Présentations publiques de produits et d'objets faites dans un but d'abord informatif - et accessoirement commercial, ce qui les distingue des foires, marchés et ventes aux enchères. Certaines expositions (artisanales, industrielles, agricoles) privilégient les aspects économiques, d'autres (à thèmes scientifiques, culturels ou politiques) ont plutôt des motifs intellectuels ou pédagogiques, mais dès les origines, ces deux éléments se mêlent dans la plupart des cas.
Les expositions ne sont pas nées des foires traditionnelles, mais bien plutôt des manifestations que suscita dans la France et l'Angleterre du XVIIIe s. le besoin de présenter au public (notamment par l'intermédiaire des académies et des Sociétés des beaux-arts) la production des artistes contemporains. En Suisse, les premières expositions d'art eurent lieu à Genève en 1789, à Zurich en 1790 (cadre privé) et en 1799 (cadre public).
L'"Exposition des produits de l'industrie française", en 1798, glorifiait la République à travers les ouvrages de ses artisans et industriels. Elle eut un grand retentissement et fut imitée dans toute l'Europe pendant les décennies suivantes, aux niveaux national, régional et local.

A l'initiative de la Société économique, Berne accueillit en 1804, en même temps que la Diète fédérale, une première exposition des beaux-arts et de l'industrie, réunissant 399 exposants de plusieurs cantons. Son directeur, Franz Sigmund Wagner, ne réussit pas à la rendre permanente, mais elle se répéta en 1810, 1818, 1824 et 1830. Sous la Régénération, tandis que se fondaient nombre de sociétés des arts et métiers, les expositions industrielles se multiplièrent dans les cantons (par exemple à Genève en 1828 et 1833, à Bâle en 1830, à Lausanne en 1833 et 1839, à Aarau en 1845, à Zurich en 1846). Une première exposition artisanale et industrielle nationale eut lieu en 1843 à Saint-Gall, suivie des 2e et 3e expositions industrielles suisses (Berne, 1848 et 1857).

Ces manifestations cantonales ou nationales avaient certes des buts commerciaux, mais elles donnaient au pays l'occasion de se présenter et constituaient en outre une sorte de baromètre du progrès, en illustrant la succession de l'invention, de l'innovation et de l'imitation dans les techniques et l'économie. Par-delà leur effet publicitaire immédiat pour les produits et les producteurs, par-delà la conquête des marchés, elles s'offraient comme un excellent médium pour la mise en scène et la diffusion des valeurs bourgeoises telles que le progrès technique, la concurrence, le travail et la construction d'une identité collective. Mais leur efficacité fut d'abord assez modeste, seules les Expositions nationales (Zurich en 1883, Genève en 1896, Berne en 1914, Zurich en 1939, Lausanne en 1964, Bienne, Neuchâtel, Yverdon-les-Bains et Morat en 2002) atteignant une vaste audience. Pour se faire connaître à l'étranger, plusieurs centaines d'exposants suisses ont pris part à chacune des Expositions universelles périodiquement organisées depuis 1851.
On vit aussi des expositions spécialisées, notamment pour la broderie (Appenzell en 1881), l'horlogerie-bijouterie (à Genève en permanence, à Neuchâtel en 1881), l'horticulture ou le matériel scolaire et didactique. Dans le domaine agricole, de nombreuses présentations de machines, d'outils, de produits ou de bétail précédèrent dès les années 1820 la première exposition générale et nationale qui se tint à Weinfelden en 1873.



Sauf dans l'agriculture, les expositions professionnelles à périodicité régulière ne datent que du XXe s.: hôtellerie (Berne en 1910), électricité (Bâle en 1913), navigation intérieure et énergie hydraulique (Bâle en 1926), horticulture (Zurich en 1933). Le développement du secteur exigea un regroupement des forces et conduisit à la fondation, en 1917, de la Foire suisse d'échantillons de Bâle (Muba, organisée en coopérative en 1920), qui prit un caractère de foire industrielle et commerciale nationale. Le Comptoir suisse de Lausanne (dès 1920), le Salon international de l'automobile de Genève (dès 1924), la Fiera Svizzera de Lugano (dès 1937), l'Olma de Saint-Gall (foire nationale suisse d'agriculture et économie laitière, dès 1943), la BEA de Berne (exposition de l'artisanat, de l'agriculture, du commerce et de l'industrie, dès 1949) et la Züspa de Zurich (Salon d'automne des arts ménagers, du logement, du sport et de la mode, dès 1946) ont aussi acquis un rayonnement national, voire international. Toutes ces manifestations s'appuient sur des infrastructures permanentes (gestion, bâtiments) qui peuvent servir à d'autres occasions: ainsi, le Salon du livre de Genève se tient chaque année à Palexpo et diverses expositions spécialisées (Art, Worlddidac, Salon mondial de l'horlogerie et de la bijouterie) sont organisées dans les locaux de la Foire d'échantillons (Foire de Bâle depuis 1995). En outre, nombre de foires ou comptoirs d'envergure cantonale, régionale ou locale, ouverts en particulier aux petites et moyennes entreprises, s'organisent à intervalles plus ou moins réguliers.

Les expositions ayant tendance à se multiplier, la nécessité d'une coordination se fit sentir. A la première convention internationale (1912), restée lettre morte, en succéda une deuxième (1928), à laquelle la Suisse adhéra. A la requête des associations économiques faîtières, un comité permanent d'exposition, devenu en 1927 l'Office suisse d'expansion commerciale, reçoit une subvention depuis 1907 pour gérer la participation aux manifestations étrangères. Les dix-neuf membres de l'Association foires suisses assurent la coordination sur le plan intérieur.

Parmi les expositions à caractère non plus économique, mais politique ou pédagogique, citons celle des ouvriers à domicile (Zurich, 1909), celles, fameuses, du travail féminin (Saffa de 1928 et 1958) ou celles de la défense passive (dès 1936). Dans le domaine des arts plastiques, les expositions itinérantes annuelles du Turnus jouèrent un grand rôle au XIXe s., à côté des accrochages permanents ou non des musées et des galeries (marché de l' Art). Depuis peu, les expositions montées par des musées ou d'autres organisateurs sur des thèmes particuliers, notamment sur des sujets historiques, rencontrent un succès croissant.