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Karl Ludwig vonHaller

1.8.1768 à Berne, 20.5.1854 à Soleure, prot. puis cath. (1820), de Berne et, en 1829, de Soleure. Fils de Gottlieb Emanuel (->). Petit-fils d'Albert (->). 1806 Katharina von Wattenwyl, fille de David Salomon Ludwig, officier au service de Hollande, bailli de Fraubrunnen, membre du Grand Conseil.

Portrait de Karl Ludwig von Haller. Lithographie de Friedrich et Hans Hasler pour la Galerie Nationale: les Suisses célèbres des temps modernes, publiée de 1867 à 1888 (Collection privée).
Portrait de Karl Ludwig von Haller. Lithographie de Friedrich et Hans Hasler pour la Galerie Nationale: les Suisses célèbres des temps modernes, publiée de 1867 à 1888 (Collection privée).

Après des études à la haute école (académie) de Berne, H. se lança dans la carrière publique. En 1797, il rencontra Napoléon Bonaparte en Italie du Nord comme envoyé de la République de Berne et fit partie de la délégation au congrès de Rastatt. En février 1798, il élabora un projet de constitution pour le gouvernement bernois. Il combattit la République helvétique et la révolution avec sa revue Helvetische Annalen". Menacé d'arrestation, il s'enfuit en Allemagne du Sud et travailla pour l'administration autrichienne à Vienne de 1799 à 1805. Nommé professeur de droit public (1806), censeur (jusqu'en 1809) et vice-recteur de l'académie de Berne, il entra en 1810 au Grand Conseil de ville et au Petit Conseil en 1811. Sous la Restauration, il fut élu au Grand Conseil de la République de Berne (1814). Il cosigna la "Déclaration" (Urkundliche Erklärung) de 1815 qui tint lieu de constitution cantonale, en évitant le mot, et accéda en 1816 au Conseil secret de Berne. La même année parut le premier volume de son œuvre maîtresse, Restauration der Staatswissenschaft (traduite sous le titre Restauration de la science politique), qui lui valut rapidement une célébrité internationale et dont le titre donna son nom à l'époque. En 1817, H. abandonna l'enseignement, qui lui apportait peu de succès. Son activisme politique et des écrits comme son traité sur les Cortès espagnoles (1821) renforcèrent sa réputation de réactionnaire ultra, acoquiné avec les représentants de la Sainte-Alliance, tel le ministre de Bavière en Suisse, Johann Franz Anton von Olry. La révélation au printemps 1821 de sa conversion au catholicisme (d'abord tenue secrète) eut un écho européen; privé de toutes ses charges par le Grand Conseil bernois (11 juin 1821), il reprit le chemin de l'exil. Il devint en 1824 publiciste attaché au ministère des Affaires étrangères à Paris. Peu après la révolution de Juillet 1830, il vint s'établir à Soleure, où il dirigea la députation ultra au Grand Conseil (1834-1837), tout en cultivant ses relations avec les milieux conservateurs et réactionnaires européens. Rédacteur inlassable de brochures contre le libéralisme, la franc-maçonnerie et la révolution en général, il ressentit la guerre du Sonderbund, l'Etat fédéral et les révolutions qui embrasèrent le continent en 1848-1849 comme des défaites personnelles scellant l'échec de toute son œuvre.

Page de titre de l'ouvrage dans lequel Haller explique sa conversion au catholicisme. Texte français et allemand, Stuttgart, 1821 (Bibliothèque nationale suisse).
Page de titre de l'ouvrage dans lequel Haller explique sa conversion au catholicisme. Texte français et allemand, Stuttgart, 1821 (Bibliothèque nationale suisse). […]

Dans sa théorie politique, H. prend le contre-pied de la doctrine de Rousseau qui veut que l'Etat procède d'un libre accord entre individus. Selon lui, l'idée d'égalité, base de la notion de contrat social, est une illusion face à l'inégalité qui est un fait. La domination du fort sur le faible est bien plus conforme à la loi naturelle et à la volonté divine; tout souverain est un représentant de Dieu et règne par Sa grâce. Programme "fondamentaliste" de la contre-révolution et déclaration de guerre à la modernité, cette tentative de légitimation rationaliste de l'Ancien Régime exerça un très fort rayonnement, même s'il ne fut pas durable. Elle influença le romantisme politique (Adam Müller, Achim von Arnim), la conception de l'Etat des catholiques ultras (Louis de Bonald, Joseph de Maistre), et les idées des conservateurs berlinois postromantiques (cercle chrétien-germanique des frères Gerlach, Frédéric-Guillaume IV); elle trouva des partisans dans tous les pays d'Europe. Surnommé "le restaurateur", H. fut une personnalité d'envergure européenne, dont les réflexions stimulèrent presque tous les politiciens, penseurs et publicistes conservateurs de son époque.

Sources et bibliographie

  • Restauration de la science politique, 6 vol., 1824-1875 (all. 1816-1834, réimpr. 1964)
  • Fonds, AEF et BBB
  • E. Reinhard, Karl Ludwig von Haller, 1933
  • Ch. Pfister, Die Publizistik Karl Ludwig von Hallers in der Frühzeit, 1975
  • R. Roggen, "Restauration" - Kampfruf und Schimpfwort, 1999
  • F.W. Bautz, Biographisch-bibliographisches Kirchenlexikon, 17, 2000, 587-614
Liens
Notices d'autorité
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Suggestion de citation

Albert Portmann-Tinguely: "Haller, Karl Ludwig von", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 27.11.2007, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/010657/2007-11-27/, consulté le 31.03.2023.