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Batz

Unité monétaire (Monnaies) et pièce de billon (batz, demi-batz) ou d'argent (pour les multiples) en usage surtout en Suisse occidentale (Berne, Soleure, Fribourg) du XVIe s. à 1850. A l'occasion d'une réforme monétaire, Berne frappa en 1492, d'entente avec Soleure, un double Plappart (2 plapparts = 4 Kreuzer = 32 Mailles) qui se situait par sa valeur entre les petites et les grosses monnaies (argent, or) et se rattachait, sur le plan international, à quatre systèmes monétaires. Pour cette raison, il circula bientôt dans l'ensemble de la Suisse actuelle, en Allemagne du Sud, en Alsace, dans le Palatinat, l'Autriche et l'Italie du Nord. Il reçut le nom de Rollenbatzen, puis de Batzen (terme dépréciatif signifiant vraisemblablement "pièce grossière, sale"), fut appelé bätzen à Berne, mot mis en rapport, au dire de Valerius Anshelm, avec l'ours héraldique (Bär), et bache (masc.) dans le Pays de Vaud. On l'appréciait pour l'usage quotidien, mais on critiquait vivement ses imitations, italiennes notamment, aux effets inflationnistes et ses dévaluations. La campagne bernoise le refusa initialement parce que sa frappe entraînait une dévaluation de 21%.

Avers et revers d'une pièce de 5 batz en argent de la République helvétique, frappée à Berne en 1802 (Musée monétaire cantonal, Lausanne, Inv. 18784).
Avers et revers d'une pièce de 5 batz en argent de la République helvétique, frappée à Berne en 1802 (Musée monétaire cantonal, Lausanne, Inv. 18784).
Avers et revers d'un batz de la ville de Zurich, billon 1623 (Musée monétaire cantonal, Lausanne, Inv. 14878).
Avers et revers d'un batz de la ville de Zurich, billon 1623 (Musée monétaire cantonal, Lausanne, Inv. 14878).

Le batz ne fut plus frappé en Allemagne du Sud dès 1535-1536 et céda la place au gros en Suisse orientale, mais il continua de circuler de la Suisse centrale au Valais et de Bâle à Neuchâtel. Dans les cantons de Berne, Soleure et Fribourg, qui étaient liés par des accords monétaires, il supplanta la livre en tant que monnaie de compte dans le trafic des paiements (calcul en Ecu, batz et kreuzer ou en florin petit poids valant 4 batz), tout en se divisant en différentes frappes. Dans la monnaie unique de la République helvétique, le batz représentait un dixième de Franc, frappé au pied bernois. La régale des monnaies revint aux cantons en 1803, mais la plupart d'entre eux conservèrent le batz à côté du franc. La loi sur la monnaie de 1850 enfin, qui adoptait le franc comme base monétaire, abolit le batz. Les pièces furent retirées et fondues, ou devinrent objet de collection. De tous les noms d'anciennes monnaies suisses, celui du batz reste, en allemand, le plus utilisé: il désigne dans le langage familier la pièce de dix centimes, voire l'argent en général.

Sources et bibliographie

  • Idiotikon, 5, 1964-1976
  • H.-U. Geiger, Der Beginn der Gold- und Dickmünzenprägung in Bern, 1968
  • H.-U. Geiger, «Entstehung und Ausbreitung des Batzens», in Revue suisse de numismatique, 51, 1972, 145-154
Liens
En bref
Variante(s)
Bache

Suggestion de citation

Anne-Marie Dubler: "Batz", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 24.06.2002, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/013677/2002-06-24/, consulté le 28.03.2024.