22.4.1854 à Therwil, 28.4.1904 à Oberwil (BL), cath., de Therwil. Fils de Stephan, agriculteur et président du tribunal de district. Marie, fille de Jakob Stingelin-Schwob, de Pratteln. Après avoir abandonné un apprentissage de mécanicien sur machines à Zell (comm. Baden) et l'école des arts et métiers de Bâle, G. travailla chez Escher-Wyss à Zurich et dans des fabriques de machines à Munich et Trèves, où il se forma en autodidacte comme constructeur de machines. En 1875, il ouvrit une scierie à Oberwil, qu'il transforma peu à peu en menuiserie.
En 1874, il adhéra au parti socialiste (à Munich) et à la Société suisse du Grutli. De retour à Bâle-Campagne, il fonda une section locale du Grutli, dont il présida la section cantonale. Membre de la Constituante de Bâle-Campagne (1887-1888, 1891-1892), député au Grand Conseil (de 1887 à sa mort, président en 1900). Fondateur en 1892 de l'Union des ouvriers et des paysans. Conseiller national (1899-1904), l'un des sept de la minorité socialiste ("chapelle Greulich"), membre de la commission consultative sur les tarifs douaniers (1902-1903). Au sein du socialisme, G. fut un défenseur du système des coopératives et un partisan du mouvement Frei-Land. En 1899, il représenta les socialistes suisses au congrès international de Paris.
L'engagement politique et social de G. s'enracine dans son expérience d'orphelin et d'ouvrier; ayant perdu son père à 10 ans, il dut aider sa mère à tenir la ferme et l'auberge attenante. Il rédigea son premier article en 1874 à Munich pour le journal socialiste Der Zeitgeist. A Oberwil, il se dépensa pour améliorer les conditions de vie locales: il fit installer des adductions d'eau, soutint la construction de routes et celle du chemin de fer du Birsigtal, fonda l'école de perfectionnement professionnel, l'école secondaire des jeunes filles, ainsi que la Société féminine d'Oberwil, qui assurait des soins gratuits aux malades. Sa principale réalisation fut la création, en 1893, de la coopérative de production et de consommation d'Oberwil (du Birseck dès 1895), qui se fixait pour objectif de "fournir des vivres et d'autres objets d'usage quotidien, de bonne qualité, et d'en distribuer le bénéfice net à ses membres". En 1896-1898, G. fut l'un des promoteurs de la coopérative Elektra du Birseck et de Bâle-Campagne, la première compagnie d'électricité européenne en forme de coopérative. Fidèle à son credo "sans liberté économique, la liberté politique n'est qu'un leurre", il se lança sur le plan cantonal dans la lutte pour une réforme foncière impliquant désendettement et refonte du système hypothécaire. Il adhéra à la société Frei-Land fondée en 1888 et soumit au Grand Conseil une motion qui visait à désendetter l'agriculture en fixant des taux hypothécaires maxima, une limitation des charges et un contrôle du système hypothécaire par la Banque cantonale. Ces objectifs reprenaient le programme de l'Union des ouvriers et des paysans, qui revendiquait aussi une réglementation champêtre et une diminution du temps de travail. Après l'échec de sa motion, G. lança une initiative populaire, qui fut repoussée en 1896.
Bien qu'il n'ait guère été "prophète en son pays", les citoyens de Bâle-Campagne l'élurent au Conseil national en 1899. Son combat pour le système des coopératives lui valut une reconnaissance internationale. En Allemagne, il était aussi connu pour son assistance aux dirigeants socialistes pourchassés par Bismarck: il offrit notamment un asile prolongé à Wilhelm Liebknecht et August Bebel, dans son domaine de Mariastein (le Tannhof). Il décéda à l'âge de 50 ans déjà. Ses funérailles furent présidées par son ami de longue date, Leonhard Ragaz, pasteur de la cathédrale de Bâle et professeur de théologie.