
20.10.1740 à Zuylen (Pays-Bas), 27.12.1805 à Colombier (NE), protestante. Fille de Diederik Jakob van Tuyll van Serooskerken, seigneur de Zuylen et de Westbroek, et d'Helena Jacoba de Vicq. 1771 Charles-Emmanuel de Charrière, seigneur de Penthaz; sans descendance. Elevée dans la culture française, montrant dès son plus jeune âge une intelligence hors du commun et un fort esprit d'indépendance, Belle de Zuylen épousa, après l'échec de plusieurs projets de mariage (avec le Savoyard François Noyel, marquis de Bellegarde, avec James Boswell), l'ancien précepteur de ses frères. Elle s'établit avec lui dans la principauté de Neuchâtel qu'elle ne quitta que pour de brefs séjours, aux bains, à Genève, à Paris ou dans le Pays de Vaud. Isabelle de Charrière réunit autour d'elle une société choisie, au sein de laquelle brillaient Ludwig Ferdinand Huber, Pierre-Alexandre DuPeyrou, Henri-David Chaillet, Benjamin Constant (dont l'oncle, David Louis Constant d'Hermenches, avait été son ami en Hollande), Jean-Pierre de Chambrier d'Oleyres, Isabelle de Gélieu. Commencée en 1762 avec le conte Le Noble, satire de son milieu, son œuvre, très variée, est d'une qualité exceptionnelle. Elle comporte des romans remarquables: Lettres neuchâteloises (1783), Lettres écrites de Lausanne (1785-1787), Trois femmes (1795); des écrits politiques datant de la Révolution française: Lettres d'un évêque français à la nation (1789), Lettres trouvées dans la neige et Lettres trouvées dans des portefeuilles d'émigrés (1793); des pièces de théâtre, des compositions musicales, ainsi qu'une abondante correspondance. Isabelle de Charrière apparaît comme l'une des écrivains qui incarnent le mieux l'esprit et les aspirations des Lumières.