Notion aux acceptions diverses, dont plusieurs sont importantes en historiographie. La représentation, au sens philosophique et psychologique, est le fait de rendre sensible quelque chose d'absent, d'abstrait ou de passé. L'historien construit ou reconstruit une représentation du passé. En politique, elle est le fait d'agir au nom d'un groupe, en vertu d'un mandat. Elle est une fiction juridique dans la mesure où "les représentants ne sont pas chargés d'exprimer la volonté de ceux qui les ont élus, mais sont censés agir à leur place" (Gerhard Göhler). En Suisse, cette fiction s'est réalisée dans des institutions représentatives (Assemblée d'états, Diète des Ligues grises, Diète fédérale, Parlement, Démocratie) et dans certains processus (élections, tirage au sort, mandat, exercice d'une charge en alternance). En français, la représentation a aussi un sens juridique (fait d'agir à la place de quelqu'un dans l'exercice d'un droit); on parle aussi de représentation diplomatique.
Dans l'expression "être en représentation" survit un sens vieilli (fait de montrer aux yeux de tous sa condition sociale, par son train de vie, par son comportement) que la sociologie germanophone a repris en l'appliquant aux symboles du pouvoir, qui "représentent" l'Etat: figures gravées sur les monnaies et les sceaux, armoiries, bâtiments officiels, vêtements de fonction (Châteaux, Habillement). Partant de concepts développés par Carl Schmitt et Otto Brunner, Jürgen Habermas a nommé "espace public de représentation" (repräsentative Öffentlichkeit) le cadre dans lequel le pouvoir prédémocratique se donne en représentation "devant" le peuple, par opposition à la représentation politique du peuple par le parlement dans la démocratie représentative.