5.4.1817 à Lucerne, 30.6.1888 à Lucerne, cath., de Lucerne. Fils de Ludwig, archiviste cantonal et député au Grand Conseil, et de Maria Anna Schumacher. 1844 Josefine Göldlin, fille de Johann Baptist Ludwig Göldlin. Gymnase et lycée à Lucerne, études de droit à Heidelberg (1838-1839), Bonn (1839, chez Ferdinand Walter), Berlin (1839-1840, chez Friedrich Carl von Savigny et Leopold von Ranke) et Munich (1840). Brevet d'avocat lucernois et séjour à Paris (1841). Vice-chancelier du gouvernement démocratique catholique (1841-1847), envers lequel S., opposé au rappel des jésuites, adopta une attitude critique. Membre du Grand Conseil de ville de Lucerne (1841-1845). Après 1847, S. exploita le domaine de Holzhof à Emmen, qu'il mit bientôt en location. Conseiller national (1848-1888), seul élu conservateur lucernois en 1848. Député au Grand Conseil lucernois (1851-1860, 1861-1863 et 1867-1871), conseiller d'Etat (1863-1867 et 1871-1888; Economie publique de 1863 à 1865, Affaires communales de 1866 à 1867, Police de 1871 à 1875, Justice de 1875 à 1888), membre (1865-1867) et président (1871-1873) du conseil d'éducation.
Chef de l'opposition au régime radical à Lucerne, S. dirigea les mouvements de révision constitutionnelle de 1854 et de 1862 et représenta la minorité conservatrice au gouvernement après la révision partielle de 1863. Après la victoire des conservateurs aux élections de 1871, il veilla au respect des intérêts des radicaux. Violemment attaqué dans son canton par les radicaux et contesté dans son propre parti, S. jouissait d'une grande considération dans les campagnes. A l'Assemblée fédérale, d'abord isolé du fait de son opposition virulente, il devint bientôt l'un des théoriciens de la tendance conservatrice catholique et coordonna l'opposition fédéraliste à la révision de la Constitution fédérale de 1872-1874, ainsi qu'à la législation d'application subséquente. Il fut membre du comité conservateur catholique, qui dirigea dès 1872 le parti et le groupe parlementaire, et présida ce dernier après la mort de Louis de Weck-Reynold. Lors du Kulturkampf, il défendit les positions de la droite catholique tout en s'efforçant de ne pas provoquer les radicaux. Au bénéfice de la confiance de politiciens libéraux comme Jakob Dubs, Joachim Heer et Emil Welti, il se retrouva toutefois isolé à cause de son scepticisme envers les innovations techniques et économiques de son temps et par son refus de la ligne du Gothard pour des motifs politiques.
Egalement journaliste et publiciste, S. écrivit dès les années 1840 pour des feuilles conservatrices et fut rédacteur de la Luzerner Wochen-Zeitung en 1854. Ses Beiträge zur Geschichte des innern Krieges in der Schweiz im November 1847 (1848) parurent anonymement après la guerre du Sonderbund. S. publia en 1887 son autobiographie politique Fünfundvierzig Jahre im Luzernischen Staatsdienst. Les discours qu'il prononça au Conseil national constituent le troisième volume de la Sammlung kleiner Schriften (1879). S. s'est confronté dans ses Studien und Glossen zur Tagesgeschichte (1859-1875) à l'évolution des affaires politiques et ecclésiastiques et y critiqua l'orientation ultramontaine du catholicisme sous le pontificat de Pie IX. Malgré toutes ses réserves à l'égard du dogme de l'infaillibilité pontificale, il resta fidèle à sa confession. En défendant l'utopie d'une Eglise libérale, il anticipa les postulats du concile de Vatican II (Am Vorabend des Conciliums, 1869, Der Culturkampf, 1875). Ses écrits et sa correspondance politiques désignent S. comme un observateur critique d'envergure européenne. Ses ouvrages historiques, Rechtsgeschichte der Stadt und Republik Luzern (4 vol., 1850-1858) et Ludwig Pfyffer und seine Zeit (4 vol., 1880-1882), sont imprégnés de la pensée de Savigny et Ranke et font partie des créations les plus importantes de l'historiographie suisse du XIXe s. Il publia en outre quatre volumes des Recès de la Diète fédérale (Eidgenössische Abschiede). Docteur honoris causa de l'université de Bâle (1860).