Le mot avalanche (autrefois lavanche, lié au latin labi, glisser) est emprunté au franco-provençal alpin (1487, à Fribourg). Il désigne une masse de neige dévalant rapidement de la montagne. Les avalanches ont menacé de tous temps les habitants des Alpes (catastrophes naturelles). Elles sont mentionnées pour la première fois en Suisse en 1302, quand l'évêque de Constance Heinrich von Klingenberg érigea en église paroissiale la chapelle de Morschach jusqu'alors filiale de Schwytz, parce que les chemins conduisant à cette dernière localité étaient souvent balayés par des avalanches. Au bas Moyen Age, des lettres mettant à ban des forêts montrent toute l'importance du problème et prouvent que la fonction protectrice de la forêt était connue (forêt à ban). Chroniques illustrées, procès-verbaux des conseils, almanachs témoignent directement de catastrophes dès la fin du Moyen Age. Florian Sprecher, chancelier de la Ligue des Dix-Juridictions à Davos, décrit par exemple une avalanche qui, en 1440, détruisit deux maisons et tua 11 personnes dans le village, mais épargna le futur landamman Niggo Schlegel retrouvé vivant après 24 heures. De tels événements étaient manifestement relatés lorsqu'ils concernaient des circonstances, des personnages ou des sinistres exceptionnels. C'est ainsi que la première représentation figurée d'une avalanche montre comment l'empereur Maximilien Ier réussit à échapper, au cours d'un voyage en 1517, à trois avalanches en forme de grosses boules de neige. Cette image devait d'ailleurs prédominer jusqu'au XIXe siècle, les avalanches mouillées de printemps permettant de mieux expliquer le phénomène que les avalanches poudreuses de l'hiver, dont les traces dans le paysage ne se remarquent souvent pas.
On trouve pour la première fois des explications rationnelles sur la formation et le déroulement des avalanches, ainsi que sur les moyens de s'en protéger, dans l'ouvrage sur l'histoire naturelle de la Suisse de Johann Jakob Scheuchzer (1716-1718). L'auteur signale l'éperon ou étrave protégeant l'église de Frauenkirch-Davos, toujours en place. Il mentionne des avalanches descendues entre 1478 et 1699 où, à côté de quelques villageois, ce furent surtout des mercenaires et des paysans se rendant vers leurs étables éloignées qui perdirent la vie.
Quelques avalanches survenues dans les Alpes suisses
Hiver | Lieux | Nombre de victimes |
---|---|---|
1440 | Davos | 11 |
1459 | Disentis | 16 |
1519 | Loèche-les-Bains | 61 |
1609 | Davos | 16/26 |
1636 | Randa | 36 |
1667 | Anzonico | 33 |
1687 | Meiental (Wassen), Gurtnellen | 23 |
1689 | Saas im Prättigau, Sankt Antönien, Davos | 80 |
1695 | Bosco/Gurin | 34 |
1719 | Loèche-les-Bains | 55 |
1720 | Ftan, Obergesteln, Randa | 131/132 |
1749 | Bosco/Gurin, Rueras (Tujetsch), Ossasco (Bedretto) | 118 |
1808 | Gersau, Selva (Tujetsch), Obermad (Gadmen) | 55/56 |
1827 | Biel, Selkingen | 52 |
1851 | Ghirone | 23 |
1863 | Villa (Bedretto) | 32 |
1950/1951 | Vals, Andermatt, Airolo, etc. | 98 |
1970 | Reckingen | 30 |
1999 | Evolène | 12 |
L'étude scientifique du phénomène commença à la fin du XIXe siècle. L'inspecteur fédéral en chef des forêts Johann Wilhelm Fortunat Coaz apporta en 1881 dans son œuvre Die Lauinen der Schweizeralpen des explications révolutionnaires sur l'origine des avalanches, leur déroulement et leurs dégâts (statistique des avalanches), de même que sur les mesures prises pour les contrer. En 1931, la création de la Commission suisse de recherche sur les avalanches (plus tard Commission pour l'étude de la neige et des avalanches) devint la pierre angulaire d'une analyse scientifiquement fondée et de la conception de nouvelles mesures de protection: à l’issue des premières recherches effectuées sur le terrain à partir de 1935 naquit en 1943 l'Institut fédéral pour l'étude de la neige et des avalanches à Davos. Premier du genre dans le monde, il contribua à rendre les avalanches plus prévisibles, par des recherches intensives, des conseils pratiques et, dès 1945, par les avis d'avalanche nationaux, il permit de prendre des mesures architectoniques et opérationnelles efficaces.
L'hiver catastrophique 1950-1951 (98 morts, 1300 avalanches destructrices) confirma l'urgence de ces travaux. Avec des parois de protection (20 km en 1951, 400 km en 1999, plus de 500 km en 2010), des déclenchements artificiels, des fermetures de routes et le repérage des zones dangereuses, la menace se trouva fortement réduite, bien que l'intensité des constructions dans les vallées alpines et le développement du tourisme hivernal aient créé de nouveaux problèmes. Cela fut démontré de façon impressionnante lors de l'hiver 1998-1999 (17 morts, environ 700 avalanches destructrices), où la fermeture de routes et le blocage des touristes dans les stations ou dans les régions d'accès causèrent des dommages indirects comparables au préjudice direct des avalanches.