
Après le traité de Lyon (1601), qui lui était très défavorable, le duc de Savoie Charles Emmanuel chercha à prendre sa revanche en s'emparant de Genève qu'il revendiquait comme ville sujette. L'opération fut préparée en secret afin d'éviter de provoquer Henri IV et les cantons protestants. La nuit du 11 au 12 décembre 1602 (ancien style, soit 21-22 décembre nouveau style), les troupes savoyardes, menées par Charles de Simiane, seigneur d'Albigny, tentèrent d'envahir Genève par surprise. L'avant-garde, forte de deux ou trois cents hommes avaient déjà escaladé la muraille de la Corraterie, quand l'alerte fut donnée. Des combats s'engagèrent dans les rues. Un soldat, Isaac Mercier, réussit à baisser la herse de la porte Neuve, par laquelle le gros des assaillants s'apprêtait à faire irruption dans la ville, ce qui marqua l'échec du coup de force, qui coûta la vie à une centaine de personnes (dix-sept Genevois). Le duc de Savoie, après avoir encore tenté de conquérir la ville par des manœuvres diplomatiques auprès des Bernois, dut se résoudre aux négociations. Elles aboutirent à la paix de Saint-Julien (1603), qui reconnaissait implicitement l'indépendance de Genève.
L'échec de l'Escalade connut un grand retentissement. Les Genevois et leurs amis réformés y virent la main de la Providence. L'événement, dont le Musée d'art et d'histoire de Genève conserve des trophées, est le plus célèbre et le plus célébré de l'histoire genevoise (commémorations religieuses et civiles dès le premier anniversaire). Ce qui devait devenir l'hymne genevois, le Cé qu'é laino ou chant de l'Escalade fut composé peu après. Actuellement, l'évocation de l'Escalade culmine chaque année dans un cortège historique (organisé régulièrement depuis 1919) et dans une course à pied (dès 1978) très populaires; figure devenue emblématique de l'Escalade, la mère Royaume, connue pour avoir jeté des projectiles sur les Savoyards, occupe une place importante dans les festivités.