1.9.1887 à La Chaux-de-Fonds, 21.1.1961 à Paris, de Sigriswil. Fils de Georges Frédéric Sauser, négociant, et de Marie-Louise née Dorner. Frère de Georges Sauser. 1) 1915 Félicie Poznanska (divorce en 1937), 2) 1949 Raymone Duchâteau, actrice. Frédéric Louis Sauser effectua sa scolarité à Naples, Bâle et Neuchâtel (école supérieure de commerce) au gré des déménagements familiaux. De 1905 à 1907, il travailla à Saint-Pétersbourg comme correspondant commercial chez un bijoutier suisse. A son retour en Suisse, il s'inscrivit à l'Université de Berne (en médecine, puis en lettres), mais n'acheva pas ses études. Il retourna en Russie en juin 1911, puis traversa l'Atlantique en novembre. Adoptant le pseudonyme de Blaise Cendrars, il écrivit son premier grand poème Les Pâques en 1912 (renommé Les Pâques à New-York en 1919), dont la modernité impressionna Apollinaire (littérature en langue française). Revenu à Paris, il créa avec Sonia Delaunay-Terk le «premier livre simultané», ainsi que La prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France (1913). Il écrivit Le Panama ou les aventures de mes sept oncles et la plupart des Dix-neuf poèmes élastiques avant de partir au front comme engagé volontaire au début de la Première Guerre mondiale. Blessé le 28 septembre 1915 devant la Ferme de Navarin, il perdit son bras droit, connut la misère et le désespoir. Mais durant l'été 1917, la fièvre créatrice qui s'était emparée de lui se concrétisa dans une série de textes inclassables, tels L'Eubage aux antipodes de l'unité, La Fin du monde filmée par l'Ange N.-D., Profond aujourd'hui, etc.
Cendrars renaquit ainsi «écrivain de la main gauche». Il rompit avec la «poésie officielle» et, le 26 octobre 1917, il rencontra Raymone Duchâteau, à qui un amour mystique le lia jusqu'à sa fin. Son Anthologie nègre (1921) fit date. Le plus clair de son temps fut alors accaparé par le cinéma: il fut assistant d'Abel Gance, puis tourna aux studios Rinascimento, à Rome. En 1924, lors d'un premier voyage au Brésil, il se lia d'amitié avec les «modernistes» qui furent durablement influencés par lui. L’Or. La merveilleuse histoire du général Johann August Suter (John Sutter), paru en 1925, remporta un vif succès auprès du grand public. En 1926 déjà, le roman fut publié aux Etats-Unis et en Union soviétique après avoir été traduit en anglais et en russe. Moravagine (1926), ainsi que Le Plan de l'Aiguille et Les Confessions de Dan Yack (1929), œuvres ayant longuement mûri dans l'esprit de Cendrars, consolidèrent sa réputation de romancier. Avec Une nuit dans la forêt (1929) et Vol à voiles. Prochronie (1932), l'auteur poursuivit la réalisation d'un vaste projet d'autobiographie non chronologique. De grands reportages et «histoires vraies», accréditant la légende de l'écrivain homme d'action et à la vie dangereuse, l'empêchèrent cependant de mener à bien ce projet. Après l'éclatement de la Deuxième Guerre mondiale, Cendrars s'engagea au grand quartier général britannique en France comme correspondant de guerre. A la défaite de la France, il se retira à Aix-en-Provence et ne sortit de son silence que trois ans plus tard – 1943 faisant écho à 1917 – pour écrire son chef-d'œuvre, L'Homme foudroyé (1945), suivi de La Main coupée (1946), de Bourlinguer (1948) et du Lotissement du ciel (1949). Synthèse de toutes les étapes et de toutes les errances d'une vie hors du commun, aboutissement de recherches poétiques originales, cette tétralogie autobiographique couronna l'œuvre de Cendrars et en résuma le combat spirituel. Le roman Emmène-moi au bout du monde! ... (1956) fut suivi d'un dernier recueil, Trop c'est trop (1957). Fin 1958, André Malraux remit à Cendrars la cravate de commandeur de la Légion d'honneur et, en janvier 1961, il reçut le grand prix littéraire de la Ville de Paris.