Glariscanton
Version du: 30.05.2017
Auteure/Auteur:
Hans Laupper
Traduction:
Pierre-G. Martin
Allié des Confédérés en 1352 et, après un retour passager sous la domination habsbourgeoise, canton de la Confédération dès 1388 environ. Partie du canton de la Linth sous la République helvétique (1798-1803), puis à nouveau canton suisse. All. (langue officielle) Glarus, ital. Glarona, romanche Glaruna. Désignations officielles: Kanton Glarus, Land Glarus. Chef-lieu: Glaris.
Carte oro-hydrographique du canton de Glaris avec les principales localités
[…]
Canton alpin de Suisse orientale, G. s'ouvre au nord sur la plaine de la Linth, que parcourt l'axe Zurich-Grisons; son territoire, qui correspond au bassin d'alimentation de cette rivière, est borné de montagnes que franchissent deux routes carrossables à l'ouest (cols du Klausen vers Uri et du Pragel vers Schwytz), et des sentiers vers les Grisons (au sud). Il se divise en trois régions: Unterland (plaine et vallée inférieure de la Linth jusqu'à Näfels, Kerenzerberg), Mittelland (vallée moyenne de la Linth, de Netstal à Ennenda) et Hinterland (Mitlödi, vallée supérieure de la Linth, dite Grosstal soit "grande vallée", et Sernftal ou Kleintal, la "petite vallée").
Structure de l'utilisation du sol dans le canton de Glaris
Superficie (1992/97) | 685,2 km2 | |
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Forêt / surface boisée | 206,9 km2 | 30,2% |
Surface agricole | 209,0 km2 | 30,5% |
Surface bâtie | 17,8 km2 | 2,6% |
Surface improductive | 251,5 km2 | 36,7% |
Structure de l'utilisation du sol dans le canton de Glaris - Statistique suisse de la superficie
Population et économie du canton de Glaris
a Habitants et nationalité: population résidante; langue et religion: population "présente"
b Y compris les catholiques-chrétiens en 1880 et 1900; depuis 1950 catholiques romains
c N'appartenant ni à une confession ni à un groupe religieux
d Chiffres des recensements des exploitations agricoles 1996 et 2000
Population et économie du canton de Glaris - Statistique historique de la Suisse; recensements fédéraux; Office fédéral de la statistique
De la préhistoire aux premiers siècles du Moyen Age
Préhistoire et Antiquité
Auteure/Auteur:
Martin Peter Schindler
Traduction:
Pierre-G. Martin
Au Tardiglaciaire (il y a env. 14 000 ans), il se forma lors d'un premier recul des glaces un grand lac allant de Zurich au Bodan et jusqu'à G. Après une dernière avancée des glaciers jusqu'à Netstal, l'éboulement de Guppen-Schwanden créa un lac près de Schwanden, comblé seulement au Postglaciaire. L'éboulement de Planggen-Klöntal est à l'origine du lac du Klöntal. Les alluvions du Löntsch, son effluent, atteignirent G. et, barrant la vallée, firent apparaître des lacs, comblés au Tardiglaciaire. Celles de la Linth avaient déjà repoussé les eaux au-delà de Ziegelbrücke à la fin du Tardiglaciaire (vers 9500 av. J.-C.), séparant les lacs de Zurich et de Walenstadt (niveau des eaux: 403-404 m). Puis elles continuèrent de remblayer le fond de la vallée jusqu'au début du IIIe millénaire av. J.-C.; le cours de la rivière varia, débouchant temporairement dans le lac de Walenstadt. On observe ensuite, jusqu'au début du XVIIIe s. apr. J.-C., une période de stabilité du niveau du lac (420 m) et du fond de la vallée, exploitable sauf dans les dépressions marécageuses. A la fin du IIIe millénaire av. J.-C., une coulée près de Weesen influença le cour de la Maag (émissaire du lac de Walenstadt, auj. canal de la Linth).
Il n'existe pas de service archéologique cantonal et les vestiges découverts sont rares. Il faut distinguer entre les objets provenant de la plaine de la Linth, témoins du trafic sur l'antique route vallée de la Seez-lac de Zurich-lac de Walenstadt, et ceux que l'on a trouvés en amont, preuves d'une présence passagère ou durable à l'intérieur du pays glaronais.
Les plus anciennes traces humaines sur les bords du lac de Walenstadt datent du IVe millénaire av. J.-C. Des vestiges de datation incertaine indiquent peut-être des incursions dans des zones plus élevées dès l'âge de la Pierre. Les trouvailles deviennent un peu plus nombreuses au Bronze moyen (dès 1500 av. J.-C.). On rapproche ce phénomène de l'extension des cultures dans les sites favorables (qu'on observe dans d'autres régions), d'un trafic animé sur les cols (bien avéré au Klausen) et d'activités mal connues, mais attestées par exemple par la hache de Schönmad au-dessus de Schwanden. Rien ne prouve pour l'instant que les nombreux filons de cuivre (Mürtschenalp, Kärpf, Guppen) aient été déjà exploités. A l'âge du Fer, les vestiges se concentrent sur la Maag près de Weesen; peut-être y avait-il au point de passage de la rivière une sorte de sanctuaire où l'on consacrait des objets, des armes surtout. Une interprétation analogue pourrait s'appliquer à un site qui a livré beaucoup d'objets du Bronze, au pied du Biberlikopf.
Monnaie de bronze romaine, revers, trouvée en 1828 près de Näfels (Stiftsbibliothek St. Gallen; photographie Carsten Seltrecht).
[…]
Pour préparer la conquête romaine des Alpes (campagne de 15 av. J.-C.), trois "tours" ou petits castra (Voremwald, Stralegg, Biberlikopf) furent construits à l'extrémité occidentale du lac de Walenstadt, l'une des grandes voies d'accès vers la Rhétie. Non loin se trouvait le temple rectangulaire gallo-romain de Hüttenböschen (Mollis, aujourd'hui commune de Glaris Nord); sa présence est sans doute un indice de l'intensité du trafic. Il y avait probablement une localité et un port en face de Weesen. On ignore encore si une voie romaine franchissait le Kerenzerberg. Dans l'intérieur du pays glaronais, l'époque romaine n'a laissé pratiquement que des monnaies, surtout des IIIe et IVe s., en majorité à Schwanden, Näfels et Mollis (un trésor au moins est attesté).
Haut Moyen Age
Auteure/Auteur:
Martin Peter Schindler
Traduction:
Pierre-G. Martin
Fautes de sources écrites ou archéologiques, le haut Moyen Age est mal connu. Les toponymes romans et préromans (Bilten, Urnen, Filzbach, Mollis, Näfels, G.) indiquent qu'une population de langue latine habitait le bas du pays et exploitait sans doute les terres environnantes. Des Alamans s'établirent dès le VIIIe s. dans ces localités et près des cols du Pragel et du Klausen; ils gagnèrent plus tard le haut du pays; on ne sait s'ils fondèrent de véritables colonies, mais le fait est possible dès le VIIe s. Le bilinguisme se maintint dans la vallée et au Kerenzerberg sans doute jusqu'au cœur du Moyen Age. G. fit partie du royaume franc dès le VIe s. Son nom, Clarona, apparaît au début du IXe s.
On ne sait presque rien de la christianisation. Félix et Régula auraient officié à G. selon des légendes du bas Moyen Age. L'activité du missionnaire Fridolin (vers 500 ou au VIIe s.?) est incertaine. Dans le village de G., une église fut bâtie au VIe ou au VIIe s. sur un plan de tradition occidentale (église-salle avec chœur rectangulaire) et refaite au VIIe s. selon un modèle rhétique (église-salle avec abside aux murs renforcés); la chapelle Saint-Michel du Burghügel ou Bürgli (mentionnée en 1288) remonte au IXe ou Xe s.
Histoire politique du Moyen Age à la fin du XVIIIe siècle
Organisation politique et ecclésiastique au Moyen Age
Auteure/Auteur:
Ernst Tremp
Traduction:
Pierre-G. Martin
La plus ancienne bannière glaronaise. Soie et broderie sur soie, fin du XIVe siècle (Museum des Landes Glarus, Näfels).
[…]
L'idée que le pays de G. était celui de saint Fridolin s'imposa au XIIIe-XIVe s., dans le cadre du mouvement communal de libération. Il existait depuis le haut Moyen Age un lien étroit avec l'abbaye de Säckingen sur le Rhin, où l'on honorait ce saint. Née peut-être de l'action personnelle de Fridolin au VIe ou au VIIe s., ou plus vraisemblablement d'un transfert de biens fonciers et de droits de souveraineté effectué par Beata et son clan au milieu du VIIIe s., cette relation se maintint sur un plan symbolique, après la victoire de Näfels (1388), puisque saint Fridolin figure sur la bannière du pays et qu'il est mentionné dans le chant de la bataille de Näfels.
Selon les plus anciennes sources disponibles, qui mentionnent un comte Ulrich (av. 1045 ou 1077/1101) et un comte Arnold (1045 ou 1127), sans qu'on puisse déterminer duquel il s'agit (I, II ou III), ce sont les Lenzbourg qui exerçaient la souveraineté, soit comme avoués de Säckingen, soit comme baillis impériaux (en tant que comtes du Zürichgau). A leur extinction (1173), le comte palatin Othon de Bourgogne, quatrième fils de Frédéric Barberousse, leur succéda, à titre de bailli impérial. Il scella le 30 août 1196 à G. un accord entre Glaronais et Uranais sur le tracé de la frontière au col du Klausen. Après sa mort (1200), le bailliage revint aux Kibourg (éteints en 1264; en dernier à Hartmann l'Ancien), puis à Rodolphe de Habsbourg, dont les descendants gardèrent ce fief d'Empire jusqu'en 1415, du moins en droit.
Au XIIIe s., l'essentiel du pouvoir appartenait à Säckingen. Le 17 juin 1240, un tribunal arbitral siégeant à G. régla un conflit entre l'abbaye et son maire ou mayor (Meier) Rudolf von Windegg. On suppose que tous les Glaronais relevaient du tribunal seigneurial "sous le chêne" de G., présidé par le mayor. En revanche, comme le montre le terrier de Säckingen (1300/1350), les biens de l'abbaye ne représentaient qu'une partie des sols cultivables et ses serfs une minorité de la population; des paysans libres exploitaient la majorité des terres et des alpages.
Le centre de la seigneurie était le domaine (Kelnhof) de G.; le mayor y tenait son tribunal (mentionné en 1240, 1341, 1372), assisté de douze jurés. Le marché de G., attesté dès 1240, est antérieur à ceux des vallées de Suisse centrale. Des familles nobles et des ministériaux détenaient les charges et fiefs mouvant de Säckingen: les Windegg (mayorie), les chevaliers de Näfels, de G. et de Schwanden (1240), les seigneurs de Netstal et de Haslen (1289). Ils résidaient dans des donjons dont subsistent des vestiges à Rüti (Spielhof), Schwanden (Thon) et Elm (Sandgasse) ou dans des châteaux forts (Näfels, Benzigen près de Schwanden, Sola près de Sool, Vorburg près d'Oberurnen, Oberwindegg près de Niederurnen, peut-être G.). En dehors des serfs et des vassaux de Säckingen, des propriétaires libres apparaissent dans une série de documents des XIIIe et XIVe s.
Après l'extinction des Windegg, l'abbesse de Säckingen inféoda les châteaux, les juridictions et la mayorie de la vallée de G. aux fils de l'empereur Rodolphe Ier de Habsbourg (5 avril 1288). Disposant à la fois du bailliage impérial et de la mayorie, donc de la pleine juridiction et de la puissance publique, les Habsbourg avaient plus de pouvoirs à G. qu'ils n'en avaient dans tout autre territoire de la future Confédération. Ils en tiraient des revenus considérables, énumérés dans leur rentier (Habsburgisches Urbar), qui divise le bailliage de G. (partie supérieure d'un bailliage dont le Gaster formait la partie inférieure) en vingt-deux circonscriptions appelées Tagwen, plus tard réduites à quinze, comme on le voit dans les statuts de 1387. A la puissance croissante des Habsbourg faisaient face des institutions communales qui avaient déjà commencé à se former sous la domination de l'abbaye. La communauté des Glaronais apparaît en 1196, son plus ancien sceau conservé date de 1289 (mais il est déjà mentionné en 1282). Les jurés sont attestés dès 1240, le Conseil des Trente en 1289, puis en 1372.
L'église de G., dédiée aux saints Hilaire et Fridolin, remonte au VIe ou VIIe s.; la paroisse, dans le diocèse de Constance, engloba jusqu'aux grands défrichements médiévaux toute la vallée, sauf Urnen et Bilten (au nord) qui, comme le Kerenzerberg, relevaient de la paroisse et du chapitre de Schänis et du diocèse de Coire. Les localités les plus éloignées furent les premières à se détacher de la paroisse mère de G.: Matt et le Sernftal (entre 1261 et 1282), Mollis (1281/1288) et Linthal (av. 1319). Betschwanden (début du XIVe s.) et Schwanden (1349/1351) suivirent, conséquence de l'essor démographique et économique (élevage, commerce de bétail) des XIVe et XVe s. Netstal (1420) fut d'abord une filiale de G., et Näfels (1523) de Mollis. Les églises d'Ussbühl près de Bilten (1345) et de Niederurnen (1504) furent établies comme filiales de Schänis, dont le Kerenzerberg (Obstalden) se détacha dans la première moitié du XVe s. La dernière paroisse fondée avant la Réforme fut Elm (1493), définitivement détachée de Matt en 1594. Le patronage de la paroissiale de G. et, par dérivation, des autres églises glaronaises appartenait à Säckingen; cette situation perdura après que G. se fut affranchi des droits seigneuriaux de l'abbaye (1395); elle ne cessa officiellement qu'en 1512, grâce au droit de présentation conféré par le pape Jules II. En revanche, G. patronnait la chapelle commémorative de la bataille de Näfels (chapelle Saint-Fridolin au Sendlen), richement dotée.
Entre Zurich et les Habsbourg
Auteure/Auteur:
Rolf Kamm
Traduction:
Pierre-G. Martin
La ville de Zurich, en guerre contre le duc d'Autriche en 1350, Albert II de Habsbourg, conclut en 1351 des alliances limitées dans le temps avec Lucerne et les Waldstätten. Dans ce contexte, les Waldstätten et les Zurichois s'emparèrent de G., territoire habsbourgeois, en novembre 1351. Après l'échec d'une riposte autrichienne, les Confédérés détruisirent le château fort de Näfels. Le 4 juin 1352, Zurich et les Waldstätten (sans Lucerne) signèrent avec l'amman et les gens de G. une alliance aux conditions inégales: G. ne pouvait entrer dans une autre alliance sans leur autorisation et devait fournir de l'aide sans être assuré d'en recevoir lui-même. Il s'agissait en fait d'un protectorat des quatre cantons, d'une "mauvaise alliance" (böser Bund), unique tant dans sa forme que dans son contenu, qui sera annulée en 1355. L'Autriche récupéra G. en septembre 1352 (paix de Brandebourg). En 1356, elle conclut avec Zurich un traité aux termes duquel des conseillers de cette ville assumèrent temporairement l'administration du bailliage de G. Mais bientôt, l'intérêt des Habsbourg pour la région diminua et se porta sur Weesen, qui obtint une franchise fiscale en 1370.
La bataille de Näfels
Auteure/Auteur:
Rolf Kamm
Traduction:
Pierre-G. Martin
Lors des guerres privées qui suivirent la bataille de Sempach (1386), les Glaronais attaquèrent la château fort d'Oberwindegg près de Niederurnen; avec les Confédérés, ils s'emparèrent de Weesen, que les Autrichiens reprirent en février 1388 ("nuit sanglante de Weesen"). Ils battirent à Näfels, le 9 avril 1388, une armée habsbourgeoise qui se livrait au pillage. Dans le cadre des pourparlers de paix entre les Confédérés et les Habsbourg, des conseillers zurichois proches de ces derniers évoquèrent le rachat des droits de Säckingen sur G. En outre, on discuta d'une "meilleure alliance" entre G. et les Confédérés. Le résultat de ces rencontres est mal connu. Du moins G. est-il traité pour la première fois sur un pied d'égalité dans le convenant de Sempach (1393); la paix de vingt ans signée avec les Habsbourg (1394) semble avoir permis le rachat des droits de Säckingen, approuvé en 1395 par l'abbaye et par l'Autriche.
Le XVe siècle
Auteure/Auteur:
Rolf Kamm
Traduction:
Pierre-G. Martin
Les Glaronais prirent part à divers conflits, mais apparemment sans mener de politique territoriale cohérente. Ils conclurent une alliance avec la Ligue grise en 1400, avec Zurich en 1408, avec les comtes de Toggenbourg en 1419. Ils accordèrent en 1419 la combourgeoisie aux seigneurs de Rhäzüns et de Werdenberg. Ils acquirent Filzbach, Bilten, Niederurnen et Oberurnen en participant aux guerres d'Appenzell (1401-1429) du côté de Schwytz, dont l'influence d'abord exclusive fut bientôt contrebalancée par celle de Zurich; souvent ils servirent de médiateurs entre ces deux cantons (dans l'affaire de Zoug en 1404, dans la Ligue ob dem See en 1405, dans les guerres d'Appenzell vers 1411). Zurich soutint Bilten en 1412, lors du rachat des cens du chapitre de Schänis. L'empereur Sigismond accorda en 1415 l'immédiateté impériale. Dans la guerre de Zurich (1436-1450), le pays de G. s'opposa comme Schwytz aux visées expansionnistes de la ville, mais renouvela avec elle, dès 1454, une alliance à laquelle, visiblement, il attachait un grand prix. Malgré ses efforts, il n'eut droit à aucune considération lorsque les cantons, dont il était pourtant l'égal depuis 1415 au moins, entreprirent vers 1450 une nouvelle rédaction des alliances du XIVe s. En 1460, il annexa tout le Kerenzerberg. En 1469, il conclut une nouvelle alliance avec Schwytz et l'abbé de Saint-Gall. Il dut sans doute attendre 1473 pour obtenir une "meilleure alliance" avec les Confédérés, qui lui vaudra une part plus consistante du butin des guerres de Bourgogne (1474-1477) et une position plus solide dans la négociation du convenant de Stans (1481). Il porte une certaine responsabilité dans l'éclatement de la guerre de Souabe (1499), puisqu'il prit sous sa protection, avec Schwytz, les conseillers tyroliens proscrits par l'empereur Maximilien. Ce conflit lui valut une part dans l'administration du bailliage commun de Sargans et lui permit d'acquérir Werdenberg (1519).
Mouvement communal et institutions étatiques
Auteure/Auteur:
Rolf Kamm
Traduction:
Pierre-G. Martin
Les Habsbourg et le chapitre de Säckingen favorisèrent, vers 1300, le développement des structures communales en fondant des églises, les premières étant appelées à percevoir les redevances dues aux secondes. Mais le facteur décisif fut la vacance temporaire du pouvoir. Les compétences seigneuriales passèrent peu à peu à des institutions communales. Au XIIIe s. déjà, les gens du pays ont qualité pour agir. Des structures liées à la seigneurie comme les Tagwen et les tribunaux (dont procède sans doute la landsgemeinde) ou la fonction d'amman servirent de base, à côté des paroisses, à la formation de communautés, dont l'évolution témoigne d'influences extérieures, venues de Suisse centrale (tribunaux et conseils de quinze, trente ou soixante membres) ou des Grisons.
Le mouvement communal trouve ses origines dans l'usage des alpages et des communaux, ainsi que dans la construction de digues contre les inondations. L'exploitation collective incombait aux Tagwen, qui apparaissent dans le rentier des Habsbourg comme unités administratives pour la perception des redevances seigneuriales, et à des corporations d'usagers, rassemblant tous ceux qui assumaient leur part de travaux collectifs tel l'essartage. Dans le cas des alpages, les consorts devaient édicter des règlements et amender ceux qui les enfreignaient. D'autres groupes ou clans rassemblaient des associés, des domestiques et des parents; bases même de la société, ils jouaient aussi un rôle, mais sont très difficiles à saisir dans les sources. Ces corporations et ces groupes obéissaient à un nouveau cercle de dirigeants qui, succédant à la noblesse locale disparue vers 1300, occupèrent durant le XIVe s. les charges de représentants locaux de la puissance souveraine. Ils avaient souvent d'étroits contacts avec Zurich.
Les associations communales tentèrent d'étendre leur influence dans tous les domaines. L'élaboration des statuts du pays (sans doute en 1387) en témoigne, de même que les efforts visant à obtenir, en matière ecclésiastique, le transfert aux paroisses des droits appartenant à l'évêque de Constance ou au chapitre de Säckingen. Les processus furent lents. Avant 1500, on ne peut guère parler d'un "Etat" glaronais, même si l'immédiateté impériale de 1415 incluait la haute juridiction. Le nombre des conseillers fut d'abord variable; il ne se fixa à soixante que vers 1460. Le terme de landsgemeinde apparaît pour la première fois dans le Landbuch de 1475-1481. L'organisation communale en vigueur vers 1500 (Conseil, Petit Conseil servant aussi de tribunal, amman) subsista après la Réforme, laquelle renforça encore davantage l'autonomie communale et amena une division confessionnelle de la landsgemeinde.
L'Etat, le gouvernement et l'administration sous l'Ancien Régime
Auteure/Auteur:
Karin Marti-Weissenbach
Traduction:
Pierre-G. Martin
La Réforme progressa à G. sous l'influence de Zwingli, curé du chef-lieu de 1506 à 1516, et grâce aux relations avec Zurich. La landsgemeinde de 1525 abolit le pèlerinage annuel à Einsiedeln. Mais celle du 15 juillet 1526 promit aux V cantons catholiques de maintenir le culte traditionnel, tout en mettant fin aux abus dans l'Eglise. Néanmoins, des iconoclastes sévirent en 1528 dans le Sernftal, à Schwanden et à Betschwanden. Le 2 mai 1529, la landsgemeinde donna force de loi à la Réforme. Lors des deux guerres de Kappel (1529 et 1531) et pendant le blocus des V cantons catholiques (conduit par Zurich avec l'appui des bailliages communs, du Toggenbourg, du Gaster et de Weesen), G. resta neutre, tant à cause de ses divisions internes que pour ménager ses relations avec Schwytz. La landsgemeinde de décembre 1531 rétablit la messe à G., Schwanden (qui purent cependant garder leurs prédicants réformés), Linthal et Näfels. Le premier concordat de G. (Landesvertrag du 21 novembre 1532) mit fin au conflit religieux pour quelque vingt-cinq ans; il donna des garanties à la minorité catholique et aux V cantons. Il prévoyait que les questions religieuses ne seraient plus tranchées par la landsgemeinde, mais par des délégués des deux confessions.
Le nombre des protestants s'accroissait; faute de fidèles, la messe fut abolie à Schwanden en 1542, ce qui déclencha les protestations des V cantons. Entre 1559 et 1564, sous la conduite d'Aegidius Tschudi et parfois avec l'appui des V cantons, les catholiques glaronais entreprirent de regagner tout le pays à leur foi. L'affaire de Glaris, dite aussi guerre de Tschudi, faillit alors embraser la Confédération. Le deuxième concordat de G. (3 juillet 1564) rendit à nouveau possible la coexistence des confessions, pour plusieurs décennies. L'église de G. fut attribuée aux deux cultes (système du simultaneum). Schwytz refusa d'approuver le traité et appuya les catholiques glaronais qui rendirent aux sujets du Gaster l'autonomie partielle dont on les avait privés en 1531 parce qu'ils n'adoptaient pas la Réforme. Tandis que les VII cantons catholiques se regroupaient dans la Ligue d'Or en 1586, G. conclut en 1590 une alliance confessionnelle avec Zurich et la Ligue des Dix-Juridictions, seule entorse à sa neutralité. Cela ne l'empêcha pas de signer des capitulations militaires avec la France et de lui fournir des troupes; les protestants s'en abstinrent cependant de 1715 à 1777.
La division confessionnelle
Auteure/Auteur:
Karin Marti-Weissenbach
Traduction:
Pierre-G. Martin
Depuis le troisième concordat (1623), chaque confession tenait, huit jours avant la landsgemeinde commune, une landsgemeinde séparée (les protestants à Schwanden, les catholiques à Näfels), ayant compétence d'approuver les capitulations militaires avec l'étranger et de repourvoir les charges publiques. Les élus devaient ensuite être présentés à la landsgemeinde commune; malgré la division confessionnelle, ils gouvernaient ensemble. Un catholique était landamman pour deux ans, puis un protestant pour trois ans. Les confessions élisaient alternativement le banneret, nommé à vie, la charge nouvellement créée de porte-drapeau allant au parti opposé. Le trésorier, le maisonneur et le sautier étaient pris dans les rangs des protestants durant six ans, puis dans ceux des catholiques durant trois ans. Les protestants fournissaient deux secrétaires et deux messagers, les catholiques un. Les bailliages communs échéant à G. étaient attribués deux fois à un protestant, puis une fois à un catholique. Chaque parti désignait un représentant à la Diète et aux missions diplomatiques. Le Conseil, formé de délégués des Tagwen, fut porté de soixante à soixante-trois membres, (quinze catholiques au lieu de douze), non compris les principaux magistrats, dits Schrankenherren, qui y siégeaient aussi. Le tribunal des Cinq comptait deux catholiques, celui des Neuf, trois. Celui des Douze, paritaire, créé en 1532 et chargé de poursuivre les offenses à la religion, fut maintenu. La division confessionnelle s'étendit au Conseil en 1625, plus tard aux tribunaux. Le quatrième concordat (21 mai 1638) régla l'attribution des bailliages glaronais: l'administration d'Uznach et du Gaster fut réservée aux catholiques, celle de Werdenberg aux protestants; mais les droits de souveraineté et les revenus étaient indivis.
Sur le plan militaire, le règlement de 1603 obligeait les grands Tagwen à fournir chacun quarante-quatre hommes, les moyens trente-quatre, les petits vingt-deux, Werdenberg, Uznach et le Gaster chacun cent. En 1644, on mit l'accent sur l'équipement (armes à feu individuelles); l'élite comptait alors 100 fusiliers, 135 piquiers, 25 hallebardiers et 240 mousquetaires. Au début du XVIIIe s., le fusil était devenu l'arme quasi unique et les Tagwen devaient disposer de poudre, de mèches et de plomb, en quantité proportionnelle à leur taille. Dans la première guerre de Villmergen (1656), G. resta neutre et les deux confessions occupèrent ensemble la frontière nord. Elles sortaient pourtant d'une querelle de plus de quinze ans à propos de la fête commémorative de la bataille de Näfels de 1388; les protestants avaient décidé en 1655 de ne plus y participer. Les catholiques avaient adhéré en automne 1655 à la Ligue d'Or. La construction d'un couvent de capucins à Näfels dans les années 1670 mit de l'huile sur le feu; de plus, les catholiques glaronais se retirèrent en 1676 du Défensional, l'organisation militaire de la Confédération. Une scission du canton fut envisagée; on dressa même une carte en 1681, mais les protestants n'auraient jamais accepté le territoire qui leur était dévolu (au sud de G. et à l'est de la Linth jusqu'au lac de Walenstadt).
Du cinquième concordat (1683) à la fin de l'Ancien Régime
Auteure/Auteur:
Karin Marti-Weissenbach
Traduction:
Pierre-G. Martin
Conclu lors de la Diète fédérale de 1683, un cinquième concordat vint compléter celui de 1623 et servit de Constitution cantonale jusqu'en 1836, sauf durant le bref intervalle de la République helvétique. Désormais, chaque confession avait son Conseil avec pleine autorité et ses tribunaux civils et pénaux, dont relevaient entièrement ses adhérents. Un tribunal mixte fut créé pour les conflits entre personnes de confessions différentes. En cas de guerre, les troupes engagées étaient commandées par des coreligionnaires, mais le canton tout entier supportait les coûts. L'unité du pays se maintint cependant grâce au Conseil commun, compétent pour les affaires extérieures et pour celles qui, à l'intérieur, n'était pas réservées aux conseils confessionnels. Le nonce contribua à l'apaisement en obtenant du pape Innocent XI, en 1687, une aide de 8000 florins en faveur des catholiques glaronais, réduits à quelque 200 familles. Le sixième concordat (1757) régla des points de détail.
En 1712, la victoire des cantons protestants dans la seconde guerre de Villmergen et la paix d'Aarau, qui reconnaissait la parité confessionnelle dans la Confédération comme dans les bailliages communs, donnèrent, même dans un pays de G. resté fidèle à sa politique de neutralité, un avantage au camp réformé. La paix de Baden (1718) abolit la combourgeoisie de Glaris et de Schwytz avec le Toggenbourg, qui fut replacé sous l'autorité du prince-abbé de Saint-Gall, le protectorat passant à Zurich et Berne. Les bonnes relations de G. avec ses sujets furent troublées par l'affaire de Werdenberg: certaines concessions que le Conseil de G. avait faites au XVIIe s. sans consulter la landsgemeinde ayant été abrogées, les gens du bailliage de Werdenberg durent livrer les documents afférents. Après en avoir demandé plusieurs fois en vain la restitution, ils refusèrent de prêter hommage au nouveau bailli en 1719. Le soulèvement qui suivit fut réprimé militairement en 1721.
Pour mettre un terme à la corruption régnante, les deux confessions décidèrent de désigner les magistrats par tirage au sort, tout en limitant le nombre des candidats (1640 et 1649). Seuls les membres des familles aisées pouvaient assumer les frais d'entrée en fonction. On ne percevait un impôt qu'à titre exceptionnel. La landsgemeinde avait peu de pouvoir, surtout au XVIIIe s., car elle n'avait pas les moyens de faire appliquer ses décisions. Le Conseil, formé de délégués des Tagwen, n'en avait guère davantage. Dans tous les organes importants (commissions ou tribunaux) on retrouvait les Schrankenherren (magistrats et anciens magistrats), souvent apparentés entre eux, qui tenaient fermement en main le pays. Le Kübellos, l'élection apparemment démocratique par tirage au sort entre tous les bourgeois, introduite pour de nombreuses charges par les protestants en 1791, n'y changea rien: en effet, les élus vendaient en général leur charge au plus offrant.
Société, économie et culture du Moyen Age à 1800
Population et habitat
Auteure/Auteur:
Anne-Lise Head-König
Avant le recensement de la République helvétique en 1798, il n'existe pas de dénombrements à l'échelle du canton. Des sources partielles permettent toutefois de reconstituer à grands traits l'évolution du peuplement. Dès le XIIIe s., l'augmentation de la population est attestée par la création de nouvelles paroisses (quatre entre 1260 et 1370, cinq de la fin du XIVe au milieu du XVe s.), par une occupation accrue du sol (y compris en altitude au XIIe s., Bergeten au-dessus de Brunwald, Ämpächli au-dessus d'Elm), par l'immigration de Walser dans le Kleintal (le Sernftal) au XIIIe s., par la formation de nouvelles communautés d'habitants qui se constituent en Tagwen et par les documents militaires. S'y ajoutent pour les XVIIe et XVIIIe s., les relevés des hommes majeurs ou mineurs, établis à l'occasion des distributions de pensions, d'accès aux charges publiques (Auflagegeld) ou à la bourgeoisie (Standgeld).
Le canton compte près de 4300 habitants à la fin du XIVe s., 10 498 en 1700 et 22 300 en 1798. Cette hausse, en proportion la plus forte de l'Arc alpin, est imputable, à partir du milieu du XVIIe s., au seul bilan naturel, alors qu'au XVIe s. l'immigration contribue à combler les déficits démographiques.
L'augmentation de la population n'a pas été linéaire et trois grandes phases sont repérables. Une croissance importante a lieu du XIIIe au début du XVIe s., sans que l'on puisse la reconstituer en détail. Puis, jusque vers 1650, une alternance d'avancées et de reculs est liée à la récurrence des épidémies de peste et aux pertes occasionnées par le recrutement massif au service étranger. La population plafonne alors vers 7000 habitants. Du milieu du XVIIe s. à la fin du XVIIIe s., les crises démographiques s'atténuent et la population s'accroît fortement. Dans le dernier tiers du XVIIe s., la diminution de la mortalité aux jeunes âges contribue à la croissance démographique. L'augmentation de plus de 50% de la population entre 1760 et 1798 est due au développement de l'économie. Entre 1773 et 1789, le taux de croissance annuel atteint même 1,5%.
Les différentes régions de G. ne sont pas égales devant cet accroissement. L'Unterland croît plus lentement en raison des ravages que provoque la malaria au XVIIIe s. dans la plaine marécageuse de la Linth et ses alentours. L'espérance de vie à la naissance dans la première moitié du XVIIIe s. y est inférieure à 24 ans, alors qu'elle est de 42 ans à Elm, qui fut la commune la plus élevée du canton (aujourd'hui commune de Glaris Sud). La confession influence aussi les comportements démographiques. Si taux de célibat et âge au mariage sont plus élevés pour les deux sexes dans la partie catholique, la fécondité y est plus forte; mais les taux de mortalité infantile et enfantine y sont plus hauts, d'où moins de survivants à l'âge adulte que chez les protestants. Les comportements migratoires diffèrent également. Dès la Réforme, la population catholique croît beaucoup plus lentement que la protestante, la première s'engageant davantage au service étranger et la mortalité y étant de ce fait plus forte. Les possibilités de travail qu'offrent les activités commerciales et protoindustrielles à la population protestante la sédentarisent davantage et contribuent à son renouvellement plus rapide.
Economie
Auteure/Auteur:
Anne-Lise Head-König
Avant l'arrivée du coton au XVIIIe s., la vocation économique de G. a été déterminée par sa situation géographique, les ressources du sous-sol (mines de cuivre et d'argent, ardoisières), de l'agriculture et de la forêt, et sa main-d'œuvre trop nombreuse.
Carte des alpages glaronais en exploitation. Gravure de 1714 due à Johann Adam Riediger, d'après un dessin de Johann Heinrich Tschudi de 1713 (Museum des Landes Glarus, Näfels).
[…]
A l'instar des autres cantons alpins, le secteur agricole et le service étranger restent, pour l'ensemble du canton, les activités dominantes jusque dans le premier tiers du XVIIe s. La culture des champs, attestée encore dans les deux vallées du canton au XIVe s. (Grosstal, ou vallée de la Linth en aval de Schwanden, et Sernftal, affluent en amont de Schwanden) recule au profit de l'élevage, le processus s'accélérant au XVIe s. Le rôle important des alpages résulte de leur étendue face aux prés de fauche. Leur exploitation répond à d'autres critères: le bétail importé au printemps est revendu en automne. L'intérêt des notables pour ce commerce se traduit par une politique systématique de rachats des droits de pâturage des petits paysans, du XVIe au milieu du XVIIIe s. L'Etat contrôle périodiquement la charge des pâturages depuis le XVIe s., de même que les défrichements, afin d'éviter une surexploitation. Au XVIIIe s. la demande accrue de produits laitiers modifie la structure du troupeau, avec un nombre croissant de vaches estivées aux dépens du bétail de boucherie destiné à l'exportation.
Faute d'emplois et à cause de la restructuration du secteur primaire, dès lors moins gourmand en main-d'œuvre, celle-ci doit s'engager au service étranger. Cette activité attestée dès le XIVe s. reste dominante jusqu'au milieu du XVIIe s. et les élites du pays lèvent près de trente compagnies entre 1616 et 1641. Par la suite, l'appartenance confessionnelle a déterminé le choix des spécialisations. Les élites catholiques ont misé sur le seul service étranger avec pour conséquence, à long terme, la paupérisation de la population catholique. Les protestantes ont investi dans l'industrie et le négoce dès la Réforme, l'engagement comme soldat restant l'ultime recours en cas de mauvaise conjoncture et de chômage.
La palette variée de productions et d'activités a contribué, dès le XVe s. au moins, à asseoir la vocation économique et commerciale du pays. Un marché, probablement peu important, est mentionné à G. en 1240. Au moment où le bourg de G. devient chef-lieu en 1419, la tenue du marché de Näfels est interdite; cette décision confirme le rôle croissant des échanges commerciaux pour l'ensemble du canton et non plus seulement pour la plaine. A partir du XVIIe s. les Glaronais sont actifs dans les économies en expansion de l'Europe du Nord et de l'Est, le bétail étant exporté vers les marchés italiens. Le bois destiné aux Pays-Bas est exporté par flottage. Quelques matières premières ont servi à la création de produits à valeur ajoutée: sérac ou séré enrichi de trèfle mélilot (trigonelle bleue) soit Schabziger, probablement le plus ancien produit d'exportation du pays, draps appelés Mätzen, fabriqués dès le XVe s. avec les fibres traditionnelles (laine et lin) et dont les déchets permettent la fabrication de la ouate, tables avec tableau d'ardoise encastré et poli, exportées jusqu'aux confins de l'Europe, eau-de-vie fabriquée avec les racines de diverses plantes, notamment de la gentiane, et "thé de Suisse" (Glarner Tee) inventé au XVIIIe s.
Décision de la landsgemeinde concernant la production et la vente du Schabziger, inscrite dans le code glaronais en date du 24 avril 1463 (Landesarchiv des Kantons Glarus).
[…]
Les facteurs institutionnels ont aussi contribué au succès de l'économie: très faible fiscalité, absence d'entraves (pas de corporations) au développement de l'artisanat, des activités protoindustrielles et commerciales (pas de régale du sel jusque dans la seconde moitié du XVIIIe s.). Le début du grand négoce glaronais date de la seconde moitié du XVIIe s. et, dès lors, la politique économique de l'Etat vise à assurer à ses ressortissants l'exclusivité de la commercialisation de leurs produits. Elle conduit à l'émergence d'une classe de négociants actifs sur les marchés locaux et internationaux, réussissant à évincer les intermédiaires étrangers, notamment welsche, soit Italiens, qui leur faisaient concurrence. Sur le plan intérieur toutefois, pour freiner la spéculation, l'Etat a abondamment légiféré: poids et monnaies, contrôle des prix des produits de consommation courante et des salaires, qualité des denrées, livraisons obligatoires d'une partie de la production alpestre.
L'ouverture au commerce extérieur a été bénéfique pour le développement d'activités complémentaires et d'une infrastructure dont a bénéficié le marché intérieur: endiguement de la Linth dès le XVe s., développement de la batellerie sur la Linth, construction de bateaux et création d'un poste de douane à Ziegelbrücke pour les négociants du pays au XVIIe s., développement d'une messagerie cantonale (qui devient confessionnelle en 1766). Le réseau terrestre est médiocre jusque dans les années 1830: orienté vers les économies du nord, son amélioration est lente, étant du seul ressort des propriétaires des terres qui jouxtent les chemins et routes, alors que le coût de construction et d'entretien des ponts est réparti entre les Tagwen depuis 1471. Vers le sud, ce ne sont que chemins muletiers (Kistenpass depuis Linthal, Panix et Pass dil Segnas depuis Elm).
Le coton domine le paysage industriel au XVIIIe s. L'activité cotonnière développée à partir de Zurich lors des années 1714-1720 dans le cadre de la production à domicile (Verlagssystem) n'exigeant qu'une mise de fonds initiale modeste, permet aux Glaronais de se substituer rapidement aux marchands-fabricants zurichois. La première fabrique d'indiennes est créée en 1740 dans le bourg de G. par Johann Heinrich Streiff. La seconde moitié du XVIIIes. coïncide avec un essor remarquable, résultant d'une spécialisation accrue dans le tissage et l'indiennage. A partir de 1798, et jusqu'en 1820, le secteur textile subit les conséquences de la conjoncture internationale qui entraîne un chômage massif.
Société
Auteure/Auteur:
Anne-Lise Head-König
Jusqu'à la fin du XIVe s., l'élite du pays est formée de représentants du couvent de Säckingen, ainsi le maire ou mayor (Meier), le cellérier et le messeiller. L'émergence précoce d'une seigneurie foncière a empêché la création de familles comtales. Les quelques familles connues de ministériaux, les von Windegg, von Glarus, von Schwanden, von Näfels, von Haslen, se sont éteintes ou ont émigré vers Zurich avant la fin du XIVe s. A partir de 1288, les baillis (Ammänner ou Vögte) nommés par les Habsbourg sont presque tous des étrangers et ils n'habitent pas le pays; deux seulement (des Elmer) sont Glaronais. Selon les estimations les plus récentes, la population libre formait près des trois quarts de la population, parce que la juridiction du couvent de Säckingen ne s'étendait que sur une partie du canton. Les différences sociales étaient importantes, par les fonctions exerçées (ainsi les douze jurés ou Rechtssprecher, hommes pouvant dire le droit) ou par le poids économique, attesté par les actes d'achats et de donations de biens-fonds et d'alpages ou de rachats de cens.
Aux XVe et XVIe s., les notables consolident leur pouvoir politique et économique. De 1387 à 1513, l'exercice des plus hautes fonctions du canton est limité dans le temps (élections annuelles), mais certains landammans sont réélus plusieurs années de suite. La landsgemeinde décide en 1513 de porter la durée d'un mandat à deux ans, mais d'exclure une réélection. Les entorses à la règle ne cessant pas, elle revient sur sa décision en 1562. Au XVIIIe s., les détenteurs d'offices cantonaux, que l'on appelait Schrankenherren (ils prenaient la parole sur un podium entouré d'une barrière ou Schranke), sont nommés à vie. Ceux de la partie protestante se recrutent alors, pour l'essentiel, au sein de neuf familles, toutes apparentées. Leur fortune s'est édifiée sur le foncier avec le rachat systématique dès le XVIIe s. de droits d'alpage, le négoce (par exemple la maison Jenny, Aebli & Cie dont le siège était à Vienne) et le service étranger, moins sur la protoindustrie (les entrepreneurs du textile du XIXe s. sont issus d'autres couches sociales). Les familles de notables catholiques, focalisées sur le seul service étranger, se sont drastiquement appauvries.
Au sein des Tagwen, les "habitants" (Hintersassen) sans droits politiques et aux droits économiques restreints sont peu nombreux, environ 5% de la population à la fin du XVIIIe s. L'accession au droit de bourgeoisie cantonal (Landrecht) et communal (Tagwenrecht) se raréfie au XVIIe s. Les hommes célibataires sont le plus souvent exclus de la jouissance des biens communaux, d'où les conflits fréquents entre communiers et "sociétés de garçons".
Pour les couches populaires, l'érosion de la propriété paysanne est indéniable dès le XVIIe s., et la division extrême des patrimoines conduit, au XVIIIe s., à la prolétarisation d'une fraction importante de la population, amplifiée par la croissance démographique et un droit successoral égalitaire. Néanmoins ce dernier, amendé en 1551, accorde aux fils un avantage préciputaire de 10% par rapport aux filles. A la fin du XVIIIe s., 34% des ménages déclarant des biens-fonds ne possèdent qu'une maison ou partie de maison et un minuscule jardin; seuls 7% d'entre eux ont une exploitation capable d'hiverner trois têtes de gros bétail ou plus. Cette structure sociale du foncier explique l'importance que revêtent, pour les familles qui s'adonnent aux activités protoindustrielles et dont les revenus fluctuent fortement selon la conjoncture, la politique des Tagwen quant à l'accès aux biens communaux, à l'exclusion ou non des chèvres des zones de dépaissance collective, et celle du gouvernement quant au service étranger et à la distribution des pensions. Toutes ont été sources de conflits majeurs parce que décisives dans la lutte pour les ressources des couches populaires.
Bas Moyen Age et Renaissance
Auteure/Auteur:
Ernst Tremp
Traduction:
Pierre-G. Martin
La vie religieuse du bas Moyen Age se caractérisait par la diversité des pratiques pieuses. Eglises et chapelles étaient richement dotées en indulgences et en reliques. L'église principale de G. aurait possédé à la fin du Moyen Age soixante-huit reliques, dont celle de la sainte-Croix, butin du pillage du château des seigneurs de Brandis à Maienfeld en 1499, pour laquelle on construisit une chapelle en 1510. Le "reliquaire d'or", disparu dans l'incendie de 1861, accompagnait les Glaronais dans leurs processions (fête de Näfels) et pèlerinages (à Einsiedeln). Les fêtes patronales et le carnaval étaient l'occasion de rencontres avec des visiteurs étrangers, individuels ou en groupes.
Au XIVe s, les titulaires de bénéfices paroissiaux (recteurs) étaient souvent des nobles qui ne résidaient pas et n'exerçaient par leur office personnellement; au XVe s. en revanche, ils se recrutaient en majorité, comme les prêtres, vicaires et chapelains de toute la vallée, dans le canton ou dans la Confédération. Le clergé, parfois de formation universitaire, observait en général une bonne discipline. Il était d'ailleurs sévèrement surveillé par les autorités civiles: par exemple, la commune de Schwanden formula précisément les obligations de son curé dans son règlement de 1414. Ce contrôle, s'il ne rebuta pas le jeune Ulrich Zwingli, parut si pénible à l'humaniste Glaréan qu'il refusa en 1510 la cure de Mollis.
Au Moyen Age, G. n'avait pas de couvent et refusa d'en fonder un (de prémontrés?) en mémoire des nobles tombés à Näfels en 1388. Des recluses et des béguinages sont néanmoins attestés à Mollis au début du XIVe s., à Linthal et peut-être à Schwanden au XIVe s., à G. aux XVe et XVIe s.
La vie intellectuelle s'épanouit à l'époque de l'humanisme, avec Arbogast Strub, Glaréan, Zwingli, puis Aegidius Tschudi. Rudolf Mad, secrétaire d'Etat, fut le premier historien glaronais; il rédigea une suite de la chronique de Zurich (Zürcher Chronik) pour les années 1460-1475. Fridolin Bäldi, secrétaire d'Etat catholique, et Valentin Tschudi, pasteur de G., ont narré les troubles de la Réforme.
Auteure/Auteur:
Ernst Tremp
Traduction:
Pierre-G. Martin
La Réforme se propagea à partir de Zurich, sous l'influence de Zwingli et sous la direction de Fridolin Brunner. Surgissant dans un contexte de luttes politiques et économiques, elle fit des adeptes surtout dans les milieux modestes qui, majoritaires à la landsgemeinde, avaient cependant peu de pouvoir, tandis que les familles dirigeantes de Näfels, G., Schwanden et Linthal restaient fidèles à l'ancienne foi. En 1525, la landsgemeinde fit un premier pas en décidant de supprimer le pèlerinage à Einsiedeln. Des épisodes iconoclastes eurent lieu en 1528 à Niederurnen, Obstalden, Mollis, G. (chapelle Saint-Michel), Schwanden, Betschwanden, Matt et Elm. A G. même, Valentin Tschudi, qui occupa le poste de Zwingli de 1522 à 1555, tenta une voie médiane. Après les guerres de Kappel, le premier concordat de G. (21 novembre 1532), négocié par l'entremise des Confédérés et de l'abbé de Saint-Gall, institua la parité confessionnelle.
La division religieuse marqua dès lors l'histoire cantonale (Confessionnalisme). Les V cantons tentèrent sans succès (notamment au début des années 1560) de ramener G. au catholicisme; celui-ci resta minoritaire. En dépit de conflits locaux toujours renaissants, les deux parties réussirent à maintenir la paix, grâce à des concordats très élaborés, ménageant l'équilibre des intérêts. Sans aller jusqu'à la scission comme en Appenzell, le canton se divisa à l'époque moderne en deux entités politiques largement autonomes, de plus en plus distinctes sur le plan économique et culturel.
Tandis que les familles dirigeantes catholiques renforçaient les liens, notamment matrimoniaux, avec Schwytz, les protestants restaient proches de Zurich et de son Eglise. Dès 1656, la fête commémorative de Näfels ne fut plus célébrée en commun. En 1675-1679, les catholiques glaronais obtinrent que soit construit à Näfels, sur le site de l'ancien château, et non pas comme prévu à Weesen, un couvent de capucins (de franciscains depuis 1986), qui devint l'emblème de leur foi. Ses hôtes assumaient des tâches pastorales; ils influencèrent la piété populaire et par leurs écrits (tels ceux du père Rudolf Gasser, 1695-1702) déclenchèrent une polémique confessionnelle retentissante.
Auteure/Auteur:
Ernst Tremp
Traduction:
Pierre-G. Martin
Il existait des écoles allemandes au chef-lieu dès le XVIe s. (nouveau bâtiment construit en 1568 sous la direction d'Aegidius Tschudi; division confessionnelle en 1594), à Linthal et Schwanden dès le XVIIe s., dans les autres communes dès le XVIIIe. En revanche, l'école latine créée par Zwingli en 1510 dura peu et ne fut rétablie qu'au début du XVIIIe s. Il incombait donc aux ecclésiastiques de former les jeunes Glaronais susceptibles de poursuivre des études universitaires. Ceux-ci se rendaient à Leipzig (premier cas connu en 1456), Bâle (où 114 Glaronais s'immatriculèrent entre 1460 et 1818, mais surtout dès le XVIIe s.), à Heidelberg ou à Fribourg-en-Brisgau, dès la Réforme à Vienne, Tübingen, Cologne, ainsi qu'à Paris (bourse instituée en 1498). Les catholiques disposaient de places gratuites au collège des jésuites de Lucerne et dès la fin du XVIe s. au Collegium helveticum de Milan (formation à la prêtrise). Les protestants fréquentaient de préférence, parmi les hautes écoles, le Carolinum de Zurich (75 immatriculations entre 1567 et 1807).
Dès le bas Moyen Age, certaines cures possédaient de belles bibliothèques, en particulier celle de G. sous Zwingli. Annoncée par de premiers essais en 1733 et 1744, une bibliothèque cantonale protestante fut fondée en 1761; elle devint bibliothèque publique cantonale en 1858. Les Eglises dominèrent longtemps la vie musicale. Johannes Heer, chapelain à G. au début du XVIe s., a néanmoins laissé un recueil de chants en majorité profanes. Des sociétés chorales promurent le chant protestant dès le XVIIe s. L'orgue soutint d'abord la messe: à l'église mixte de G., les catholiques eurent leur instrument dès 1692, les protestants le leur en 1746. Burkhard Tschudi, de Schwanden, fabriquait à Londres des clavecins réputés, que Händel, Haydn et Mozart ne dédaignèrent pas. Le théâtre se limitait à des spectacles sacrés; des jeux de la Passion furent représentés dans les églises catholiques dès le XVIe s. avec le soutien des autorités.
A l'époque des Lumières, quelques notables, médecins et ecclésiastiques constituaient le milieu intellectuel. Plusieurs protestants glaronais furent membres de la Société helvétique (tel le landamman Cosmus Heer, président en 1768). Déjà illustrée par les humanistes, l'historiographie le fut encore par l'érudit éclectique Johann Heinrich Tschudi, pasteur de Schwanden, auteur de la première histoire de G. imprimée (Glarner Chronik, 1714). La Neuere Glarner-Chronick de Christoph Trümpy, suffragant à Schwanden, parut en 1774, alors que restait inédite la vaste histoire glaronaise de Johann Jakob Tschudi. Ce dernier, pasteur de G., camérier du synode, s'efforça en vain d'acquérir pour le canton les archives scientifiques d'Aegidius Tschudi en 1766/1768; il défendit l'instruction publique, de même que Johann Rudolf Steinmüller, pasteur de Mühlehorn et d'Obstalden avant 1799. Le procès en sorcellerie intenté à Anna Göldi (1782), le dernier en son genre en Europe occidentale, suscita la désapprobation de certains partisans locaux des Lumières (Cosmus Heer), alors que d'autres, comme le camérier Tschudi, impliqués dans l'affaire, se retrouvèrent dans une position intenable.
L'Etat aux XIXe et XXe siècles
Histoire constitutionnelle et politique
De la République helvétique à la Régénération
Auteure/Auteur:
August Rohr
Traduction:
Pierre-G. Martin
Au début de 1798, les Glaronais saluèrent l'émancipation des sujets des cantons-villes, mais ils ne daignèrent accorder l'égalité à leurs propres sujets que sous la pression de l'armée française. La landsgemeinde refusa la nouvelle Constitution dictée par la France et décida de défendre l'ancien ordre. Le 30 avril 1798, les Glaronais luttèrent en vain, près de Wollerau, contre les Français supérieurs en nombre. Le 4 mai, un décret français réunit G., les anciens pays sujets d'Uznach, du Gaster et de Werdenberg, le pays de Sargans et le Haut-Toggenbourg (saint-gallois) et la Marche (schwytzoise) dans le canton de la Linth, pure circonscription administrative, judiciaire et électorale, sans autonomie, qui d'ailleurs ne put jamais fonctionner correctement, en raison des mouvements de troupes et occupations diverses qu'il dut subir en 1799, lors de la deuxième guerre de coalition.
La Constitution de 1803, incluse dans l'acte de Médiation de Napoléon Bonaparte, ramena pour l'essentiel l'ordre antérieur à 1798. G. redevint un canton confédéré, sans toutefois recouvrer ses anciens territoires sujets. La landsgemeinde commune adoptait les lois et les impôts. Elle se divisait par confessions pour désigner les magistrats, les fonctionnaires et les juges; on recourait fréquemment au tirage au sort, et les élus devaient comme autrefois verser de l'argent à la caisse publique et aux électeurs, sauf pour les principales magistratures, où l'élection était libre et sans frais. Cette organisation se maintint sous la Restauration (Constitution de 1814).
Comme dans d'autres cantons, le débat constitutionnel se ralluma au début des années 1830. Si les propositions de changement échouèrent devant la landsgemeinde en 1831 et 1832 (parce que les citoyens disposaient déjà des droits fondamentaux et de possibilités de participation relativement étendues), elles s'imposèrent en 1836-1837. La réorganisation de la fête de Näfels servit d'amorce. Les catholiques exprimèrent des réserves, les rénovateurs protestants répondirent en exigeant l'abolition des institutions politiques à base confessionnelle dans le canton. Décidée en 1836, la révision de la Constitution et des lois annexes fut menée à bien en quinze mois; de nouvelles autorités furent installées. Tout cela suscita une résistance catholique, contrée par une intervention militaire à Näfels et Oberurnen.
La Constitution de 1837 fit de G. "la plus achevée de toutes les démocraties suisses" (Ludwig Snell). Conformément au principe de la souveraineté populaire, la landsgemeinde se prononçait sur toutes les questions importantes. Les bourgeois du canton avaient le droit de vote dès l'âge de 18 ans. Les landsgemeinde confessionnelles disparurent, tout comme les fonctions à vie et l'élection par tirage au sort (remplacée dans tous les cas par le vote à main levée). Le pouvoir judiciaire était nettement séparé des autres (législatif et exécutif); en revanche, les 47 membres du Conseil qui, répartis en diverses commissions, constituaient le gouvernement siégeaient aussi au triple Conseil ou Landrat (parlement de 119 membres). La Commission d'Etat, nommée par la landsgemeinde, représentait le canton à l'extérieur.
En matière communale, la seule nouveauté fut la haute surveillance revendiquée par le canton; l'organisation interne ne fut pas touchée. La principale institution restait le Tagwen (commune bourgeoise), où seuls votaient les bourgeois domiciliés. Les écoles et l'assistance publique dépendaient de fonds spéciaux, gérés soit par la paroisse, soit par le Tagwen. Dans les décennies suivantes, les interventions de l'Etat portèrent en premier lieu sur le domaine scolaire.
De 1848 à la Première Guerre mondiale
Auteure/Auteur:
August Rohr
Traduction:
Pierre-G. Martin
Landsgemeinde à Glaris le 22 mai 1887. Photographie (Landesarchiv des Kantons Glarus).
[…]
Dans les débats sur le Pacte fédéral, le canton de G. soutint les efforts de révision dès les années 1830. Ses troupes participèrent en 1847 à la guerre contre le Sonderbund. Ses électeurs approuvèrent clairement les Constitutions fédérales de 1848 et 1874. Néanmoins, la landsgemeinde refusa plusieurs fois d'adapter la Constitution cantonale au droit fédéral. En 1886, elle accepta du bout des lèvres l'idée d'une révision complète, dont le résultat fut adopté avec une facilité étonnante le 22 mai 1887.
La Constitution de 1887 établit un régime solide, qui s'est perpétué dans ses grandes lignes jusqu'à nos jours. Elle instituait d'abord une séparation claire des pouvoirs. Sans doute les sept membres de l'exécutif continuaient de prendre part aux délibérations du Grand Conseil (Landrat), réduit à soixante-sept sièges (un pour 500 habitants), mais sans droit de vote. Ensuite, pour la première fois, elle réglementait l'organisation communale. Elle créait la commune politique (Ortsgemeinde), où tous les citoyens établis, bourgeois du lieu ou non, avaient le droit de vote, tout en reconnaissant comme corporations de droit public les communes bourgeoises (Tagwen), scolaires, d'assistance et ecclésiastiques. Les communes politiques eurent d'abord peu de poids face aux Tagwen. Mais comme elles se virent attribuer toutes les tâches qui ne relevaient pas indubitablement d'une autre sorte de commune, elles finirent par prendre l'avantage. Les membres de leur exécutif sont élus depuis 1889 au bulletin secret.
Tout au long du XIXe s., la vie politique fut le fait, non de partis, mais de personnalités marquantes. Cela est assurément une conséquence de la démocratie d'assemblée. La chute de la République helvétique rendit le pouvoir à quelques familles, milieu restreint auquel appartenaient encore les politiciens libéraux qui imposèrent la révision constitutionnelle de 1836-1837. Une rupture ne se produisit que vers 1840, quand certains dirigeants libéraux se retirèrent, dans un climat plus agressif. La Glarner Zeitung, unique journal de parution régulière, soutenait le gouvernement conservateur-libéral. La Société du Grutli prit pied dans le canton en 1848; dans un système qui ignorait encore les partis, elle ne joua aucun rôle lors de l'adoption de la loi sur les fabriques très progressiste de 1864, mais ses membres et ceux de la Fédération ouvrière présentèrent dans le dernier quart du XIXe s. une série d'initiatives individuelles (publiées dans le Memorial, dossier distribué aux citoyens). Les radicaux et les démocrates finirent par former des groupes au Grand Conseil dans les années 1890 et se constituèrent en partis en 1902. Les premiers avaient pour organe la Neue Glarner Zeitung, les seconds les Glarner Nachrichten, tandis que le Glarner Volksblatt appuyait le parti populaire catholique fondé en 1903. Le parti socialiste fondé en 1917 eut aussi son journal dès 1919 (Glarner Volkswacht, puis Volksstimme en 1926).
Presse glaronaise
Presse glaronaise - Hans Laupper
De l'entre-deux-guerres au début du XXIe siècle
Auteure/Auteur:
August Rohr
Traduction:
Pierre-G. Martin
Dans la perspective des élections de 1920 au Grand Conseil, organisées pour la première fois selon le système proportionnel, les radicaux prirent le nom de parti populaire du rassemblement bourgeois (Allgemeine Bürgerliche Volkspartei), afin de séduire les paysans et les artisans, tandis que les démocrates se montraient prêts à accueillir les grutléens et les membres de la Fédération ouvrière dans le parti démocrate et ouvrier (Demokratische und Arbeiterpartei). Les radicaux perdirent la majorité absolue, mais conservèrent la première place, suivis des démocrates alliés aux grutléens. Les partis catholique (auj. PDC) et socialiste n'ont jamais pu combler l'écart, en dépit des progrès enregistrés dans les décennies suivantes.
Jusqu'en 1942, le gouvernement comptait trois radicaux et trois démocrates (auj. UDC), le siège traditionnellement réservé aux catholiques étant occupé par le parti conservateur populaire dès 1917. Les socialistes entrèrent au gouvernement en 1942, aux dépens des radicaux. Ils acquirent un deuxième siège en 1956 (pris aux démocrates), le cédèrent au parti conservateur chrétien-social en 1966, à qui ils le reprirent en 1994, pour quatre ans; les radicaux s'en emparèrent en 1998. En 2002, le PS enleva un siège à l'UDC. La réduction du gouvernement à cinq membres à plein temps, exigée par la nouvelle loi sur l'administration, fut réalisée en 2006. Le parti bourgeois démocratique, fondé en 2008 à la suite d'une scission au sein de l'UDC, est représenté depuis 2010 au Grand Conseil et à l'exécutif (un membre). Depuis la perte du siège socialiste en 2014, tous les membres du gouvernement glaronais sont issus du camp bourgeois.
Sièges du canton de Glaris à l'Assemblée fédérale 1919-2015
| 1919 | 1928 | 1939 | 1943 | 1955 | 1967 | 1975 | 1979 | 1987 | 1991 | 1999 | 2003 | 2007 | 2011 | 2015 |
---|
Conseil des Etats |
PRD | 1 | 1 | 1 | 1 | | | 1 | 1 | 1 | 2 | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 |
PDC | | | | | | | | 1 | 1 | | | | | | |
Démocrates/UDC | 1 | 1 | | 1 | 1 | 2 | 1 | | | | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 |
Autres | | | 1 | | 1 | | | | | | | | | | |
Conseil national |
ABV/PRD | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 | | | | | | | | | |
Démocrates/UDC | 1 | 1 | 1 | | | | | 1 | 1 | | | | | | |
PS | | | | 1 | 1 | 1 | 1 | | | 1 | 1 | 1 | 1 | | |
PBD | | | | | | | | | | | | | | 1 | 1 |
Total | 2 | 2 | 2 | 2 | 2 | 2 | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 |
Sièges du canton de Glaris à l'Assemblée fédérale 1919-2015 - Statistique historique de la Suisse; Office fédéral de la statistique
Le Conseil d'Etat du canton de Glaris 1982-2014
| 1982 | 1986 | 1990 | 1994 | 1998 | 2002 | 2006 | 2010 | 2014 |
---|
PRD | 2 | 2 | 2 | 2 | 3 | 3 | 2 | 2 | 2 |
PDC | 2 | 2 | 2 | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 |
PS | 1 | 1 | 1 | 2 | 1 | 2 | 1 | 1 | |
UDC | 2 | 2 | 2 | 2 | 2 | 1 | 1 | | 1 |
PBD | | | | | | | | 1 | 1 |
Total | 7 | 7 | 7 | 7 | 7 | 7 | 5 | 5 | 5 |
Le Conseil d'Etat du canton de Glaris 1982-2014 - Statistique historique de la Suisse; Office fédéral de la statistique; Chancellerie d'Etat
Le Landrat du canton de Glaris 1920-2014
| 1920 | 1935 | 1944 | 1950 | 1959 | 1968 | 1971 | 1978 | 1982 | 1990 | 1998 | 2002 | 2006 | 2010 | 2014 |
---|
ABV/PRD | 30 | 29 | 26 | 25 | 24 | 27 | 27 | 25 | 27 | 23 | 24 | 26 | 23 | 12 | 12 |
Conservateurs catholiques/PDC | 7 | 10 | 9 | 9 | 12 | 13 | 14 | 17 | 17 | 15 | 13 | 13 | 12 | 6 | 6 |
PS | 6 | 9 | 13 | 13 | 14 | 15 | 12 | 15 | 14 | 15 | 15 | 12 | 12 | 8 | 7 |
Démocrates/UDC | 6 | 25 | 19 | 21 | 26 | 24 | 22 | 20 | 22 | 22 | 21 | 21 | 26 | 17 | 17 |
Verts | | | | | | | | | | 3 | 5 | 6 | 6 | 7 | 7 |
PBD | | | | | | | | | | | | | | 10 | 9 |
Vert'libéraux | | | | | | | | | | | | | | | 2 |
Autres | 16a | | 1 | | | 2 | 2 | | | 2 | 2 | 2 | 1 | | |
Total | 65 | 73 | 68 | 68 | 76 | 81 | 77 | 77 | 80 | 80 | 80 | 80 | 80 | 60 | 60 |
a Attribution à des partis impossible
Le Landrat du canton de Glaris 1920-2014 - Statistique historique de la Suisse; Office fédéral de la statistique; Chancellerie d'Etat
La révision complète de la Constitution, adoptée en 1988 après une assez longue gestation, visait à en moderniser la formulation, mais sans apporter de changements fondamentaux. Les principales nouveautés touchent l'organisation communale (réglementation détaillée) et judiciaire: en première instance, une même cour traite désormais les affaires civiles et pénales; le tribunal administratif créé en 1986 est confirmé. L'incompatibilité entre les charges de député et de juge renforce la séparation des pouvoirs. Dans le même esprit, il est interdit aux membres du gouvernement de siéger dans un exécutif communal.
Activités de l'Etat et de l'administration
Première moitié du XIXe siècle
Auteure/Auteur:
August Rohr
Traduction:
Pierre-G. Martin
Les autorités de la République helvétique avaient des buts ambitieux et largement inatteignables. On en revint à plus de réalisme en 1803, les tâches de l'Etat se limitant à l'exercice des magistratures, à la représentation face à l'extérieur, ainsi qu'à l'assistance publique et à l'approvisionnement en temps de crise (par exemple lors des années de disette 1816-1817). Sur le plan communal, les activités étaient encore plus modestes. Cette retenue de l'Etat avait néanmoins pour avantage que l'initiative privée pouvait se déployer sans entraves.
Le désir de se protéger contre certains risques fut encore le moteur d'innovations telles que les assurances sur le bétail (1806) et sur les bâtiments (1811). En 1824, le Conseil interdit le travail de nuit dans les fabriques, par crainte des incendies. En 1833, le canton reprit la surveillance des carrières d'ardoise d'Engi. La répartition des comptes de l'Etat en diverses rubriques et la pratique du bilan annuel sont un héritage de la République helvétique, dont l'influence se retrouve aussi dans le fait qu'on ait imprimé pour la première fois, en 1807, l'ensemble des lois en vigueur. La pure nécessité imposa la perception régulière d'un impôt sur la fortune (foncière et immobilière) ainsi qu'un impôt personnel; ainsi se mit en place précocement un élément important du financement moderne de l'Etat.
L'activité de celui-ci augmenta nettement dans les années 1820. Il devenait urgent de s'occuper du réseau routier, qui ne répondait plus aux besoins d'une économie en plein essor. En trois décennies, le canton refit presque toutes les voies principales et en assuma l'entretien, à la place des communes, dès 1835. Il en résulta un triplement de sa dette. En revanche, le développement de l'instruction publique fut surtout à la charge des communes. Vers 1830, un tiers seulement des enfants fréquentait régulièrement l'école. La construction de vingt-deux bâtiments scolaires entre 1832 et 1844 améliora nettement la situation. Dès 1837, l'enseignement fut placé sous la surveillance du canton, qui rendit l'école obligatoire jusqu'à 12 ans. En 1866, les communes furent autorisées à prélever un impôt scolaire; en outre, le canton assuma dès 1873 jusqu'aux trois quarts du déficit éventuel, ainsi que les contributions aux écoles secondaires.
Glaris, pionnier en politique sociale
Auteure/Auteur:
August Rohr
Traduction:
Pierre-G. Martin
Au début de l'industrialisation, les enfants d'âge scolaire (moins de 12 ans) étaient envoyés régulièrement à l'usine avant et après l'école. En 1846, le gouvernement interdit cette pratique dans les filatures mécaniques (dans toutes les branches dix ans plus tard). En même temps, il limita la journée de travail à quatorze heures en général, mais à treize heures pour les équipes diurnes et onze pour les équipes nocturnes dans les usines pratiquant le travail de nuit (à nouveau autorisé). La landsgemeinde confirma ces dispositions en 1848. Après l'interdiction du travail dominical (1858), elle fit un pas de plus en 1864, contre la volonté du gouvernement et du Grand Conseil, en limitant la durée normale du travail à douze heures et en prohibant le travail de nuit. En outre, elle institua un congé maternité de six semaines. A cette époque, une telle protection des ouvriers de fabrique n'existait qu'en Angleterre, où l'industrialisation avait commencé un demi-siècle plus tôt. Si le canton de G. a joué un rôle de pionnier dans le domaine de la législation sociale, c'est à la démocratie directe sous forme de landsgemeinde qu'il le doit.
Les mesures de protection se concrétisèrent d'autant mieux que le contrôle n'incombait pas aux communes, mais à une commission cantonale qui visitait régulièrement les usines. En 1872, la landsgemeinde ramena la journée normale de travail à onze heures. La loi cantonale sur les fabriques fut ainsi le modèle de la loi fédérale de 1878 sur le même objet, élaborée d'ailleurs par un conseiller fédéral (Joachim Heer) qui, tout comme l'un des trois premiers inspecteurs fédéraux des fabriques (Fridolin Schuler), était glaronais. Par la suite, le canton continua de montrer la voie dans le domaine social. En 1892, la landsgemeinde adopta une loi contenant des mesures de protection (notamment la journée de onze heures) en faveur des employés des entreprises non soumises à la loi sur les fabriques. G. fut le premier canton à se doter d'une assurance vieillesse et invalidité en 1916 (elle servait par exemple une rente annuelle de 180 francs à un homme de 66 ans ayant cotisé à raison de 6 francs par an pendant trente-trois ans) et d'une assurance chômage en 1925.
De la fin du XIXe siècle à nos jours
Auteure/Auteur:
August Rohr
Traduction:
Pierre-G. Martin
Après l'adoption de la Constitution fédérale de 1874, les activités du canton et des communes furent de plus en plus soumises au droit fédéral, d'abord dans des domaines comme l'armée, l'état civil, les forêts, la chasse, la protection des travailleurs. Cette tendance se renforça durant les deux guerres mondiales. La Confédération régla l'accroissement de la production agricole (plan Wahlen), le rationnement des denrées alimentaires, l'internement de soldats étrangers et introduisit un impôt fédéral direct. Dans la seconde moitié du XXe s., elle garda la haute main sur l'agriculture et la protection civile, ou la prit dans des domaines nouveaux (assurances sociales, aménagement du territoire, autoroutes, formation professionnelle, protection de l'environnement). Au début du XXIe s., canton et communes ne sont souvent que les organes d'exécution de lois décidées sur le plan national.
Malgré tout, il leur reste une marge de manœuvre. En 1872 déjà, la landsgemeinde avait soumis l'impôt sur la fortune à un taux progressif. Introduit après la Première Guerre mondiale (en 1920) à titre d'appoint, l'impôt sur le revenu ne devint la ressource principale qu'en 1970. On décida en 1877 de construire un hôpital cantonal à G. (ouvert en 1881). Le canton attendit 1892 pour s'attribuer le contrôle de l'exploitation des cours d'eau (taxe créée en 1908). En prenant une participation dans les sociétés des Forces motrices du Nord-Est (1914) puis de la Linth-Limmern (1957), il devint producteur et distributeur d'énergie électrique. Il fonda sa banque cantonale en 1884 et son assurance mobilière en 1894. Lors de la grave crise économique des années 1930, il mit sur pied, avec les communes, de grands programmes d'occupation. Après plusieurs tentatives, il parvint en 1956 à instituer une école décernant la maturité, évitant aux Glaronais désireux d'obtenir ce diplôme l'obligation de fréquenter les gymnases des cantons protestants du Plateau ou les écoles abbatiales de Suisse centrale.
Au niveau inférieur du système fédéraliste, les communes se sont vu attribuer des tâches de plus en plus complexes, surtout dans le dernier quart du XXe s., ce qui suppose que même celles de petite taille disposent, comme c'est le cas depuis longtemps dans les plus grandes, d'un personnel spécialement formé. La Constitution de 1988 permet au canton d'imposer des directives, par exemple en 1997 un plan comptable unifié et des règles de tenue des livres. Le nombre des groupements volontaires de communes a augmenté.
Société, économie et culture aux XIXe et XXe siècles
Population et habitat
Auteure/Auteur:
August Rohr
Traduction:
Pierre-G. Martin
L'évolution démographique s'articule en quatre phases: une assez longue période de croissance (jusqu'en 1870, à un taux légèrement inférieur à la moyenne suisse), trois décennies de recul, puis un nouvel essor (de 1900 jusqu'au point culminant de 1960) suivi d'un déclin. Ces phases peuvent être entrecoupées de moments où la tendance s'inverse: stagnation des années 1840, recul des années 1930, essor des années 1980. Le canton comptait près de 23 000 âmes vers 1800, soit 1,35% de la population suisse, et un peu plus de 35 000 en 1870. En 1900, ce chiffre s'était réduit à 32 000, en raison de la chute de l'indiennerie, ce qui représentait alors moins de 1% de la population suisse. Au XXe s., le taux de croissance resta nettement inférieur à la moyenne nationale, à cause de la croissance comparativement faible du secteur tertiaire. On retrouva en 1930 le niveau de 1870; après le pic de 1960 (40 100 habitants), on retomba à 38 200 âmes en 2000 (soit 0,53% de la population suisse).
Jusqu'en 1930, les trois régions du canton connurent une évolution démographique parallèle, si ce n'est que les variations furent un peu plus marquées dans les quatre communes du Mittelland, tant à la hausse entre 1850 et 1870 qu'à la baisse dans les années 1890. Elles gardèrent donc un poids relatif à peu près constant (Hinterland 40%, Mittelland 30%, Unterland 30%). Mais on observe après 1930 et plus encore après 1960 (même si la phase d'essor général entre 1945 et 1960 cache temporairement le phénomène) que le Hinterland se dépeuple, tandis que le Mittelland stagne et que l'Unterland est en croissance, si bien qu'en 2000, la situation s'est inversée: Hinterland 27,6%, Mittelland 30,9% et Unterland 41,5%.
Le canton connut au cours du XIXe s. une forte émigration, supérieure même, entre 1870 et 1900, à l'excédent des naissances (avant de diminuer nettement). Cependant, l'immigration augmenta à la même époque et la part des étrangers passa de 2,2 à 4,8% de la population. Cette part atteignit 9% en 1930; elle se réduisit ensuite temporairement, mais elle subit une nouvelle et forte hausse dès les années 1950 et, dans un contexte de recul démographique général, elle s'inscrivait à près de 20% en 2000.
Vers 1800, le territoire glaronais était déjà assez densément peuplé. On y trouvait de gros villages, des hameaux et des fermes isolées. Les localités occupaient des sites prudemment éloignés des berges de la Linth et des flancs raides de la vallée. Mais la croissance démographique obligea à coloniser des endroits moins sûrs. La population se concentra dans les villages industriels, caractérisés par les maisons en ordre contigu, construites non plus en bois, mais en pierre, de petite taille (rarement plus de quatre pièces), dotées à l'arrière d'un bûcher et d'un abri pour la chèvre qui, avec le potager à l'extérieur du village, assurait aux ménages une certaine autonomie alimentaire. Cette disposition offrait un maximum d'espace vital tout en occupant un minimum de terrain.
Les nouveaux quartiers surgirent en général, comme les grandes usines, dans les zones plates du fond de la vallée, rendues utilisables par les puissantes digues qui, dès le XVIIe s., continrent la Linth dans un lit étroit. En aval de Mollis, le canal Escher (1811), creusé dans le cadre des travaux de correction de la Linth, amena celle-ci dans le lac de Walenstadt. Les villas de fabricants apparurent vers 1830; les entrepreneurs cherchaient à se distinguer par des demeures de prestige, même si la vraie richesse ne se manifestait souvent que dans la décoration intérieure. Le déclin démographique après 1870 stoppa la croissance de l'espace bâti jusqu'à ce que l'essor économique amène, dès les années 1960, la création de nombreux quartiers de villas familiales et l'édification de quelques immeubles-tours.
Economie
Auteure/Auteur:
Hans Laupper
Traduction:
Pierre-G. Martin
Vers 1800, l'économie glaronaise était en triste état. Les guerres de la Révolution avaient rompu les liens internationaux des compagnies commerciales. La concurrence des filés mécaniques anglais réduisait au chômage les fileuses à domicile. En outre, les passages de troupes avaient dévasté le canton en 1799.
L'agriculture restait le secteur dominant, mais elle n'occupait que 50% de la population active (ou trois personnes sur six), ce qui était très bas par rapport aux 80% pour l'ensemble de la Suisse. Elle mettait l'accent sur la production laitière, écoulée sur le marché local où la demande s'accroissait. L'industrie du coton employait deux personnes sur six, du moins avant la grave crise qui était en train de frapper sa branche principale, le filage à la main. Seule une partie des chômeurs put se reconvertir dans le tissage à la main, en plein essor. L'indiennerie n'était pas encore très développée. Les arts et métiers et le commerce se partageaient le reste des emplois, soit un sur six.
La prépondérance du textile
Auteure/Auteur:
August Rohr
Traduction:
Pierre-G. Martin
Les deux premières décennies du XIXe s. permirent de rétablir la situation. Des maisons de commerce réussirent à trouver de nouveaux débouchés, d'abord pour les produits du tissage manuel. Le travail en fabrique fit sa percée entre 1820 et 1840, années qui virent tout à la fois le rôle moteur de l'indiennerie et l'apparition de la filature mécanique. L'essor des toiles peintes résulte de la volonté des entrepreneurs glaronais de conquérir de nouveaux marchés en Italie, dans l'Empire ottoman et en Inde. Grâce aux exportations, l'impression des étoffes occupait environ 3200 personnes en 1840, les filatures et tissages mécaniques environ 1000. Le tissage manuel employait encore environ 2300 ouvriers. L'industrie du coton faisait donc vivre plus de 40% de la population active. La part de l'agriculture était tombée à 25%. Ces chiffres montrent avec éloquence que les Glaronais furent des pionniers de l'industrialisation en Suisse et en Europe.
Indienneuses de l'entreprise des frères Streiff à Glarus. Photographie, vers 1920 (Museum des Landes Glarus, Näfels).
[…]
La croissance subit pourtant un coup de frein au début des années 1840, en même temps que s'effondrait le tissage manuel. Mais elle reprit dans la seconde moitié de la décennie déjà et se maintint jusque vers 1870. Alors qu'ailleurs nombre d'indienneries fermaient leurs portes, l'impression sur étoffe connut à G. un nouvel essor, à cause de la haute qualité de ses produits. Les filatures et les usines de tissage en profitèrent. L'industrialisation rapide du canton se manifesta aussi dans son raccord précoce au réseau ferroviaire national, par l'entremise de l'Union-Suisse et des chemins de fer du Nord-Est (la bourgade de G. est atteinte en 1859, le village de Linthal en 1879).
Au moment de son apogée (vers 1865), l'industrie textile occupait plus de 9700 personnes, soit 80% des travailleurs du secteur secondaire. Mais, dès les années 1870, une chute dramatique toucha l'impression sur étoffe, qui passa de 6100 emplois à 2000 en 1900 et à un reliquat presque insignifiant de 340 à la veille de la Deuxième Guerre mondiale. La filature et le tissage résistèrent mieux, en se tournant vers le travail de la laine et de la soie; les effectifs passèrent de 3600 ouvriers vers 1865 à 4900 en 1900, pour retomber à 3200 en 1940. La part du coton, de presque 100% en 1900, avait reculé à 75% en 1940. L'industrie textile représentait encore 40% des travailleurs du secteur secondaire en 1940.
La diversification
Auteure/Auteur:
August Rohr
Traduction:
Pierre-G. Martin
Malgré le déclin de cette industrie, le secteur secondaire garda longtemps la prépondérance. Entre 1870 et 1950, il occupa constamment quelque 11 000 personnes (env. deux tiers de la population active) et ne connut que deux moments de faiblesse passagère (1910 et 1940). Le maintien de sa position est dû surtout au développement de trois nouvelles branches: la confection de vêtements, la métallurgie et les machines (Therma à Schwanden), le bâtiment. La première (env. 1400 ouvriers avant la Première Guerre mondiale) ne fut dépassée par les deux autres qu'à la fin des années 1920 (effectifs en 1940: 750, 1600 et 1450 personnes).
Le secteur primaire (agriculture et forêts) connut un recul lent, mais constant. Il passa entre 1860 et 1940 de 3500 emplois à 2500 (de 22 à 15% de la population active) et fut distancé dès 1900 par les services. Ceux-ci occupaient 4200 personnes en 1940, dont un cinquième dans le commerce, un sixième dans l'hôtellerie, un dixième dans les transports et communications et un dixième dans la santé. Quant aux banques et aux assurances, elles employaient en tout et pour tout 170 personnes. A cette date, 25% de la population active glaronaise travaillait dans ce secteur, de dix points inférieur à la moyenne suisse de 35%. Canton industriel, G. ne pouvait rivaliser avec les centres urbains pour les services.
Structure de l'emploi du canton de Glaris 1860-2000a
a Sans la population occupée à temps partiel jusqu'en 1960
b Total de la dernière colonne moins les secteurs primaire et secondaire, y compris "inconnu"
c Population "présente"
d L'importance des "sans indication" (2 264) en 2000 rend difficile la comparaison avec les recensements précédents.
Structure de l'emploi du canton de Glaris 1860-2000 - Statistique historique de la Suisse; recensements fédéraux
Après la Deuxième Guerre mondiale, on assista d'abord à un nouvel essor de l'industrie, dû surtout à la métallurgie, aux machines et au bâtiment, mais auquel participa aussi le textile. Le secteur secondaire atteignit son apogée en 1960, avec 13 700 emplois et 69% de la population active (la moyenne suisse était de 47%). Le recul qui suivit fut d'autant plus marquant. En 1990, l'industrie n'offrait plus que 9500 emplois; les pertes touchèrent surtout le textile. La métallurgie et les machines progressèrent encore jusqu'en 1970; elles dépassèrent alors le textile, autrefois dominant, en maintenant un effectif de 2900 ouvriers.
La croissance des services se poursuivit (en particulier celle du commerce de détail, des banques et des assurances), si bien que le secteur tertiaire en vint à surpasser dans les années 1990 l'industrie et l'artisanat. En 2000, il offrait 10 700 emplois, contre 8100 pour le secteur secondaire. Cependant, G. reste un canton industriel. On le voit en parcourant la liste des cinq plus grandes entreprises en 2000: fabrique de machines de Netstal (pour le moulage à injection, 1922), Eternit (éléments de façades et de toits, 1903), Therma (appareils ménagers intégrables, 1907, reprise par Electrolux en 1978), fabrique d'éléments en plastique de Schwanden (1973), F.+C. Jenny (fils et tissus, 1834).
Société
Auteure/Auteur:
August Rohr
Traduction:
Pierre-G. Martin
Durant le premier tiers du XIXe s. on retrouva dans presque toutes les charges publiques importantes les mêmes noms que sous l'Ancien Régime, les Blumer, Heer, Schindler, Tschudi et Zwicky, plus rarement les Zweifel. Manquaient à l'appel les Marti et les Streiff. L'impression de continuité est cependant trompeuse, car dans bien des cas le pouvoir était passé à des branches nouvelles de ces vieilles familles. Désormais, les hommes politiques étaient pour la plupart à la tête d'une fortune acquise dans le commerce. Les gros négociants évincèrent de plus en plus les grands propriétaires fonciers et les entrepreneurs militaires dans les positions sociales supérieures.
Aubergistes, meuniers, boulangers, petits commerçants et marchands-fabricants formaient la classe moyenne. Puis venait le groupe majoritaire des simples citoyens sans fortune. Une moitié environ de la population assurait son existence grâce à une petite exploitation agricole. Un tiers vivait, plutôt mal, du tissage à domicile. Telle était la misère due aux guerres et à la cherté des vivres qu'entre 1800 et 1820 un bon cinquième de la population dépendait de l'assistance. Les "habitants" étaient le seul groupe social privé de droits. Ils n'avaient ni droit de vote en matière communale, ni accès aux biens communaux (exclusion rendue plus supportable par l'évolution vers une société moins agricole). Ils devaient en outre payer une taxe annuelle de résidence. Pauvres pour la plupart, les "habitants" se divisaient en deux catégories: Beisassen possédant le droit de cité cantonal glaronais et donc le droit de vote à ce niveau, Hintersassen, étrangers au canton.
La cloche de la fabrique d'indiennes Egidius Trümpy à Glarus (Museum des Landes Glarus, Näfels; prêt de la commune scolaire de Glaris).
[…]
L'essor de l'industrie textile après 1820 donna naissance à deux groupes sociaux, les industriels et les ouvriers de fabrique. Les premiers se firent vite une place à côté des gros négociants et accédèrent aux magistratures. Les ouvriers représentèrent dès la seconde moitié du XIXe s. plus de la moitié de la population active. Leur nombre fit leur force à la landsgemeinde. Néanmoins, il existait parmi eux une hiérarchie sociale et salariale. Au sommet se trouvaient les dessinateurs et les graveurs, puis les imprimeurs sur étoffe. Ensuite venaient les tisserandes, les fileuses et finalement les manœuvres. Les journées étaient longues et pénibles. Pour survivre, une famille ouvrière devait envoyer tous ses membres travailler à l'usine. Presque rien n'était prévu pour compenser les pertes de salaire dues à la maladie, à l'invalidité ou à la vieillesse. C'est pourquoi la tradition se maintint de cultiver un potager (légumes, pommes de terre) et d'élever quelques chèvres.
Dans le dernier quart du XIXe s., la société devint plus diverse et colorée, notamment à cause de l'immigration de plusieurs centaines d'Italiens qui s'engagèrent dans l'industrie textile et le bâtiment. Ils apportèrent leur langue et leur mentalité, tout en renforçant la minorité catholique. On enregistra aussi une immigration d'artisans, originaires surtout d'Allemagne et d'Autriche. La part des étrangers atteignit près de 9% de la population en 1914; elle ne bougea guère jusqu'en 1950, puis passa à 18% en 1970.
Bien que certains aient craint alors une surpopulation étrangère, la cohabitation resta pacifique. Depuis les années 1980, la majorité des immigrés viennent d'ex-Yougoslavie (2706 personnes, soit 34% de la population étrangère en 2000) et de Turquie (913 personnes, 12%). Leur intégration est une tâche exigeante pour les communes et les écoles.
Auteure/Auteur:
August Rohr
Traduction:
Pierre-G. Martin
Au début du XIXe s., la religion marquait encore fortement la vie quotidienne. Le dogme chrétien servait de ligne morale et les Eglises assumaient de nombreuses fonctions en dehors du culte, dans le domaine de l'école et de l'assistance. Dans chaque paroisse, un consistoire, qui portait le nom de Stillstand, composé du pasteur, des députés au Conseil et du président du Tagwen, exerçait l'autorité de surveillance. La division entre les Eglises protestante et catholique était nette, tant dans leur organisation que dans leur esprit. La minorité catholique trouvait un appui dans les institutions politiques à base confessionnelle. Du côté protestant, on comptait quinze paroisses; le synode se composait des pasteurs et de quatre députés au Conseil. Du côté catholique (un Glaronais sur huit vers 1850), il n'y avait que deux paroisses (Näfels et G.); séparées en 1814 du diocèse de Constance, elles furent soumises en 1819 à l'administration provisoire du diocèse de Coire.
La coexistence pacifique fut brusquement remise en cause dans les années 1830, à l'occasion du débat sur la procession de Näfels. A la landsgemeinde de 1834, des protestants demandèrent que celle-ci soit transformée en une fête nationale pour tous les Glaronais. On décida de confier le prêche alternativement à un pasteur et à un curé, mais, en 1835, les catholiques ne voulurent y consentir que sous réserve de l'approbation de leurs autorités. Les protestants y virent une tentative d'intervention étrangère. La querelle s'envenima et conduisit à l'abolition de la division confessionnelle des institutions cantonales. La nouvelle Constitution (1837) garantissait aux deux confessions le droit de gérer leurs affaires comme elles l'entendaient. Dans la pratique, les difficultés continuèrent toutefois: en 1838, les prêtres catholiques furent bannis et l'on interdit à l'évêque de Coire de se mêler des affaires ecclésiastiques du canton. Il fallut attendre une vingtaine d'années pour que se dessine un apaisement.
L'influence des Eglises subit une nouvelle limitation dans les années 1870, quand la landsgemeinde attribua la responsabilité des écoles, de l'assistance et de l'état civil à des institutions laïques. Les consistoires cédèrent la place aux conseils de paroisse. Le rapport numérique entre les deux confessions se modifia peu à peu: en raison de l'immigration, la part des catholiques augmenta, pour atteindre presque un tiers de la population en 1930 et 37% en 2000, ce qui se traduisit par la construction de nouvelles églises et la fondation de paroisses. Parallèlement, la part des protestants baissa (75% de la population en 1900, 44% en 2000). La Constitution de 1988 accorda sa protection aux deux Eglises cantonales et garantit leur autonomie; à cette date, 10% déjà des Glaronais se déclaraient sans confession ou adeptes d'une autre religion. Actuellement, les deux Eglises officielles sont confrontées au problème du recul de la pratique religieuse.
La formation et la culture dépendaient encore étroitement, au début du XIXe s., de l'Eglise. Les initiatives en faveur des écoles secondaires, d'une meilleure formation des maîtres et d'une adaptation des moyens d'enseignement vinrent des milieux ecclésiastiques, avant que l'Etat ne prenne ces responsabilités. Des esprits éclairés créèrent dès les années 1830 des sociétés de lecture. L'Etat finança dès 1858 une bibliothèque cantonale, qui peut compter sur le soutien de ses "Amis", constitués en société en 1997. La fondation de la Société cantonale de chant prend place dans ce contexte, tandis que la Société d'histoire et celle des beaux-arts apparurent en réaction à la perte de documents et de monuments historiques lors de l'incendie de 1861. Leurs collections ont trouvé place au Musée du canton de G. à Näfels (1946) et au Musée des beaux-arts de G. (1952). Le cabinet de curiosités de la Société des sciences naturelles (fondée en 1883) est accessible au public depuis 2004 dans une ancienne usine d'Engi. Une école de musique ouvrit en 1905 déjà, grâce à une initiative privée; depuis 1971, elle bénéficie d'un soutien public. La Société des concerts et du théâtre organise des manifestations depuis 1920. Le Heimatschutz glaronais travaille depuis 1932 à la sauvegarde du patrimoine bâti.
Sources et bibliographie
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- Glarner Wirtschaftsarchiv, Schwanden
- LAG
- LBGL
- Landsbuch des Kantons Glarus mit Ergänzungen, 1807-1978
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- Staatskalender des Kantons Glarus, 1885-
- B. Stettler, éd., Aegidius Tschudi, Chronicon Helveticum, 13 parties, 1968-2001
- Gesetzessammlung des Kantons Glarus, 1978-
- SDS GL, 1983-1985
Aperçu historiographique- G. possède une riche tradition historiographique. La première histoire cantonale dépassant le niveau de la simple chronique est celle de Johann Peter Aebli (1831), qui s'arrête en 1438. En 1836, paraît la Geschichte des Landes Glarus de Johann Melchior Schuler, qu'il étudie jusqu'au début du XIXe s. Oswald Heer et Johann Jakob Blumer publient en 1846 une remarquable histoire du canton dans la collection Historisch-geographisch-statistisches Gemälde der Schweiz. Au XXe s., Jakob Winteler a écrit une histoire cantonale (2 vol., 1952-1954) qui fait référence; exhaustive, elle va de la préhistoire à la Deuxième Guerre mondiale, dans une perspective événementielle et politique. Les relations entre le canton et la Confédération sont au cœur du volume Glarus und die Schweiz, publié en 1991. Un recueil orienté vers l'histoire culturelle et la microhistoire a paru en 2004 (Glarner Geschichte in Geschichten). L'édition critique du Chronicon Helveticum d'Aegidius Tschudi, par Bernhard Stettler, a rendu plus accessible un document de première importance pour l'histoire glaronaise - et suisse -, ce que fait aussi la publication, dans la collection des Sources du droit suisse, des volumes consacrés à Glaris, dus à Fridolin Stucki. Tandis que l'industrialisation a fait l'objet d'une monographie vers 1900 déjà (Adolf Jenny-Trümpy), l'émigration, autre thème central de l'histoire glaronaise moderne, attend encore son historien.
Séries, bibliographies- JbGL, 1865-
- Neujahrsbote für das Glarner Hinterland, 1967-
- Glarner Bibliographie, 1996-
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- Das Bürgerhaus im Kanton Glarus, 1919
- E. Buss, Die Kunst im Glarnerland von den ältesten Zeiten bis zur Gegenwart, 1920
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- G. Thürer, Kultur des alten Landes Glarus, 1936
- I. Tschudi-Schümperlin, J. Winteler, Wappenbuch des Landes Glarus, 1937 (réimpr. 1977)
- H. Jenny-Kappers, Der Kanton Glarus: ein beschreibender Katalog der gedruckten Landkarten und Pläne, Ortsansichten und Landschaften, von den Anfängen bis 1880, 1939
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Suggestion de citation
Hans Laupper; Martin Peter Schindler; Ernst Tremp; Rolf Kamm; Karin Marti-Weissenbach; Anne-Lise Head-König; August Rohr: "Glaris (canton)", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 30.05.2017, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/007374/2017-05-30/, consulté le 06.12.2024.