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Excommunication

Fondée sur des bases néotestamentaires, l'excommunication est la peine spirituelle la plus importante que l'Eglise médiévale ait développée. Elle consiste en une exclusion temporaire de la communauté ecclésiale, mais non, du moins en général, en une désaffiliation de l'Eglise que le baptême rendrait impossible. Contrairement au ban, l'excommunication n'était pas prononcée par des tribunaux temporels, mais spirituels. Jusqu'à la fin du Moyen Age, l'excommunication, comme la pénitence à laquelle elle était jusqu'alors liée, sanctionnait les péchés graves et publiquement établis. Dans le droit canon (Droit ecclésiastique), l'excommunication est qualifiée depuis le pape Innocent III (1198-1216) de peine médicinale (poena medicinalis) avec l'interdit et la suspension (retrait de la charge spirituelle), ce qui la distingue des peines expiatoires (poena vindicativa). L'excommunication devait ainsi contraindre à la réflexion et au retour dans la communauté ecclésiale. L'importance de la sanction varia considérablement avec le temps. Au Moyen Age, l'excommunié se voyait exclu des sacrements ainsi que du service divin et les relations sociales avec les autres chrétiens lui étaient interdites. Au bas Moyen Age, l'excommunication avait de plus des conséquences légales qui privaient l'individu de certains droits, comme ceux de conduire un procès, d'être cité à témoin ou d'acquérir des fiefs. Elle devint une menace efficace pour imposer des jugements ecclésiastiques et servit souvent à faire rentrer des redevances ou rembourser des dettes. En Suisse aussi, les officialités la prononcèrent dans des procès de créances, ce qui provoqua des oppositions parfois violentes. Les Confédérés et leurs alliés tentèrent de se prémunir contre ces abus par la conclusion de traités, comme la Charte des prêtres (1370), pour que les tribunaux ecclésiastiques ne puissent contrecarrer l'établissement de leur seigneurie territoriale. Dans les Temps modernes, l'excommunication fut réduite à ses conséquences spirituelles dans l'Eglise catholique aussi bien que protestante et fut prononcée de plus en plus rarement. Elle n'en reste pas moins une sanction reconnue par le canon 1331 du Codex Iuris Canonici de 1983. Les Eglises protestantes la connaissent pour faire respecter la discipline ecclésiastique (Consistoires).

Sources et bibliographie

  • TRE, 5, 159-190
  • F. Elsener, «Die Exkommunikation als prozessuales Vollstreckungsmittel», in Studien zur Rezeption des gelehrten Rechts, 1989, 152-164
  • R. Pahud de Mortanges, Zwischen Vergebung und Vergeltung, 1992
  • Th. Albert, Der gemeine Mann vor dem geistlichen Richter, 1998
Liens

Suggestion de citation

René Pahud de Mortanges: "Excommunication", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 06.11.2006, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/009625/2006-11-06/, consulté le 29.03.2024.