
28.9.1690 à Genève, 29.3.1766 à Zofingue, prot., de Genève. Fils de Jacques, seigneur du Crest, capitaine au service de France, et d'Elisabeth Calandrini. Frère de François-Gratien (->). Célibataire. Collège de Genève (1705). Au service de France dès 1709 (capitaine en 1712, démission en 1738), M. participe à la guerre de succession d'Espagne. Membre du Conseil des Deux-Cents (dès 1721), M. critique violemment un projet concernant les fortifications de Genève. Il prend un risque inconsidéré en faisant imprimer et distribuer, en 1728, un mémoire décrivant les faiblesses du système défensif de la cité. Son intransigeance et son refus de comparaître devant le Conseil pour y être "censuré" lui vaudront, en 1730, d'être déchu de sa bourgeoisie et de voir ses biens confisqués. Poussé avant tout par un sentiment personnel d'injustice, M. devient alors un opposant au régime aristocratique de Genève. En fuite dès 1731 (Paris), il est finalement condamné à mort par contumace en 1735. Il n'aura de cesse d'essayer d'obtenir sa réhabilitation, mais son espoir de figurer parmi les amnistiés de l'acte de Médiation de 1738 restera vain. Il est arrêté à Neuchâtel en 1746, à la demande de Genève, Zurich et Berne, puis condamné à perpétuité et détenu dans la forteresse d'Aarbourg de 1749 à 1765. Ce destin tragique n'empêcha pas M. d'être véritablement un homme des Lumières. Touche à tout de génie, auteur de nombreuses publications, il s'intéressa non seulement aux fortifications et à la cartographie (carte des environs de Genève, 1730; premier panorama scientifique des Alpes, 1755), mais également à l'urbanisme (projets d'extension de Genève) et à la thermométrie.