Les variétés, ou spectacles de variétés (all. das Variété), sont une forme de divertissement (Théâtre) au cours duquel se succèdent des productions variées recourant à la parole, à la musique, à la danse, voire à des moyens d'expression artistique proches du cirque (domptage), la cohérence du programme étant assurée par un présentateur. Le mot peut désigner aussi la salle dans laquelle se déroulent les représentations (théâtre de variétés). Au début, il s'agissait de numéros musicaux ou chorégraphiques, souvent comiques, donnés dans des auberges. Dès le milieu du XIXe s. des établissements spécialisés offrant au public des attractions internationales apparurent en Angleterre, en France et dans les régions germanophones. Ils se développèrent dans le dernier quart du XIXe s., Pour satisfaire un public qui, attablé, consommait et fumait pendant le spectacle, il fallait renouveler fréquemment les troupes et les programmes.
La vogue des variétés commença en Suisse vers 1900; assez éphémère, elle toucha surtout les centres urbains et touristiques. En Suisse romande, on utilisait le terme, emprunté à l'anglais, de music-hall; le plus souvent, on ne consommait pas durant les représentations qui se donnaient dans des casinos, pourtant pourvus de salles à manger. Dès avril 1900, le Kursaal-Grand Casino de Genève, construit en 1884-1885, présenta des programmes de variétés qui, jusqu'à la Première Guerre mondiale, furent surtout prisés des touristes. Après 1924, l'activité du Casino, propriété de la ville dès 1921, reprit avec des programmes renouvelés chaque semaine pendant l'été et complétés par des revues en tournée et des productions locales. Bien que le Casino fût aussi de 1952 à 1962 le lieu des représentations d'opéra, il accueillit des spectacles de variétés, sous une forme affadie, jusqu'en 1964. A Lausanne, sous la direction de Paul Tapie, des artistes de variétés se produisirent au Kursaal dès 1901. Plusieurs directeurs se succédèrent, puis Jacques Wolff-Petitdemange reprit le flambeau après la Première Guerre mondiale et monta des opérettes, des programmes de variétés et des revues annuelles brodant sur les événements locaux. C'est surtout ce dernier type de spectacle qui attira un large public. Le Kursaal, baptisé théâtre Bel-Air en 1925, devint un cinéma en 1935.
Dès la fin du XIXe s., des spectacles de variétés provenant d'Italie furent donnés sur les scènes des casinos et théâtres urbains de Suisse italienne. Depuis la naissance en 1932 de la Radio suisse italienne, des comédiens professionnels formés ou établis au Tessin participèrent à des programmes de divertissement relevant du genre des variétés, tout en poursuivant leurs activités théâtrales.
En Suisse alémanique les variétés prospérèrent surtout à Zurich et Bâle. A Zurich, on inaugura en 1900 le Corso, conçu d'emblée comme grand théâtre de variétés. A l'instar des modèles français, la salle disposait d'un promenoir. Le programme se renouvelait tous les quinze jours et, à la fin du spectacle, on projetait sur le rideau des images cinématographiques. Mais les numéros de variétés tombèrent de plus en plus en désuétude. Après un réaménagement intérieur complet en 1934, le Corso devint un cinéma en 1947. D'autres salles fonctionnèrent à Zurich (notamment le Zentraltheater et le Palmengarten); bientôt fermées, la plupart furent transformées en cinémas.
A Bâle, on trouvait, à côté de petits établissements, la salle Sainte-Claire et le théâtre Küchlin. La salle de musique (1908), puis théâtre de variétés (juin 1927) Sainte-Claire était le principal établissement de divertissement du Petit-Bâle. On y présentait durant toute l'année des programmes renouvelés deux fois par mois: artistes de renommée internationale, chanteurs, magiciens; un orchestre accompagnait chaque numéro. Le "Clara" ferma en 1968 et le bâtiment fut démoli. Le théâtre Küchlin, construit en 1911-1912 et inscrit au patrimoine architectural depuis 2003, connut plusieurs directeurs entre 1912 et 1942. Mis à part une brève période en 1927 où il se contenta de projeter des films, il offrait des programmes où figuraient parfois de grandes vedettes telles Joséphine Baker, Maurice Chevalier et Grock. Rattaché au théâtre municipal de 1942 à 1950, il fut rénové en 1950 et consacré au cinéma.
Après la Deuxième Guerre mondiale, le cinéma et la télévision éclipsèrent progressivement les spectacles de variétés en Suisse et dans le monde. Ces derniers connurent cependant un regain de faveur dès les années 1970. Dans la foulée, on assista au cours des années 1980 à l'éclosion en Suisse d'entreprises qui organisaient à la demande et en saison des événements associant restauration et divertissement, tant pour des occasions privées que publiques.