5.10.1886 à Halle an der Saale, 3.8.1965 à Hösbach (Franconie), protestant, puis catholique (1950), Allemand. Professeur de langue et littérature allemandes.
Wolfgang Stammler, fils de Karl Eduard Julius Theodor Rudolf Stammler, philosophe du droit, et de Franziska (Fanny) née da Silva e Costa, originaire de Lisbonne, grandit à Halle. Après sa maturité en 1904, il étudia la philologie germanique, l'histoire et l'histoire de l'art aux Universités de Halle, Berlin et Leipzig, passa son examen d'Etat en 1908 et obtint son doctorat à Halle. Il fut ensuite instituteur à Hanovre jusqu'en 1914. En 1911, Stammler épousa Lilli Katharina Hildegard Loening, issue d'une famille juive convertie au christianisme. Karl Friedrich Loening (Zacharias Loewenthal jusqu'en 1847), grand-père de Lilli Katharina Hildegard, avait entretenu comme éditeur des relations étroites avec l'entourage de Heinrich Heine au sein du mouvement littéraire du Vormärz. Le couple, qui divorça en 1930, eut deux enfants: Heinrich Stammler, premier professeur de langues et littératures slaves à l'Université du Kansas, et Almut Stammler.
Stammler obtint son habilitation en philologie germanique à l'école polytechnique de Hanovre en 1914. Aviateur durant la Première Guerre mondiale, blessé à plusieurs reprises, il fut décoré de la Croix de fer de première et seconde classe. Il fut professeur de langue et littérature allemandes à l'Université de Dorpat (Tartu) en Estonie (1918-1919), membre du corps franc (Freikorps) Hülsen (1919-1920), puis professeur extraordinaire à l'école polytechnique de Hanovre jusqu'en 1924. La même année, Stammler fut nommé professeur ordinaire de philologie germanique à l'Université de Greifswald. En 1931, il participa en tant que professeur à un échange académique à Londres, Oxford et Manchester. Avant son départ, il prononça à l'Université de Greifswald un discours intitulé Germanisches Führerideal (17.1.1931) à l'occasion du soixantième anniversaire de la fondation de l'Empire allemand. Rhéteur éloquent, membre d'une société d'étudiants pratiquant le duel au sabre, Stammler aspirait dans ce discours au renouveau d'une «conscience germanique», qui n'avait «en principe aucun rapport avec la forme du crâne ou la couleur des cheveux».
Bien qu'il n'ait jamais adhéré au Parti national-socialiste des travailleurs allemands (parti nazi, national-socialisme), Stammler fut membre de diverses organisations proches de ce dernier, telles que la section marine de la SA (Marine-Sturmabteilung) et la Ligue nationale-socialiste des enseignants (Nationalsozialistischer Lehrerbund). Le 10 mai 1933, il fut impliqué dans l'autodafé, sur la place du marché de Greifswald, de livres qualifiés de non allemands. En mai de la même année, il publia Für den deutschen Geist dans la Greifswalder Zeitung et, en 1934, le poème Verkündigung dans le recueil de poésie Uns trägt ein Glaube, dédié au ministre de la propagande nazi Joseph Goebbels. Le 5 décembre 1936, Stammler fut mis à la retraite sans justification en vertu du sixième paragraphe de la loi sur la restauration de la fonction publique de 1933. Les raisons de son licenciement restent peu claires; les nécrologies invoquent une possible sanction à la suite de remarques critiques à l'encontre du nazisme lors de conversations informelles ou de lourdes dettes, accumulées au fil des ans. Une pension et l'argent d'un contrat d'édition permirent à Stammler de vivre décemment comme chercheur privé à Berlin jusqu'en 1939. Durant la Deuxième Guerre mondiale, il fut responsable en 1941 du département de presse et de propagande de l'aviation allemande en Norvège. La même année, il postula en vain pour une chaire à l'Université de Hambourg. Après avoir été démobilisé, il s'installa en 1946 à Lochham près de Munich (après une étape à Neubeuern), puis en 1948 à Hösbach.
En 1951, Stammler fut nommé professeur ordinaire de philologie germanique à l'Université de Fribourg, où il enseigna jusqu'à sa retraite en 1957. Ses recherches portèrent d'une part sur l'histoire de la pensée médiévale avec ses répercussions dans les différents types de littérature jusqu'à la fin du Moyen Age, et d'autre part sur la linguistique, en particulier sur l'interaction entre parole et image. Auteur de nombreuses publications, dont 22 pour la seule période de son ordinariat à Fribourg, éditeur de la Deutsche Philologie im Aufriss, de la Zeitschrift für deutsche Philologie et du Wolfram-Jahrbuch, il écrivit en outre trois volumes de la série Texte des späten Mittelalters et plusieurs contributions dans la Neue Deutsche Biographie. Son intérêt pour les Lumières se manifesta dans la préparation de la deuxième édition augmentée des œuvres de Gotthold Ephraim Lessing (Lessings Gesammelte Werke, 1958). Stammler fut également coéditeur de dictionnaires renommés, notamment le Reallexikon der deutschen Literaturgeschichte (1925-1931), Die deutsche Literatur des Mittelalters. Verfasserlexikon (1933-1955) et le Handwörterbuch zur deutschen Rechtsgeschichte (1964-1998).
Stammler reçut de nombreuses distinctions pour son intense activité de chercheur: le doctorat honoris causa de l'Université de Gand (1957), la Croix du Mérite de première classe de la République fédérale allemande (1962), le prix des Frères Grimm de l'Université de Marbourg (1965) et la création d'une chaire de professeur invité à l'Université de Fribourg (Wolfgang-Stammler-Gastprofessur für Germanische Philologie, 1991). En 2019, la chaire fut renommée Freiburger Gastprofessur für Germanistische Mediävistik après la révélation de la proximité de Stammler avec le national-socialisme.