Dans l'Antiquité, Nekropolis (littéralement, "cité des morts") fut le nom donné à un quartier funéraire de la ville hellénistique d'Alexandrie (Egypte). Dès le XIXe s., le terme de "nécropole" désigne un groupe de sépultures à caractère monumental, réunies à la manière des édifices d'une ville. Dans le jargon spécialisé des archéologues, le terme est souvent utilisé de façon plus large dans la mesure où il s'applique à tout groupe important de sépultures aménagé à l'écart de l'habitat, même quand les marquages de surface ou les monuments font défaut.
Témoignant de préoccupations à la fois sanitaires et religieuses, la coutume d'enterrer les morts à l'écart des habitats est aussi ancienne que la pratique funéraire elle-même (Rites funéraires). Elle restera la règle de la Préhistoire jusqu'au haut Moyen Age. Pour les périodes précédant l'époque romaine, rares sont toutefois les exemples de nécropoles pour lesquelles les habitats ont été reconnus. De ce fait, il est difficile de savoir quelle proportion - sans aucun doute très modeste - de la population a été enterrée dans ces lieux spécifiques et quelles règles de sélection ont été appliquées. A toutes les époques, il existe à l'évidence d'étroites relations entre l'agencement des nécropoles, les pratiques funéraires et l'organisation sociale et/ou politique des communautés. Ces problématiques délicates occupent d'ailleurs une place centrale dans le débat scientifique.
Sur l'actuel territoire suisse, la tombe isolée la plus ancienne est datée entre 5400 et 5000 av. J.-C. (Arlesheim). Dès le Ve millénaire (Néolithique ancien), on voit naître, en particulier dans la région lémanique et dans la vallée du Rhône, de petits groupes de sépultures à inhumation, dont les tombes se caractérisent souvent par des coffres de dalles ou de planches (cistes) à l'intérieur desquels les défunts sont placés en position fléchie. Entre 4300 et 3200 av. J.-C. se développent des nécropoles plus importantes, réunissant quelques dizaines de tombes à ciste, souvent destinées à recevoir plusieurs individus (Pully-Chamblandes, Corseaux). Jusqu'alors discrète, la présence du mobilier devient plus affirmée.
Entre la fin du IVe millénaire et 2200 av. J.-C., on voit apparaître une architecture à la surface du sol, sous la forme de dolmens dans le Jura et dans les Alpes. Sur le site fameux du Petit-Chasseur, à Sion, sont érigés de véritables monuments comprenant des chambres funéraires collectives à inhumations successives.
Au début de l'âge du Bronze (env. 2200-1500 av. J.-C.), l'inhumation individuelle est à nouveau la règle. Apparue au Néolithique final, la pratique de la sépulture sous tumulus (grand tertre circulaire de terre et/ou de pierres) perdure au Bronze ancien et moyen (env. 2200-1400 av. J.-C.; Vufflens-la-Ville, Châbles). Par la suite, l'incinération (Crémation) s'impose progressivement et les tumulus sont abandonnés au profit de petits groupes de tombes, sans monuments visibles, recelant souvent une urne cinéraire et des offrandes (Möhlin, Tolochenaz, Lausanne-Vidy). Au premier âge du Fer (Hallstatt, env. 800-480 av. J.-C.), les tumulus refont leur apparition. On connaît alors des nécropoles comprenant plusieurs dizaines de tertres, telle celle d'Unterlunkhofen. Durant la même période, on assiste également, sauf au Tessin, à un retour progressif à la pratique de l'inhumation, qui restera la règle jusqu'à La Tène moyenne (IVe-IIe s. av. J.-C.). Le milieu du premier millénaire voit en outre l'aménagement de plusieurs sépultures privilégiées sous tumulus, qualifiées parfois de princières et caractérisées par un très riche mobilier (Anet, Grächwil, Payerne).
Au second âge du Fer (La Tène, env. 480-30 av. J.-C.), on assiste à un nouvel abandon des tumulus au profit de groupes de tombes à inhumation plus ou moins importants, le plus souvent sans superstructure monumentale (tombes "plates"). On ignore presque tout du marquage au sol des sépultures, sauf au Tessin où sont attestés des tertres de pierres circulaires, des stèles allongées ou des lits de pierres rectangulaires au-dessus des inhumations. Plusieurs des grands cimetières d'époque celtique connus sur le Plateau suisse sont utilisés de La Tène ancienne à La Tène moyenne (IVe-début du IIe s. av. J.-C.; Münsingen, Saint-Sulpice VD, Gempenach); d'autres, plus rares, se développent durant la première moitié de La Tène finale (env. 150-80 av. J.-C.; Berne-Enge, Lausanne-Vidy). Entre le Ier s. av. J.-C. et le premier tiers du Ier s. apr. J.-C., on ne connaît pratiquement plus de nécropoles sur le Plateau, sans que l'on puisse en connaître la raison. Au sud des Alpes, au contraire, certaines nécropoles continuent à être utilisées jusqu'à l'époque romaine (Locarno-Solduno).
L'époque romaine voit un essor spectaculaire des nécropoles, dès le deuxième quart du Ier s. apr. J.-C. Chaque agglomération civile ou militaire, chaque domaine rural en possède une ou plusieurs. Dans les villes, le choix de l'emplacement de ces sites est défini à la fois par le souci de respecter la législation romaine interdisant l'ensevelissement à l'intérieur du territoire urbain et par une volonté de maintenir un contact régulier entre le monde des morts et celui des vivants. Ainsi, la plupart d'entre eux se développent à la sortie des agglomérations, le long des voies de circulation. Dans les établissements agricoles, on signale régulièrement la présence de cimetières ou de groupes de tombes, souvent placés en marge du domaine, parfois le long d'une voie. Les grands propriétaires terriens ont eux aussi leurs tombes et monuments funéraires familiaux. Le plus souvent, ces édifices ostentatoires occupent un emplacement privilégié.
L'organisation interne des cimetières gallo-romains est mal connue. La plupart des ensembles funéraires donnent, de prime abord, l'impression d'une certaine anarchie, impression sans doute parfois liée à leur longue durée d'utilisation, mais aussi et surtout à la disparition quasi totale des aménagements de surface qui devaient en régir l'agencement (chemins, haies, fossés, clôtures, etc.). Le marquage au sol des sépultures devait être le plus souvent très discret (tertres, stèles, etc.), l'érection de véritables monuments en pierre ou en maçonnerie demeurant exceptionnelle.
De manière générale, on n'observe que rarement des regroupements par sexe ou par catégorie d'âge, même si l'existence de secteurs réservés aux sépultures infantiles est signalée à plusieurs reprises. Des groupes de tombes plus ou moins isolés pourraient correspondre à des regroupements familiaux, mais les moyens d'en faire la preuve font défaut. Jusqu'au IIIe s. apr. J.-C., la pratique de l'incinération est la règle, sauf dans le monde alpin, traditionnellement conservateur. Dès le Bas-Empire (IVe-Ve s. apr. J.-C.) et jusqu'au haut Moyen Age, avec la généralisation de l'inhumation et la régulation de l'orientation des sépultures, se développent, toujours en marge des habitats, dans des ruines antiques parfois, de grandes nécropoles à tombes alignées (dites "en rangées") comptant plusieurs centaines de sépultures (Avusy-Sézegnin, Yverdon-les-Bains, Sion, Kaiseraugst, Bonaduz). Rarement préservé, le marquage au sol reste en général assez sobre (tertres, dalles horizontales, stèles de bois, etc.). Apparaissent aussi ça et là des églises cimétériales, à l'emplacement d'un antique édifice du souvenir (memoria) ou d'une ou plusieurs sépultures privilégiées. Dès l'époque carolingienne, s'imposera pour longtemps l'inhumation dans des cimetières aménagés à proximité des églises paroissiales.