Ancien prieuré clunisien et presqu'île du lac de Bienne (île jusqu'à la première correction des eaux du Jura), commune de Twann-Tüscherz (BE). Fondé après 1107, supprimé en 1484, le prieuré, situé dans le diocèse de Lausanne, appartenait à la province d'Allemagne et Lorraine. En 1107, le comte Guillaume II de Bourgogne et Mâcon (Guillaume III dans l’historiographie allemande) fit don à Cluny des biens qu'il possédait à Bellmund et sur «l'île des comtes». Un premier prieuré fut fondé à Bellmund, avant d'être transféré sur l'île des comtes, qui prit plus tard le nom de Saint-Pierre (saint patron du prieuré). Guillaume III l'Enfant (Guillaume IV selon la numérotation allemande), fils de Guillaume II, y fut enterré le 10 février 1127 le lendemain de son assassinat à Payerne. Des fouilles archéologiques ont révélé que ce lieu de sépulture se plaçait dans une longue tradition (tombes mérovingiennes, couvent carolingien en bois), ce qu'indique bien le nom d'île des comtes. L'avouerie passa des comtes de Bourgogne aux comtes de Kibourg au XIIIe siècle, peut-être par l'intermédiaire des Zähringen, puis temporairement aux comtes de Nidau dans la première moitié du XIVe siècle et enfin à la ville de Berne à la fin du XIVe siècle.
Dans la seconde moitié du XVe siècle, le prieuré devint une sorte de dépendance de l'abbaye bénédictine de Cerlier, bien qu'il n'appartînt pas au même ordre. En 1484, il fut incorporé au chapitre collégial de Saint-Vincent de Berne, qui venait d'être fondé. Une intendance spécifique fut établie à Nidau pour gérer les biens du prieuré et l'île continua à être administrée à Cerlier jusqu'après 1500. Après la Réforme, l'île fut attribuée à l'hôpital du Bas de Berne. L'église conventuelle fut détruite en 1577. Le prieuré pouvait accueillir jusqu'à cinq moines – ce nombre n'a cependant que très rarement été atteint. Il était relativement bien doté, avec des biens notamment sur la rive sud du lac. A cela s'ajoutait le droit de présentation de l'église de Port avec la chapelle de Bellmund. En 1765, le philosophe Jean-Jacques Rousseau passa plusieurs semaines sur l'île Saint-Pierre. Au début du XXIe siècle, la bourgeoisie de Berne était toujours en possession de l'île. L'hôtel, dans les bâtiments de l'ancien prieuré, le débarcadère et une réserve naturelle en font un but d'excursion apprécié.