1489 à Gap (Dauphiné), 13.9.1565 à Neuchâtel. Fils d'Antoine, notaire apostolique, et d'Anastasie d'Orcières. 1558 Marie Thorel, fille d'un réfugié français. F. monte à Paris vers 1509 et fait des études de lettres. Professeur de grammaire au collège Cardinal-Lemoine, il est influencé par l'humaniste Lefèvre d'Etaples. Il participe au mouvement évangélique dans le diocèse de Meaux (1521-1523); ses convictions religieuses, proches de celles de Zwingli, l'obligent à émigrer. A Bâle, l'hostilité d'Erasme, qui s'oppose à la Réforme, lui vaut d'être exclu de la ville en 1524; il devient prédicateur à Montbéliard. Après des visites à Strasbourg, où il entre en contact notamment avec Martin Bucer, et à Metz, F. entreprend une mission itinérante à Aigle, Lausanne, Orbe, Grandson, Yverdon, Neuchâtel et Genève. Sous son impulsion, Neuchâtel passe à la Réforme en 1530. Au synode de Chanforan (val d'Angrogne au Piémont), en 1532, il est présent aux discussions qui aboutissent à la fusion des vaudois avec la Réforme. De 1532 à 1536, il prêche à Genève à plusieurs reprises. Après un accueil initial hostile, il gagne des adeptes et le Conseil général de Genève adopte la Réforme en mai 1536. F., prédicateur passionné, n'avait pas les dons de vision et d'organisation nécessaires pour la construction de la ville réformée. Deux mois après le vote de mai, il convainc Calvin, de passage à Genève, d'y rester et de participer à la tâche d'évangélisation. En octobre 1536, F. mène la délégation de pasteurs à la dispute de Lausanne, qui permet l'installation de la Réforme dans le Pays de Vaud. A Genève, F. et Calvin se trouvent rapidement en conflit avec le gouvernement (sur des questions d'autorité respective de l'Eglise et de l'Etat) et avec la population (qui n'apprécie guère que deux prédicateurs étrangers empiètent sur sa liberté). A Pâques 1538, ils sont bannis de la ville. F. se rend à Neuchâtel, où il devient premier pasteur et où il restera jusqu'à la fin de sa vie, tout en voyageant souvent en Allemagne, en Suisse et en France.
Avec Calvin et Viret, F. forme le "triumvirat" (le mot est de Bucer) de la Réforme francophone. Tandis que les deux premiers se distinguent par leur activité prolifique d'écrivains, l'importance de F. est autre. Il est le pionnier du mouvement de réforme: à Meaux, à Bâle, à Metz, à Strasbourg, à Neuchâtel, à Genève, à Lausanne, F. donne la première impulsion. C'est lui aussi qui amène Calvin et Viret au pastorat. Conscient comme Luther du pouvoir de l'imprimé, il installe en 1533 à Neuchâtel le premier imprimeur pleinement réformé, Pierre de Vingle, et il attire à Genève en 1536 celui qui allait devenir l'imprimeur de Calvin, Jean Girard. F. a publié une quinzaine d'ouvrages, tous en français. Là encore il fait œuvre de pionnier: premier écrit de la Réforme francophone (Le Pater noster et le Credo en françoys, 1524), premier exposé systématique de la doctrine réformée en français (Summaire et briefve declaration... en 1529, et non 1525), première liturgie réformée en français (La maniere et fasson qu'on tient en baillant le sainct baptesme, 1528?). Sa doctrine est christocentrique (Jesus sur tout et rien sur lui, titre d'un manuscrit de 1530); sur la Cène, il souligne, comme Zwingli, l'idée que le pain et le vin signifient le corps et le sang du Seigneur.
En 1558, son union avec une jeune fille de 18 ans fait scandale. C'est la fin des rapports chaleureux entre lui et Calvin (qui refuse de venir bénir le mariage), mais c'est une illustration du caractère entier de F. qui refuse de céder. Cet engagement total se manifeste encore pendant l'hiver 1565, quand les fidèles de Metz le prient de leur venir en aide. La fatigue de ce long voyage en plein hiver lui sera fatale.