genève et qui comptait près de 8500 personnes lors du recensement de 1910. Au début, les principaux porte-parole de l'opposition russe en Suisse furent les écrivains et journalistes Alexandre Ivanovitch Herzen (bourgeois de Burg bei Murten en 1851) et Michel Bakounine. Ces précurseurs encore très isolés furent suivis, après le soulèvement polonais de 1863-1864, d'activistes plus jeunes appartenant au mouvement révolutionnaire clandestin apparu entre-temps dans l'empire tsariste. Vécurent en Suisse, notamment, l'ancien communard Pierre Lavrovitch Lavrov, l'anarchiste Pierre Kropotkine, le pionnier du socialisme russe modéré Georges Plekhanov, le théoricien de la fraction menchevik du parti ouvrier social-démocrate de R. Pavel Borissovitch Axelrod et enfin Lénine, chef de file des bolcheviks, qui affina durant son exil helvétique sa pensée politique.

La colonie russe en Suisse avait avant la Première Guerre mondiale ses propres lieux de culte et disposait d'infrastructures diverses (bibliothèques, institutions caritatives), souvent différenciées en fonction des orientations politiques. Les opposants en exil géraient des imprimeries, installées en majorité à Genève, qui publiaient de la propagande antitsariste et révolutionnaire. Ils trouvaient un public intéressant et un vivier où pêcher de nouvelles recrues dans leurs compatriotes venus en Suisse pour faire des études. Ceux-ci représentaient plus d'un quart des quelque 7500 personnes immatriculées dans les universités suisses au semestre d'été 1914. Une étudiante russe en médecine, Nadejda Souslova fut en 1867 la première femme diplômée de l'université de Zurich. Les femmes n'étaient pas admises dans les universités russes; elles devaient se rendre à l'étranger et l'on compta en Suisse jusqu'à 80% de Russes parmi les étudiantes.

Les Russes se faisaient de la Suisse une image dominée par le mythe des Alpes. Ceux d'entre eux qui eurent affaire directement à des Suisses au XIXe et au début du XXe s. les percevaient comme des gens ordonnés, propres et travailleurs, mais aussi froids, avares et peu intelligents. Après l'éclatement de la Première Guerre, de nombreux Russes exilés en Allemagne et en Autriche se réfugièrent dans la Confédération neutre. Les difficultés économiques déclenchèrent une vague de rapatriements, que renforça le retour des opposants politiques après la chute du régime tsariste. Le recensement de 1920 ne dénombrait plus qu'à peine 5000 Russes en Suisse.

Contacts gouvernementaux

Après les guerres de coalition, au cours desquelles la Suisse avait été, en 1799, le théâtre de combats entre troupes françaises et russes, suivis de la fameuse retraite du général Souvorov à travers les Alpes, le tsar Alexandre Ier milita pour le maintien d'une Suisse indépendante. En novembre 1815, après le congrès de Vienne, la R. garantit, avec l'Autriche, la France, la Grande-Bretagne, la Prusse et le Portugal, la neutralité perpétuelle de la Suisse et l'inviolabilité de son territoire. A Saint-Pétersbourg, capitale des tsars, on considérait la Suisse, au XIXe s., d'abord comme un élément stratégique de l'équilibre européen, comme un tampon stabilisateur entre les puissances. Aux yeux de la diplomatie russe (qui poussa la Suisse à adhérer en 1817 à la Sainte-Alliance), la Confédération était un poste d'observation stable et bien situé au cœur de l'Europe occidentale. En revanche, les intérêts économiques prédominaient dans la politique de la Confédération envers l'empire russe, qui constituait pour la Suisse, avant la Première Guerre mondiale, non seulement une terre d'émigration, mais un important marché.

Ces différentes attitudes se reflètent dans la nature des représentations officielles des deux Etats: le tsar se fit représenter en Suisse, dès 1814, par des ministres plénipotentiaires (dont le premier fut Jean Antoine de Capo d'Istria), chargés d'observer l'évolution politique du pays hôte et des puissances voisines. La Suisse se contenta jusqu'au XXe s. de consulats honoraires, qui se préoccupaient moins d'entretenir des contacts intergouvernementaux que de soutenir les colonies et le commerce suisses. Des consulats furent institués à Saint-Pétersbourg à la fin de 1816 (consulat général dès 1837), puis à Odessa en 1820, à Moscou en 1828, à Riga en 1868, à Varsovie en 1875, à Tiflis en 1883, à Kiev en 1902 et à Turku (Finlande) en 1914. Une légation ne fut ouverte à Saint-Pétersbourg qu'en 1906.

Sous les successeurs d'Alexandre Ier, tsar ami de la Suisse, les relations bilatérales, quoique en général qualifiées officiellement d'excellentes, ne furent pas exemptes de tensions, dues à des conceptions de l'Etat et à des cultures politiques opposées. Depuis toujours, l'autocratie russe semblait aux Suisses aux antipodes du régime de liberté dans lequel ils vivaient. Après la fondation de l'Etat fédéral radical en 1848, l'opposition idéologique latente parut au grand jour. Saint-Pétersbourg interpréta la nouvelle Constitution comme une manifestation de décadence et comme une atteinte aux décisions du congrès de Vienne. L'un des points d'achoppement était la limitation de la souveraineté des cantons. Le régime tsariste gela les contacts diplomatiques, suspendit en janvier 1848 sa garantie de la neutralité et ne reconnut l'Etat fédéral qu'en 1855. L'embrasement du mouvement révolutionnaire en R. dans la seconde moitié du XIXe s. fit de la politique d'asile libérale de la Suisse (et du sort des opposants qui en bénéficiaient) un des grands thèmes des relations entre les deux pays. Le régime russe autoritaire (qui en 1823 déjà avait fait pression sur la Diète, avec les autres puissances conservatrices, et obtenu par le conclusum sur la presse et les étrangers une limitation temporaire du droit d'asile et de la liberté de la presse) tenta de mettre sur pied un réseau d'agents secrets pour surveiller ses sujets émigrés et les empêcher d'organiser une opposition efficace. Il exigea des autorités suisses des contrôles plus stricts, une collaboration policière et la prompte livraison des sujets russes qu'il considérait comme délinquants. Le Conseil fédéral, d'emblée soupçonné par la R. de favoriser les menées révolutionnaires, mais appuyé par une opinion publique libérale, refusa de restreindre les libertés des étrangers et s'en tint à la tradition qui l'empêchait de livrer des personnes victimes de persécutions politiques.

"A propos du mouvement en faveur de la liberté en Russie. Le réveil des morts". Caricature de Willi Lehmann-Schramm parue dans le Nebelspalter, 1901, no 15 (Bibliothèque nationale suisse, Berne; e-periodica).
"A propos du mouvement en faveur de la liberté en Russie. Le réveil des morts". Caricature de Willi Lehmann-Schramm parue dans le Nebelspalter, 1901, no 15 (Bibliothèque nationale suisse, Berne; e-periodica). […]

En dépit de ces crispations, les deux gouvernements développèrent une coopération pragmatique, se manifestant sur le plan administratif et dans des compromis politiques informels. Dans le domaine de l'asile, par exemple, les autorités suisses acceptèrent de considérer le révolutionnaire Serge Netchaïev, arrêté à Zurich en 1872, comme un criminel de droit commun, et donc de le livrer. En 1873, les deux Etats signèrent à l'initiative de la R. un traité d'extradition qui excluait explicitement les délits politiques, mais qui fut étendu en 1908 aux poseurs de bombes. En 1904, le Conseil fédéral s'engagea à appliquer les dispositions administratives de la convention internationale secrète de Saint-Pétersbourg contre l'anarchisme.

Par le traité de commerce et d'établissement de 1872, les deux Etats assuraient aux ressortissants de l'un sur le territoire de l'autre la liberté de commerce, d'industrie et d'établissement, le droit d'acheter et de vendre des terrains, l'exemption du service militaire et l'égalité devant la loi; il était complété par la clause de la nation la plus favorisée dans les questions de fiscalité, de commerce et d'établissement. D'emblée vidé d'une partie de sa substance par les Russes, ce traité fut dénoncé en 1917 par le gouvernement provisoire de Petrograd (nom de Saint-Pétersbourg de 1914 à 1924); le régime soviétique ne le renouvela pas. D'autres conventions furent signées sur la facilitation du trafic des voyageurs (1830 et 1864), l'établissement de liaisons postales directes (1872), la protection des marques (1899) et le statut juridique des sociétés anonymes, commerciales, industrielles et financières (1903). En outre, les deux gouvernements étaient membres d'institutions et organisations internationales, dont plusieurs avaient leur siège en Suisse (convention de Genève, Croix-Rouge, Union postale universelle).

Fabrique de meubles F. Studer à Saint-Pétersbourg. Photographie, vers 1900 (Archives sociales suisses, Zurich, Archives des Suisses de Russie, F 5119-Fc-001).
Fabrique de meubles F. Studer à Saint-Pétersbourg. Photographie, vers 1900 (Archives sociales suisses, Zurich, Archives des Suisses de Russie, F 5119-Fc-001). […]

Echanges économiques et culturels

Avant 1917, quelque 300 usines suisses furent fondées en R., notamment dans l'industrie des machines, l'industrie alimentaire et le textile, surtout à Moscou, à Saint-Pétersbourg et en Ukraine. En 1917, les investissements suisses en R. se montaient à plus de 300 millions de francs. Des entrepreneurs suisses firent œuvre de pionniers, par exemple en introduisant la presse rotative et le tissage mécanique des tapis, en fondant la première manufacture d'horlogerie et la première fabrique de lampes à incandescence. Des spécialistes, comme les fromagers bernois, contribuèrent à la modernisation de la production russe.

La Suisse importait de R. surtout des matières premières (céréales, huiles, métaux, lin, chanvre), pour 71,5 millions de francs en 1913, et y exportait des produits finis (montres, fromages, textiles, machines, véhicules, instruments de précision, produits chimiques), pour 58,7 millions en 1913. Dans les décennies qui précèdent la Première Guerre mondiale, on constate une croissance aussi bien du volume des échanges commerciaux que de la part relative de la R. dans le total des exportations suisses. La Première Guerre et la révolution entraînèrent une brusque rupture.

Les échanges culturels se fondaient sur la circulation des œuvres littéraires et scientifiques et étaient étroitement liés aux mouvements migratoires. Par la lecture de Nikolaï Mikhaïlovitch Karamzine (Lettres d'un voyageur russe), d'Albert de Haller, de Salomon Gessner et de Rousseau, les élites cultivées russes se formèrent au XVIIIe s. une image de la Suisse (encore vivace de nos jours) qui faisait des Confédérés les heureux habitants d'un monde alpestre idyllique. De nombreux écrivains et artistes russes ont dépeint la Suisse dans leurs œuvres, par exemple Dostoïevski, le poète Vassili Andreïevitch Joukovski et le peintre Ivan Ivanovitch Chichkine. Des précepteurs privés, éducateurs et gouvernantes suisses répandirent les idées de l'Europe occidentale dans les familles de la noblesse russe. Des pasteurs suisses exercèrent leur ministère dans des communautés protestantes à Saint-Pétersbourg, à Moscou, dans le sud de la Russie et sur la Volga. Les Tessinois Domenico Trezzini et Domenico Gilardi (Maestranze), architectes à la cour impériale, marquèrent de leur empreinte les villes de Saint-Pétersbourg (fondée en 1703) et Moscou (rebâtie après l'incendie de 1812). Des savants bâlois enseignèrent tôt à l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, tels les mathématiciens Daniel Bernoulli, Leonhard Euler et Niklaus Fuss. En sens inverse, la présence d'artistes, d'écrivains et d'essayistes russes stimula la vie culturelle suisse. Les écrits politiques des immigrés éveillèrent des échos à Genève et Zurich. L'influence idéologique des opposants russes sur le mouvement ouvrier suisse est incontestable. En revanche, l'on n'a jamais pu prouver une implication d'émissaires soviétiques dans l'organisation de la grève générale de 1918. Dans le domaine des arts plastiques, le couple formé par les peintres russes Marianne von Werefkin et Alexeï von Jawlensky fut parmi les protagonistes du dadaïsme zurichois.

La période soviétique (1918-1991)

Relations diplomatiques

Quand on apprit en février 1918 les préjudices matériels que subissaient les Suisses établis en R., le Conseil fédéral envisagea de confisquer les fonds russes en Suisse, mais renonça bientôt à cette mesure. Les banques suisses craignaient en outre que par la suite, les capitaux ne s'enfuient d'autres pays qui paraissaient sur le point de tomber aux mains des socialistes. L'attitude indécise du gouvernement suisse envers le nouveau régime russe se manifesta encore après la nomination de Jonas Salkind comme représentant plénipotentiaire du gouvernement soviétique en Suisse, en janvier 1918. Pour ne pas péjorer la situation des Suisses de R., Salkind fut accrédité, ce qui équivalait de fait à l'établissement de relations. Dès l'automne 1918, le Conseil fédéral subit des pressions internes et externes. Il rompit avec les autorités soviétiques en novembre 1918, à cause de leur prétendue implication dans l'organisation de la grève générale et de troubles révolutionnaires. Jean Berzine, qui avait remplacé Salkind après quelques mois, fut expulsé.

Le gouvernement soviétique réagit rudement en empêchant le départ de nombreux Suisses. Le 19 novembre 1918, un local où l'on avait entreposé des sommes appartenant à des Suisses et les archives de la légation fut pillé à Petrograd. On vit là une réponse probable à l'expulsion de Berzine. La représentation suisse protesta et quitta le pays. La R. adressa à la Suisse des menaces, mais offrit simultanément de restituer les millions volés. Le Conseil fédéral ne céda ni aux pressions internes ni à celles de l'Entente mais ne participa pas non plus au blocus des alliés contre l'Union soviétique. En 1922, après que toutes les puissances de l'Entente eurent reconnu l'URSS de fait, une majorité se dessina en Suisse aussi en faveur de la reprise des relations, pour des raisons essentiellement économiques.

L'affaire Conradi renversa cette tendance. Le 10 mai 1923, Moritz Conradi, un exilé descendant d'émigrés suisses en R., assassina à Lausanne le diplomate russe Vaclav Vorowsky, qui assistait à la conférence sur les Détroits. Le Conseil fédéral renonça à présenter ses condoléances au gouvernement soviétique, puisqu'il ne l'avait pas reconnu. L'URSS rompit alors tout contact avec la Suisse, proclama un boycott commercial et n'accorda plus de visa à des Suisses, sauf à des prolétaires. Après l'acquittement de Conradi par le jury de Lausanne, l'Union soviétique fit savoir qu'à l'avenir, pour des raisons de sécurité, elle n'enverrait plus de délégués à des conférences internationales se tenant en Suisse. Cette mesure touchait surtout Genève, privée de l'organisation de conférences qui auraient dû être déplacées à l'étranger.

A plusieurs reprises, les partis de gauche et des groupes d'entrepreneurs proposèrent de renouer des relations avec l'URSS, mais leurs efforts échouèrent face à l'opposition des milieux anticommunistes (Anticommunisme). Ce fut seulement en 1927 que les deux Etats signèrent une note abolissant les mesures mutuelles de blocage. L'URSS recommença à envoyer des délégués aux conférences genevoises. Mais les rapports se détériorèrent à nouveau en 1934, quand Moscou voulut entrer à la Société des Nations. La délégation suisse vota avec les représentants polonais et néerlandais contre l'adhésion de l'URSS. Le conseiller fédéral Giuseppe Motta justifia ce refus dans un discours enflammé contre le communisme et l'Union soviétique. Cela brisa l'élan de ceux qui prônaient une normalisation des relations.

Le seul lien entre les deux Etats passait par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dont la délégation à Moscou faisait office de consulat pour les Suisses de R., à qui elle fournissait des colis de vivres, en collaboration avec le consulat suisse de Riga. Vers 1935, le délégué du CICR à Moscou, Woldemar Wehrlin, consacrait presque les deux tiers de son temps aux affaires des Suisses de R. (assistance, rapatriement). La Suisse ayant refusé d'augmenter sa subvention à ce bureau moscovite, le CICR le ferma définitivement en 1937. L'URSS en avait toléré la présence parce que d'une part Wehrlin agissait prudemment et que d'autre part elle avait en Suisse un représentant autorisé de sa propre Croix-Rouge, Sergius Bagocki (rappelé en 1937).

Après la conclusion du pacte germano-soviétique d'août 1939 et l'éclatement de la guerre finno-soviétique en novembre 1939, il ne pouvait être question pour la Suisse de reconnaître l'URSS. Même le PS s'en détourna en condamnant sa politique impérialiste. En novembre 1940, le parti communiste suisse fut interdit, de même que l'Association des amis de l'Union soviétique et tous les groupements apparentés. Cependant, à cause des intérêts économiques mutuels, des négociations directes eurent lieu au début de 1941 à Moscou et l'on aboutit à un accord sur les échanges compensatoires de marchandises entre la Suisse et l'URSS, dont le public ne fut pas informé, mais qui signifiait de fait une reprise des relations. Mais les espoirs caressés alors des deux côtés furent anéantis par l'attaque de l'Allemagne contre l'URSS en juin 1941. En outre, les mesures prises pour garantir les créances suisses (blocage des paiements et des fonds soviétiques) déplurent au gouvernement russe. Par la suite, l'URSS refusa d'ouvrir des pourparlers avec la Suisse si celle-ci ne rompait pas d'abord ses liens avec l'Allemagne. De plus, elle voulait établir de véritables relations et pas simplement conclure des arrangements économiques secrets à l'insu de l'Allemagne. Les succès militaires de l'URSS firent passer à l'arrière-plan les réserves idéologiques. Mais en 1944 encore, la Suisse ne put parvenir à mener des négociations directes avec l'URSS. L'ambassadeur suisse à Londres, Paul Ruegger, ayant rédigé un aide-mémoire dans lequel il ne mentionnait pas les victoires militaires de l'URSS, celle-ci répondit indirectement le 4 novembre 1944 par une émission de Radio Moscou, qui constatait que la Suisse ne s'était pas excusée pour sa politique antisoviétique et n'avait pas reconnu le rôle de l'URSS dans la lutte contre le nazisme. Moscou refusa donc de rétablir les relations diplomatiques. Le conseiller fédéral radical Marcel Pilet-Golaz se vit alors de plus en plus contesté, même dans son propre parti, et démissionna en décembre 1944.

Au printemps 1945, les plaintes se multiplièrent à propos des mauvaises conditions de vie offertes à près de 10 000 internés soviétiques, réfugiés en Suisse après s'être échappés des camps de détention allemands. Pour la plupart, ils rentrèrent chez eux en automne 1945. Quelques-uns ne voulurent pas de ce retour; en 1946, l'URSS exigea leur rapatriement, mais la Suisse refusa. Les deux pays renouèrent enfin des relations officielles en mars 1946 à Belgrade, après que la Suisse eut exprimé ses regrets pour son attitude passée. Les contacts furent corrects, mais ils ne s'approfondirent pas. En 1956, l'URSS éleva sa représentation à Berne au rang d'ambassade; la Suisse fit de même l'an suivant pour sa représentation à Moscou. Le contentieux restait pesant: le gouvernement soviétique refusa de discuter d'éventuels dédommagements pour les Suisses ayant subi soit des expropriations à l'époque de la révolution, soit des pertes du fait d'opérations menées par les troupes russes à l'étranger.

Après la répression sanglante du soulèvement hongrois de l'automne 1956 par l'Armée rouge, des manifestations antisoviétiques eurent lieu dans les villes suisses, pendant plusieurs semaines et avec le soutien de tous les grands partis. Il en alla de même en été 1968, quand les troupes du Pacte de Varsovie occupèrent la Tchécoslovaquie sur l'ordre de Moscou. Dans ces deux cas, la Suisse accueillit des réfugiés, environ 12 000 chaque fois.

Mouvements migratoires

Après la révolution de 1917, quelque 8000 Suisses de R. revinrent dans leur ancienne patrie; victimes des mesures d'expropriation des bolcheviks, ils étaient souvent sans ressources. Pour les assister et enregistrer leurs réclamations envers la R., on fonda en octobre 1918 un organisme semi-étatique, la Société coopérative de secours mutuel et de protection des intérêts suisses en R. (Sécrusse). La situation des émigrés restés en R., confrontés aux réquisitions, aux rumeurs sur l'introduction d'un impôt révolutionnaire et aux difficultés d'approvisionnement, se détériorait à vue d'œil; elle empira encore après l'expulsion de Berzine, l'Union soviétique refusant alors d'accorder des visas de sortie au personnel diplomatique suisse. La Suisse agit de même envers quelques citoyens soviétiques, surtout des femmes et enfants de fonctionnaires. Ces mesures ne furent levées, de part et d'autre, qu'en février 1919. Les Suisses purent alors librement quitter la R. et les Russes la Suisse. Quant aux Russes exilés dans la Confédération, ils risquaient de tomber dans la misère après avoir épuisé leurs économies (en 1920 déjà, 2000 d'entre eux, sur 5000, avaient besoin d'assistance).

Des Suisses émigrèrent en URSS dans les années 1920 et au début des années 1930 (sympathisants conduits notamment par Fritz Platten et intellectuels de gauche, en particulier quelques architectes), pour participer à l'édification de la société communiste. En 1937, un groupe d'ouvriers horlogers suisses au chômage tenta sa chance en URSS. Tous les étrangers furent expulsés de R. en 1938; quelques-uns furent victimes de la terreur stalinienne. On estime qu'il y avait encore près d'un millier de citoyens suisses en URSS après la Deuxième Guerre mondiale, et une centaine en 1991, au moment de l'effondrement du régime.

Relations économiques

Les échanges économiques, entre deux pays qui s'ignoraient officiellement, restèrent très faibles avant 1946. Ils connurent après le rétablissement des relations diplomatiques un essor qui dura jusqu'au lendemain de la conclusion du premier traité de commerce le 17 mars 1948; ensuite ils évoluèrent de manière décevante, jusqu'à la fin de l'URSS, en dépit de multiples efforts. Importations et exportations ne représentèrent durant toute cette période que 1 à 2% du commerce extérieur suisse. Le volume des livraisons fut insignifiant, sauf dans quelques branches (machines, produits chimiques, combustibles). La création en mars 1973 d'une commission mixte soviéto-helvétique pour la coopération scientifique, technique, industrielle et économique encouragea le développement de relations économiques. Après des décennies d'absence, des entreprises suisses recommencèrent à travailler en URSS. Dès la seconde moitié des années 1980, elles coopérèrent, grâce à la perestroïka, avec des entreprises russes, en créant des joint-ventures (on en dénombrait trente-six en août 1991, dans des domaines comme la transformation des fourrures, la fabrication de camions-grues ou la production de concentrés secs pour crèmes glacées), bases dans bien des cas de la poursuite de leurs activités en R. après la chute de l'URSS.

Liens culturels et échanges intellectuels

Plusieurs écrivains suisses du XXe s., comme Carl Spitteler, Robert Walser, Charles Ferdinand Ramuz, Friedrich Dürrenmatt et Max Frisch, ont eu de grands succès en URSS. L'anthroposophie de Rudolf Steiner a fortement attiré pendant quelque temps les poètes André Biely et Maximilien Volochine. La Suisse joua un grand rôle pour le pianiste et compositeur Serge Rachmaninov qui s'y rendit souvent dès sa jeunesse. Son collègue Serge Prokofiev entretint de vifs échanges avec Ernest Ansermet. L'opéra de Dimitri Chostakovitch Katerina Ismaïlova fut donné à Zurich, au déplaisir de Staline, en 1934, l'année même de sa création à Leningrad et Moscou.

Affiche pour l'Association Suisse-Union soviétique réalisée en 1945 par Hans Erni (Museum für Gestaltung Zürich, Plakatsammlung, Zürcher Hochschule der Künste).
Affiche pour l'Association Suisse-Union soviétique réalisée en 1945 par Hans Erni (Museum für Gestaltung Zürich, Plakatsammlung, Zürcher Hochschule der Künste). […]

Après 1945, les relations culturelles passèrent d'abord surtout par la promotion du cinéma soviétique en Suisse et du cinéma suisse en R. Dans les autres domaines, elles souffrirent de la guerre froide. Il était pratiquement interdit à de nombreux artistes suisses d'accepter une invitation en URSS. Quant aux artistes soviétiques en tournée, on les soupçonnait d'espionnage. Un réchauffement n'intervint qu'à partir des années 1960. Des livres parurent en russe sur des architectes et peintres suisses (Le Corbusier, Ferdinand Hodler, Hans Erni), sur l'histoire et la littérature suisses. Déchu de la nationalité soviétique en 1974, le dissident Alexandre Soljénitsyne s'installa en Suisse et vécut deux ans à Zurich avant de gagner les Etats-Unis. Vladimir Nabokov s'était établi à Montreux dès 1961. Ainsi, au milieu des années 1970, la Suisse abritait deux des plus grands écrivains russes de l'époque.

Préjugés négatifs et illusions

Les relations entre la Suisse et l'URSS, tant économiques que politiques et culturelles, n'échappèrent pas à l'influence de préjugés de nature souvent idéologique. Pour les Soviétiques, la Suisse fit toujours partie de l'Occident capitaliste. Si Lénine qualifiait la neutralité de "duperie bourgeoise" et d'"hypocrisie", le Kremlin y vit après la Deuxième Guerre mondiale une possibilité de détacher certains pays de la sphère d'influence américaine et octroya à l'Autriche en 1955 un statut neutre inspiré de celui de la Suisse. Cependant, le prestige de la neutralité suisse s'effondra rapidement en URSS lorsque le Conseil fédéral fit savoir en juillet 1958 qu'il envisageait la possibilité de se procurer des armes atomiques. La tenue en Suisse de négociations Est-Ouest fut néanmoins agréée.

Des mouvements anticommunistes ou antisoviétiques furent constamment actifs en Suisse. A Genève, l'Entente internationale contre la IIIe Internationale, ou Ligue Aubert, fondée en 1924, tenta de dresser l'opinion contre l'URSS. Elle perdit une grande partie de son crédit à la fin des années 1930 pour avoir collaboré avec des cercles nazis. Même après la guerre, l'une des principales tâches du Service suisse d'information fut de renseigner le public sur la dictature soviétique et de faire de la propagande contre la gauche communiste suisse. Bien que ces mouvements n'aient eu qu'une influence politique limitée, l'URSS finit par incarner l'ennemi. Dans les scénarios de la défense spirituelle, la menace des "rouges" venus de l'Est remplaça dès 1945 celle des nazis. Des campagnes de boycott contre les produits de l'Est, par exemple après le soulèvement hongrois de 1956, nuisirent à des relations bilatérales déjà bien faibles. Seul le parti du travail, fondé en 1944 et successeur du PCS interdit en 1940, soutint ouvertement l'URSS; en 1945, porté par les succès de l'Armée rouge, il comptait près de 20 000 membres, mais après 1968, il survécut difficilement à la perte des illusions suscitées par l'URSS.

Après 1991

L'écrivain russe Vladimir Nabokov avec son épouse Vera Nabokova, née Slonim, en 1967 devant le Montreux-Palace (Fondation Horst Tappe) © KEYSTONE / Horst Tappe.
L'écrivain russe Vladimir Nabokov avec son épouse Vera Nabokova, née Slonim, en 1967 devant le Montreux-Palace (Fondation Horst Tappe) © KEYSTONE / Horst Tappe. […]

La réaction de la Suisse à l'effondrement de l'Union soviétique se limita pour l'essentiel à une protestation contre l'intervention de l'Armée rouge dans les Etats baltes en janvier 1991. Ensuite, les diplomates suisses participèrent aux efforts entrepris pour intégrer la Fédération de R. au concert des nations. D'étroits contacts se nouèrent en 1996, quand la Suisse présida l'OSCE. L'adhésion de la R. à l'OMC fit régulièrement l'objet de discussions bilatérales. Les conseillers nationaux Ernst Mühlemann et Andreas Gross tentèrent, comme rapporteurs du Conseil de l'Europe, de contribuer à la solution du conflit en Tchétchénie. Pour soutenir le processus de transformation, la Suisse versa entre 1994 et 2005 près de 200 millions de francs d'aide financière, technique et humanitaire. Le commerce bilatéral progressa fortement, la R. exportant des produits chimiques, des métaux précieux, des agents énergétiques (pour 1053 millions de francs en 2008, dont 8% pour les agents énergétiques) et important des produits pharmaceutiques et des machines (pour 3180 millions de francs en 2008). Les investissements directs des firmes suisses en R. atteignaient 5639 millions de francs en 2007, en dépit de réticences dues surtout aux incertitudes juridiques. Les investisseurs russes sont présents en Suisse surtout à Genève et Zoug (centres pour le commerce du pétrole, du gaz et des matières premières), mais détiennent aussi des participations dans des sociétés comme Sulzer, Holcim ou OC Oerlikon (Viktor Vekselberg). Plusieurs cas d'incarcération de citoyens russes en Suisse furent sources de difficultés. Depuis les années 1990, il existe des jumelages entre des villes russes et suisses, ainsi que des liens entre des hôpitaux, des écoles, des unités administratives, des musées et des paroisses des deux pays. A la fin du XXe s., la Suisse devint une destination appréciée des touristes et hommes d'affaires russes. En 2008, quelque 800 Suisses vivaient en R. et 8500 Russes en Suisse. Vu l'intensification des relations, dans tous les domaines, la Suisse éleva son consulat honoraire de Saint-Pétersbourg au rang de consulat général en 2006. La diplomate suisse Heidi Tagliavini a rédigé en 2009 un rapport sur la guerre de Géorgie, comme cheffe d'une commission d'enquête internationale instituée par l'Union européenne.

Sources et bibliographie

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Suggestion de citation

Peter Collmer; Klaus Ammann: "Russie", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 27.01.2016, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/003376/2016-01-27/, consulté le 19.03.2024.