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Ligue des Dix-Juridictions

La plus récente des trois ligues rhétiques fut fondée le 8 juin 1436 à Davos, après que le dernier comte de Toggenbourg, Frédéric VII, se fut éteint le 30 avril sans laisser d'héritier mâle ni de testament. Or, ayant succédé aux barons de Vaz, les Toggenbourg détenaient les droits seigneuriaux sur plusieurs vallées du nord des Alpes: le Prättigau (y compris la juridiction relevant du chapitre de Coire à Schiers), la partie supérieure de la vallée de l'Albula (Belfort), Churwalden, le Schanfigg et la seigneurie de Maienfeld. Par crainte d'un avenir incertain, d'un éventuel partage ou d'une cession à l'Autriche, les sujets réunis à Davos décidèrent de s'unir dans une alliance, avec l'approbation d'Elisabeth von Matsch, veuve de Frédéric VII. Les délégués des juridictions de Klosters, Davos, Castels, Schiers, Sankt Peter, Langwies, Churwalden, Belfort, Maienfeld et Malans promirent de s'entraider pour défendre leurs droits, de n'entrer dans une autre alliance qu'ensemble, de ne reconnaître que les juges locaux et de renouveler leur pacte tous les douze ans. La Ligue n'incluait que des juridictions et aucun seigneur. Le premier président (Bundslandammann) fut Ulrich Beeli, de Davos (où avait toujours lieu la diète). Le regroupement des sujets ne parvint néanmoins pas à empêcher la division des territoires: la plus grande partie alla aux comtes de Montfort, le Prättigau antérieur aux comtes de Matsch et Maienfeld avec Malans aux barons de Brandis. Les Montfort, puis les Matsch vendirent leur part aux ducs d'Autriche, en 1470 et 1477. Ceux-ci réunirent leurs huit juridictions en un bailliage dont l'administrateur, généralement d'origine grisonne, résidait au château fort de Castels près de Luzein. En 1509, les Brandis cédèrent aux III Ligues la seigneurie de Maienfeld, qui devint ainsi un bailliage grison. Autonomes pour ce qui était des affaires du pays et de l'administration locale, les gens de la Ligue restaient sujets autrichiens pour la haute justice et les redevances. La seigneurie de Maienfeld était d'une part membre de la Ligue des Dix-Juridictions avec les droits politiques afférents et d'autre part territoire sujet des III Ligues, avec une possibilité de codécision indirecte dans les affaires la concernant. La Ligue des Dix-Juridictions conclut une alliance avec la Ligue de la Maison-Dieu en 1450 (avec laquelle huit juridictions avaient déjà établi des liens en 1437), puis en 1471 avec la Ligue grise. A partir de 1486, elle prit part à des campagnes militaires des III Ligues, lesquelles se dotèrent d'une constitution commune en 1524. La Ligue des Dix-Juridictions n'obtint pourtant pas le statut de pays allié de la Confédération, comme l'avaient acquis la Ligue grise en 1497 et la Ligue de la Maison-Dieu en 1498. En revanche, elle participa à l'alliance des III Ligues avec le Valais en 1600, avec Berne en 1602 et avec Zurich en 1607. Ce fut seulement dans les années 1649-1652 que les dix juridictions purent se racheter des droits de l'Autriche et devenir membre à part entière de la République des III Ligues.

Sources et bibliographie

  • SDS GR, II/1
  • P. Gillardon, Geschichte des Zehngerichtenbundes, 1936
  • Pieth, Bündnergeschichte
  • HbGR, 1-2
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Suggestion de citation

Martin Bundi: "Ligue des Dix-Juridictions", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 25.01.2015, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/017163/2015-01-25/, consulté le 17.02.2025.