Terme calqué de l'allemand Bürgermeister désignant, surtout dans l'espace germanophone, le premier magistrat d'une ville. Dans les régions francophones voisines, on utilisait parfois le terme de maître-bourgeois. Le bourgmestre est le chef et l'émanation des Conseils municipaux qui se constituent dès le Moyen Age; il apparaît d'abord dans les villes épiscopales rhénanes vers 1220-1230, puis en Suisse (Bâle 1253) et en Allemagne du Sud. Nommé par les bourgeois, il était au début soumis à l'autorité des représentants du seigneur (Avoyer, Mayor, major ou maire, Amman), lesquels présidaient le Conseil, la basse justice et parfois même la haute justice. Quand les communes s'affranchirent de leurs seigneurs, le pouvoir revint au bourgmestre (à Bâle par exemple) ou à l'avoyer (à Berne, Berthoud, Fribourg, Lucerne). Dans quelques villes, le bourgmestre se maintint comme lieutenant de l'avoyer (notamment à Fribourg jusqu'au XVIe s.), comme chef de la police (Fribourg, Soleure) ou des finances (Berthoud). A Bienne, il devint en 1542 représentant du mayor épiscopal. A Lausanne, il prit la tête de la ville en 1529. Dans le nord-est de la Suisse, il s'imposa grâce aux régimes corporatifs: à Zurich lors de la révolution de Brun (1336), à Bâle (reconnaissance de 1337), à Saint-Gall (1354), à Schaffhouse (1411), à Stein am Rhein (1458) et à Coire (reconnaissance de 1464, une fois surmontée l'opposition de l'évêque). Des bourgmestres villageois sont attestés dans les localités thurgoviennes relevant de l'abbaye de Reichenau.
Les compétences du bourgmestre différaient de ville en ville. Comme président du Conseil, il conduisait les débats et faisait procéder au vote. Il dirigeait l'administration municipale et représentait la ville (donc l'Etat dans les villes souveraines) face à l'extérieur. Parfois il lui incombait de faire appliquer les ordonnances de police et les statuts municipaux, de prononcer des amendes dans les affaires mineures, de surveiller l'exécution des décisions de justice et de contrôler les marchés. A Genève, ces tâches revenaient aux syndics. Le bourgmestre était élu de manière variable selon le lieu et l'époque: par le Grand Conseil (Schaffhouse dès 1411), par le Petit Conseil (Bienne dès le XVe s.), par les bourgeois (Saint-Gall dès 1354); à Zurich, par les corporations, puis dès 1713 par le Grand Conseil; à Bâle, par les deux Conseils dès 1521 (auparavant il était nommé par l'évêque). Parfois il y avait plusieurs bourgmestres, aux compétences inégales. Le système de l'alternance (annuelle ou semestrielle) se mit en place aux XIVe-XVe s.: deux bourgmestres (Zurich, Bâle, Boudry, Coire, Schaffhouse) ou trois (Saint-Gall) se partageaient la charge, l'un étant "en fonction" (ou "régnant", "nouveau"), l'autre "en réserve", "ancien" ou "reposant". A Saint-Gall, le troisième revêtait la charge de bailli impérial. La brève durée des mandats (comme à Saint-Gall ou Lausanne) n'empêchait pas des charges à vie par le biais des réélections; les tendances oligarchiques firent apparaître dans plusieurs villes, dès le bas Moyen Age, des dynasties de bourgmestres. Supprimés sous la République helvétique, rétablis temporairement en 1803, les bourgmestres cédèrent définitivement la place au milieu du XIXe s. aux présidents de commune, de ville ou de gouvernement.