
Les origines de l'actuel parti des Verts suisses sont multiples et remontent aux années 1970. Dans différents cantons, des groupements issus du mouvement écologique et hostiles à des projets autoroutiers ou aux centrales nucléaires (Mouvement antinucléaire) participèrent à des élections communales, cantonales et nationales. Comme en Suisse alémanique les tendances "vertes" furent accueillies au sein des partis existants ou des organisation de la nouvelle gauche, c'est en Suisse romande qu'elles enregistrèrent leurs premiers succès autonomes. A Neuchâtel, le Mouvement populaire pour l'environnement obtint des sièges en 1972 et en 1976. Un groupement fondé à Lausanne en 1973 élabora en 1977 le premier programme "vert". Il fit son entrée au parlement cantonal en 1978 sous le nom de Groupement pour la protection de l'environnement et, avec Daniel Brélaz, fit élire en 1979 le premier conseiller national vert. Dans le canton de Zurich, en revanche, un parti vert n'obtint que 0,2% des voix lors des élections cantonales de 1979 et ne put être représenté au Grand Conseil que quatre ans plus tard, après avoir obtenu quelques succès lors des élections communales.

Le mouvement vert se distingua dès le début par sa diversité, non seulement fédéraliste, mais aussi politique. Une tentative de fédérer les forces vertes déboucha sur la naissance, en 1983, de deux formations. Les groupements déjà mentionnés et un minuscule parti vert du nord-ouest de la Suisse, se réunirent en mai 1983 au sein de la fédération des partis écologistes de Suisse, qui prit le nom de parti écologiste suisse (PES) en 1986; il s'agissait des Verts modérés (dits "concombres", soit entièrement verts, car se positionnant en dehors du schéma gauche-droite). Lors des élections au Conseil national de 1983, le PES gagna trois sièges (Genève, Vaud et Zurich), auxquels s'ajouta en 1984 celui de la Liste libre de Berne. Celle-ci fut le premier groupement vert à s'installer dans un gouvernement cantonal, avec deux sièges en 1986. Un groupement tessinois, très marqué à droite, dit des "Verts châtaigne" (vert à l'extérieur et brun à l'intérieur), fut exclu du PES en 1991.
Sièges et voix obtenus par le PES aux élections fédérales 1975-2015
Année | Conseils des Etats | Conseil national | En % des suffrages |
---|---|---|---|
1975 | 0 | 0,1 | |
1979 | 1 | 0,6 | |
1983 | 3a | 1,9 | |
1987 | 9b | 4,9 | |
1991 | 14 | 6,1 | |
1995 | 8 | 5,0 | |
1999 | 8 | 5,0 | |
2003 | 13 | 7,4 | |
2007 | 2 | 20 | 9,6 |
2011 | 2 | 15 | 8,4 |
2015 | 1 | 11 | 7,1 |
a A quoi s'ajoute un siège de la Liste libre de Berne.
b A quoi s'ajoutent quatre sièges de l'Alliance verte suisse.
Les Verts "pastèques" (verts à l'extérieur et rouges à l'intérieur), clairement marqués à gauche et adeptes de la "démocratie de base", comme l'Alternative démocratique à Berne, le Forum critique d'Ibach à Schwytz, Läbigs Zofige ou le groupe vaudois Autrement, ainsi que l'Alternative verte de Zurich et Bâle, se réunirent en juin 1983 au sein de l'Alternative verte de Suisse, mais les élections nationales ne leur apportèrent pas le succès escompté. Après l'adhésion de la plupart des sections des Organisations progressistes (POCH), ils adoptèrent en 1987 le nom d'Alliance verte et sociale (AVeS). L'intérêt croissant envers les questions écologiques, à la suite du débat sur la mort des forêts et des catastrophes de Tchernobyl et de Schweizerhalle, leur permit d'obtenir en 1987 quatre sièges au Conseil national, tandis que le PES en arrachait neuf. En 1991, les forces vertes se regroupèrent au sein du PES, qui se positionna dès lors plus fortement sur le flanc gauche de l'échiquier politique. Le référendum contre les NLFA et le refus de l'EEE, au début des années 1990, mirent le PES dans une situation difficile. Les pertes s'accumulèrent à partir de 1991, que l'arrivée d'autres groupements en provenance de la nouvelle gauche ne parvint pas à compenser. En 1993, le PES se donna le nom qu'il porte encore au début du XXIe s.: Les Verts - Parti écologiste suisse. A partir de 1995, il changea sa stratégie européenne et, d'un parti de type protestataire, se transforma en parti de réformes, s'ouvrant à de nouvelles thématiques (initiatives pour un âge de la retraite flexible et pour une garantie de l'AVS par une réforme écologique de la fiscalité). Un tournant s'opéra alors: en 2003, le PES égala ses succès de 1987 et de 1991 avec 13 sièges au Conseil national et 7,4% des voix.
Sièges et voix obtenus par le PVL aux élections fédérales 2007-2015
Année | Conseils des Etats | Conseil national | En % des suffrages |
---|---|---|---|
2007 | 1 | 3 | 1,4 |
2011 | 2 | 12 | 5,4 |
2015 | 7 | 4,6 |
Un courant favorable à la défense de l'environnement, mais acquis à une approche libérale de l'économie et de la société, fit naître en 2003 le mouvement Ecologie libérale en Suisse romande, en 2004 le parti Vert'libéraux du canton de Zurich et en 2007 le parti des Vert'libéraux suisse (PVL). En 2007, tant le PES (deux sièges) que le PVL (un siège) firent leur entrée au Conseil des Etats; ils s'y maintinrent en 2011 avec chacun deux mandats. En 2012, le PES était présent dans vingt-quatre cantons, le PVL dans quinze. Le premier avait conquis des mandats dans les exécutifs de sept cantons et de pratiquement toutes les grandes villes. Le PES (usuellement appelé "les Verts") est membre depuis 1987 de la Fédération des Verts européens.