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Maison deHabsbourg

Maison d'Autriche

Comtes de Habsbourg (première mention en 1108), ducs (1282) et archiducs (1360) d'Autriche, comtes du Tyrol (1363), suzerains de l'Autriche antérieure (1368), ducs de Bourgogne (1477), rois d'Espagne (1516-1700), de Bohême (1438) et de Hongrie (1526). De 1273 à 1806, avec quelques interruptions, les Habsbourg furent chefs du Saint Empire romain germanique, puis ils furent empereurs d'Autriche de 1806 à 1918 (monarchie austro-hongroise dès 1867). Contrairement à l'allemand, qui distingue entre l'empereur élu (traditionnellement appelé roi de Germanie jusqu'au XVe s., dès lors roi des Romains) et l'empereur couronné, le français utilise usuellement la seule appellation d'empereur.

Vue du château de Habsbourg et de ses environs, dessinée par Johann Heinrich Meier et gravée pour la Genealogia diplomatica augustae gentis Habsburgica publiée à Vienne en 1737 par Marquard Herrgott (Zentralbibliothek Zürich, Graphische Sammlung und Fotoarchiv).
Vue du château de Habsbourg et de ses environs, dessinée par Johann Heinrich Meier et gravée pour la Genealogia diplomatica augustae gentis Habsburgica publiée à Vienne en 1737 par Marquard Herrgott (Zentralbibliothek Zürich, Graphische Sammlung und Fotoarchiv). […]

Les origines

Le château de Habsbourg vu du nord. Aquarelle dans l'armorial des archiducs d'Autriche et comtes de Habsbourg, réalisée par le peintre sur verre Hans Ulrich Fisch, 1622 (Staatsarchiv Aargau, Aarau, V/4-1985/0001, fol. 24r; e-codices).
Le château de Habsbourg vu du nord. Aquarelle dans l'armorial des archiducs d'Autriche et comtes de Habsbourg, réalisée par le peintre sur verre Hans Ulrich Fisch, 1622 (Staatsarchiv Aargau, Aarau, V/4-1985/0001, fol. 24r; e-codices). […]

La filiation des premières générations n'est connue que par les notices des Acta Murensia (vers le milieu du XIIe s.) et par le testament de Werner de Habsbourg, faux daté de 1027, mais réalisé vers 1085. Les généalogies qui, pour souligner le prestige de la dynastie impériale, lui donnent des origines zähringiennes, voire troyennes, égyptiennes et romaines, sont en général assez tardives. L'identification de Gontran le Riche (973), ancêtre de la famille selon les Acta Murensia, avec un Gontran mentionné vers 952 comme comte dans la région en aval de Bâle conforte l'hypothèse qui fait des Habsbourg, anciennement possessionnés en Haute-Alsace et dans le Brisgau, des descendants de la famille ducale alsacienne des Etichons. Un autre ensemble de possessions précoces se trouve dans le nord de l'Argovie, au confluent de la Reuss et de l'Aar (Eigenamt) et autour de l'abbaye bénédictine de Muri. On conteste aujourd'hui que le fils de Gontran, Lanzelin (appelé aussi Kanzelin), comte d'Altenburg (sans doute Altenburg près de Brugg) soit identique au comte de Thurgovie Landolt. Après l'an 1000 vint une phase d'expansion interne et externe: Radbot, petit-fils de Gontran, fonda l'abbaye de Muri (après 1020), son frère Rodolphe celle d'Ottmarsheim en Haute-Alsace (vers 1045); les Habsbourg détenaient l'avouerie de ces couvents privés, mais aussi celle de l'abbaye de Murbach (Alsace) et de sa filiale de Lucerne (Saint-Léger). Radbot ou Werner édifia vers 1020 le château fort de Habsbourg, centre de la seigneurie. La famille, qui possédait d'autres places fortes (Wildegg, Brunegg, Limburg dans le Brisgau), se mit à acquérir des droits de justice (bailliages et comtés), base dès le XIIe siècle de sa seigneurie territoriale: landgraviat de Haute-Alsace (dès la fin du XIe s. au moins), avouerie du chapitre cathédral de Strasbourg. Vassale des Staufen (Hohenstaufen), alliée des comtes de Lenzbourg, von Pfullendorf et de Kibourg, elle émit des prétentions sur les successions de ces dynastes: elle hérita ainsi, en 1172-1173, les pouvoirs comtaux sur l'ouest du Zürichgau avec Schwytz et Unterwald et sur l'Argovie, outre l'avouerie de l'abbaye de Säckingen, puis des Zähringen le bailliage impérial d'Uri (1218-1231).

La branche de Habsbourg-Laufenbourg

Conquête de Glanzenberg par les troupes zurichoises et Rodolphe Ier lors de la guerre privée des Regensberg en 1267, telle qu'elle est illustrée en 1576 dans la Schweizer Chronik de Christoph Silberysen (Aargauer Kantonsbibliothek, Aarau, MsWettF 16: 1, p. 113; e-codices).
Conquête de Glanzenberg par les troupes zurichoises et Rodolphe Ier lors de la guerre privée des Regensberg en 1267, telle qu'elle est illustrée en 1576 dans la Schweizer Chronik de Christoph Silberysen (Aargauer Kantonsbibliothek, Aarau, MsWettF 16: 1, p. 113; e-codices).

Aucune branche collatérale n'apparut avant le XIIIe siècle, de nombreux hommes étant morts sans héritiers. Le premier partage eut lieu en 1232-1234 et 1238-1239, entre les frères Albert IV (branche aînée) et Rodolphe III (Rodolphe Ier de Habsbourg-Laufenbourg, fondateur de la branche). Les historiens y voient aujourd'hui une simple mesure administrative (les fiefs eux-mêmes restant indivis), qui ne se traduisit par un partage territorial que dans le cadre de la rivalité, culminant dans les années 1270, entre partisans de l'Empire et partisans de la papauté. Bien qu'à l'origine Rodolphe Ier n'ait pas été confiné, de par l'étendue de sa seigneurie, dans un rôle subalterne, il ne réussit pas à s'imposer personnellement en Suisse centrale, malgré la construction vers 1240 du château fort de Neu-Habsburg. Sous son fils Gottfried Ier, Laufenburg devint le centre de la seigneurie. Des mariages sont attestés avec les barons von Regensberg, les comtes de Kibourg, de Rapperswil, d'Öttingen, de Neuchâtel et von Montfort; Jean IV se mésallia avec la fille d'un chevalier von Landenberg-Greifensee, mais fit élever ses enfants au rang comtal. Un conflit avec le chef de la branche aînée, le futur empereur Rodolphe Ier (Rodolphe IV de Habsbourg), fut résolu vers 1254. Eberhard, frère de Gottfried Ier, mari de l'héritière des Kibourg, exigea vers 1269 un partage qui entraîna la création du comté de Kibourg-Berthoud regroupant les fiefs à l'ouest de l'Aar. Rodolphe III (1270-1315), fils de Gottfried, mourut sans avoir pu consolider sa position, en dépit de son mariage avec Elisabeth de Rapperswil, l'héritière des comtes. Depuis 1282 au plus tard, les deux branches n'avaient plus rien en commun. Rodolphe, évêque de Constance, et Rodolphe III prirent position contre l'empereur Albert Ier de Habsbourg. Cependant, Jean Ier (mentionné dès 1305,1337 à la bataille de Grinau contre les Zurichois), fils de Rodolphe III, retomba sous la dépendance de la branche aînée. Ses trois fils, Jean II, Rodolphe IV et Gottfried II, se partagèrent la seigneurie en 1353. Deux d'entre eux participèrent à des entreprises militaires en Italie pour échapper au déclin économique de la famille, qui céda ses terres dans la seconde moitié du XIVe siècle, surtout aux ducs de Habsbourg-Autriche et qui s'éteignit en 1408 avec Jean IV (attesté dès 1372), fils de Rodolphe IV.

La première ascension sur le trône impérial

Rodolphe IV, futur empereur Rodolphe Ier, fils d'Albert IV, renforça la puissance de sa maison durant le Grand Interrègne en profitant de la situation chaotique pour acquérir des gages impériaux, promesses d'héritage et autres titres, telle l'avouerie de l'abbaye de Saint-Blaise en 1254, qui lui ouvrit le sud de la Forêt-Noire. Contre les prétentions de la maison de Savoie, il s'empara largement de la succession des Kibourg dans l'est et le nord-est de la Suisse (landgraviat de Thurgovie, Glaris, le Gaster, avouerie du couvent de Schänis), le comté de Kibourg-Berthoud restant sous son influence. Il était déjà l'un des seigneurs les plus puissants de la Souabe quand il fut élu roi de Germanie en 1273. Dès lors et jusqu'à la perte de cette couronne (événements de 1308 et 1314), il n'est pas toujours facile de distinguer entre les affaires familiales des Habsbourg et la politique impériale. Revendiquant l'héritage des Babenberg dans les pays autrichiens relevant de l'Empire, Rodolphe dut affronter le roi de Bohême Ottokar et le battit à Dürnkrut en 1278. Il récupéra ainsi les duchés d'Autriche et de Styrie, ainsi que la Carniole avec sa marche orientale, la Marche des Wendes (ou Vénèdes, peuple slave); en 1282, il les inféoda, indivis, à ses fils Albert Ier et Rodolphe II, tandis qu'il confiait la Carinthie à Meinhard Ier de Görz-Tyrol (Gorizia). La maison de Habsbourg prit ainsi pied dans le sud-est de l'Empire; elle put s'y tailler un domaine plus facilement que dans sa région d'origine, où elle ne parvint jamais, durant tout le Moyen Age, à rétablir le duché de Souabe.

Comme ducs d'Autriche et de Styrie, Albert Ier et ses fils avaient rang de princes d'Empire (principautés). Dans l'ordonnance domestique de Rheinfelden (1283), Albert Ier fut désigné comme seul maître dans les pays autrichiens, ce qui interrompit le régime d'indivision. Cependant, l'intérêt des Habsbourg pour leurs anciennes possessions ne faiblit pas. Ils prirent des mesures pour garantir la paix publique (paix territoriale), s'attachèrent les ministériaux qui avaient servi les Staufen et améliorèrent la gestion des biens d'Empire. Au sud-ouest, Rodolphe Ier poursuivit jusqu'à sa mort (1291) une politique résolue d'expansion, en visant l'intégration des biens familiaux et impériaux: il acquit ainsi dans les années 1270, outre Fribourg (1277), la seigneurie de Grüningen et les terres des abbayes d'Einsiedeln et de Saint-Gall inféodées aux Rapperswil; il soumit Berne en 1288 et acheta en 1291 les droits fonciers sur les domaines de l'abbaye de Murbach-Lucerne.

L'Autriche antérieure, partie gauche d'une carte sur deux pages. Gravure sur cuivre, 1540/1550 (Österreichische Nationalbibliothek, Vienne, Bildarchiv).
L'Autriche antérieure, partie gauche d'une carte sur deux pages. Gravure sur cuivre, 1540/1550 (Österreichische Nationalbibliothek, Vienne, Bildarchiv). […]

Rodolphe Ier n'eut jamais formellement la dignité impériale, ce qui rendait problématique une transmission directe. Il essaya d'obtenir des électeurs, dont la plupart étaient alliés par mariage aux Habsbourg, l'engagement de porter au trône son fils, Rodolphe II (décédé en 1290), puis Albert Ier. Non élu en 1291 (mais il le sera en 1298), ce dernier poursuivit avec succès l'énergique action stabilisatrice qu'il menait depuis 1282 en Autriche et résista dans ses terres occidentales à une coalition de seigneurs et de villes lésés par sa politique territoriale, rassemblant le comte de Savoie, Berne, Zurich, Lucerne, l'abbé de Saint-Gall et l'évêque de Constance Rodolphe de Habsbourg-Laufenburg. La dynastie habsbourgeoise enregistra des progrès à l'est: à l'extinction des Prémyslides (1306), Rodolphe III (1307), fils d'Albert Ier, recueillit la couronne royale de Bohême (ancien fief d'Empire). Cette succession était cependant encore contestée quand Albert Ier fut assassiné en 1308. Pour la première fois, la dynastie subit alors les conséquences de la contradiction entre l'indivision traditionnelle (avec partage implicite de l'administration entre tous les fils, l'aîné gardant la prééminence) et la remise de toute l'autorité au seul Albert Ier: contrairement à ce qui avait été convenu, ni son frère Rodolphe II ni le fils de ce dernier, Jean (le «Parricide»), ne furent dédommagés. Les Habsbourg perdirent pour longtemps aussi bien leurs perspectives d'établissement en Allemagne centrale et en Bohême que leurs possibilités de créer une monarchie héréditaire dans l'Empire.

Développement de la maison d'Autriche

Après s'être arrangé avec l'empereur Henri VII (un Luxembourg) en 1309, Léopold Ier s'attacha à la poursuite des régicides, dont il confisqua les biens au profit de sa famille. La mort précoce de Henri VII, en 1313, permit d'envisager une nouvelle élection à la dignité impériale. Conséquence de la double élection du 19/20 septembre 1314, la longue lutte entre Frédéric le Beau et le Wittelsbach Louis de Bavière (qui esquiva jusqu'en 1322 l'affrontement décisif) tendit à affaiblir les Habsbourg sur leurs propres terres. A l'ouest, ils se heurtèrent à l'opposition renforcée des Waldstätten qui, pour mieux les contrer, se firent confirmer leur droit d'immédiateté, après avoir pris parti pour Louis de Bavière. Néanmoins, on conteste aujourd'hui que la bataille de Morgarten (1315) ait eu une grande importance dans ce contexte. Frédéric fut associé à l'Empire par Louis de Bavière en 1325, mais n'en profita guère. Pendant qu'ils luttaient pour le trône impérial, les Habsbourg n'avaient considéré les Etats autrichiens que pour leur rôle économique; après leur échec, ils s'intéressèrent davantage à y affirmer leur suzeraineté, surtout sous Albert II, frère cadet de Frédéric. Le prestige dont les Habsbourg jouissaient à cette époque ressort des mariages qu'ils conclurent avec des maisons princières allemandes, mais aussi avec les familles royales de France et d'Aragon. Ils acquirent en 1335 le duché de Carinthie et en 1363 le comté du Tyrol, qui rapprochait leurs possessions de l'est et de l'ouest. Dans leurs anciennes terres, les conflits qui couvaient depuis 1315 culminèrent au cours des années 1350 dans les disputes avec les Zurichois et avec les Waldstätten, alliés dès 1351. Zurich lança des attaques contre des territoires habsbourgeois en Argovie, à Zoug et à Glaris. Tandis que les Habsbourg durent renoncer à leurs prétentions, en fait depuis longtemps abandonnées, à Schwytz et Unterwald, ils réussirent à imposer leur hégémonie, contre Zurich, à l'est du Plateau, par la paix de Ratisbonne (1355). A la mort d'Albert II (1358), son fils aîné Rodolphe IV (1339-1365), administrateur de l'Autriche antérieure dès 1357, beau-fils de l'empereur Charles IV (de la maison de Luxembourg) qui lui confia l'avouerie impériale en Alsace, devint de facto le seul maître des Etats habsbourgeois. Très sensible au prestige de la dynastie, il produisit un ensemble de faux documents (autour du Privilegium maius), censés renforcer la position de sa maison face à l'Empire et aux dynasties royales concurrentes des Wittelsbach et des Luxembourg et probablement aussi lui assurer le premier rang après les sept princes électeurs. Jointe à l'usurpation du titre d'archiduc, cette attitude le dressa passagèrement contre Charles IV. L'élévation de la ville de Vienne au rang de résidence princière (université fondée en 1365, construction de la cathédrale Saint-Etienne) témoigne à la fois de la puissance et des ambitions des Habsbourg à l'époque où ils constituèrent la «maison d'Autriche» à partir d'un ensemble hétérogène de droits seigneuriaux. En 1362 et 1364, ils conclurent mutuellement des pactes successoraux avec les Anjou en Hongrie et avec les Luxembourg en Bohême.

Divisions internes

Coupe transversale de la crypte princière, église conventuelle de Königsfelden. Dessin colorié accompagnant le rapport de fouilles après l'ouverture du site en 1739 (Staatsarchiv Aargau, Aarau, AA/0458a, p. 11).
Coupe transversale de la crypte princière, église conventuelle de Königsfelden. Dessin colorié accompagnant le rapport de fouilles après l'ouverture du site en 1739 (Staatsarchiv Aargau, Aarau, AA/0458a, p. 11). […]

Rodolphe IV mourut sans enfant en 1365. Ses frères puînés Albert III et Léopold III firent encore quelques acquisitions (notamment Fribourg-en-Brisgau en 1368 et le landgraviat de Montfort-Feldkirch en 1375) mais, dans les décennies suivantes, la famille connut une grave crise. L'absence d'un accord réglant l'ordre de succession à long terme et le nombre toujours croissant de descendants mâles amenèrent des conflits de famille et des tendances centrifuges se manifestèrent. On n'acceptait plus le gouvernement indivis, ni la prépondérance du fils aîné. Cela conduisit au traité de Neuberg (1379) qui avalisa un partage de durée indéfinie entre la branche albertine (Basse-Autriche) et la branche léopoldine (Styrie, terres héréditaires et nouvelles acquisitions à l'ouest et au sud). Celle-ci se divisa à son tour en 1411, après d'amères disputes, entre les lignées styrienne (Ernest dit de Fer, 1377-1424) et tyrolienne (Frédéric IV, qui obtint aussi l'Autriche antérieure). L'unité fictive se brisa définitivement au XVe siècle. Chaque branche menait sa propre politique à l'égard du pape, de l'empereur, de ses adversaires potentiels et de ses sujets. Tandis qu'Albert V, petit-fils d'Albert III se rapprochait de la maison de Luxembourg en épousant en 1421 Elisabeth, fille de l'empereur Sigismond (1368-1437), Léopold III et ses successeurs durent affronter la Confédération naissante à Sempach en 1386 et à Näfels en 1388; dans cette région, après avoir perdu l'Argovie en 1415, sous Frédéric IV, ils ne cessèrent de voir leur puissance décliner au cours du XVe siècle.

Avènement d'une dynastie européenne

Albert V (1397-1439) devint roi de Hongrie et de Bohême en 1437, à l'extinction des Luxembourg. Le 18 mars 1438, il fut élu à l'unanimité roi de Germanie; c'est sous le nom d'Albert II qu'il monta sur le trône impérial, que les Habsbourg n'avaient plus occupé depuis plus d'un siècle et qui revint après sa mort précoce à Frédéric V (élu en 1440 sous le nom de Frédéric III). Celui-ci, issu de la branche styrienne, prit aussi sa succession comme chef de la maison de Habsbourg; il eut à exercer la tutelle sur le fils d'Albert II, Ladislas le Posthume, futur roi de Hongrie-Bohême, ainsi que sur Sigismond (1427-1496). Il ne parvint ni à réunifier la puissance habsbourgeoise, à cause de disputes avec son frère cadet Albert VI et avec les Etats d'Autriche et du Tyrol, ni à l'asseoir en Hongrie-Bohême, où il rencontra un adversaire redoutable, le roi Matthias Corvin, qui occupa même Vienne et Wiener Neustadt. Il intervint aux côtés des Zurichois dans la succession des comtes de Toggenbourg (guerre de Zurich), entre 1442 et 1450, mais, mis à part le gain temporaire des villes de Rapperswil (SG), Winterthour, Diessenhofen et Rheinfelden, il n'obtint des Confédérés aucune des terres que les Habsbourg prétendaient récupérer. Sigismond tenta probablement, après la perte de la Thurgovie (1460), un rapprochement avec Charles le Téméraire, qu'il voulait embrigader contre les Suisses. Mais il dut finalement conclure avec les Confédérés la Paix perpétuelle de 1474, qui entérinait le statu quo. La mort précoce, en 1457, de Ladislas le Posthume, roi de Hongrie et de Bohême, signa l'extinction de la branche albertine. Elle entraîna des modifications dynastiques, puis de nouveaux conflits internes qui, pendant un certain temps, tendirent à détourner Frédéric III des affaires de l'Empire. Grâce au mariage, projeté dès 1462 et conclu en 1477, de son fils, le futur empereur Maximilien Ier, avec l'héritière de la maison de Bourgogne, Marie, Frédéric réussit à étendre largement sa zone d'influence vers l'ouest; en s'emparant d'une grande partie de la succession bourguignonne, Maximilien fit le pas décisif qui assura aux Habsbourg le rang de grande dynastie européenne.

Les historiens suisses (histoire) ont longtemps vu dans les Habsbourg l'ennemi héréditaire de la Confédération naissante. Cette interprétation, apparue au XVe siècle et défendue par Aegidius Tschudi, a fait place aujourd'hui à une analyse plus nuancée, moins influencée par l'esprit national.

Les Habsbourg et la Suisse à l'époque moderne

Après l'épreuve de force de la guerre de Souabe (1499), les relations entre les Confédérés et la maison de Habsbourg furent pacifiques, mais parfois tendues. Elles se fondaient sur l'Union (ou Alliance) héréditaire de 1511, qui stipulait la reconnaissance des territoires des parties contractantes et l'obligation pour elles de se porter secours, tout en plaçant de fait la Franche-Comté sous la protection des Confédérés (disposition sans grande portée). Après la Réforme, la plupart des conflits furent liés à des motifs confessionnels, par exemple lorsqu'en 1529 le futur empereur Ferdinand Ier conclut avec cinq cantons catholiques l'Alliance chrétienne pour contrer les réformés et leur Combourgeoisie chrétienne. En revanche, les efforts pacificateurs de Charles Quint lors de la Diète d'Augsbourg (1530) préservèrent les Confédérés d'une intervention des puissances étrangères dans leurs conflits internes. Le service étranger devint au XVIe siècle un élément important des rapports avec les Habsbourg, moins cependant avec leur branche allemande qu'avec l'espagnole (après le partage de 1556 et la Ligue d'Or de 1586). Les cantons catholiques étaient particulièrement attachés au maintien de bonnes relations avec l'Espagne, leur principal appui confessionnel. L'Autriche et l'Espagne intervinrent politiquement et militairement lors des troubles des Grisons. Peu après éclata l'affaire Sebastian Peregrin Zwyer von Evebach, parfaite illustration des tensions opposant les partisans des Habsbourg et ceux de la France. Dans les cantons catholiques, l'art sacré baroque bénéficia dans une modeste mesure de la générosité des Habsbourg, lesquels ne possédaient en Suisse, à l'époque moderne, que le Fricktal (qui faisait partie de l'Autriche antérieure), la seigneurie de Tarasp (inféodée aux Dietrichstein en 1687) et celle de Rhäzüns (en droit membre de la Ligue grise).

En 1690 encore, les cantons protestants autorisèrent (sans signer cependant de capitulation militaire) la levée du régiment Bürkli (Hans Heinrich Bürkli) pour la défense de l'Autriche antérieure, considérée comme un Etat-tampon de la Confédération. Mais des tensions apparurent après 1700, à cause des interventions de l'empereur Léopold Ier et de l'envoyé autrichien Franz Ehrenreich von Trauttmansdorff à la veille de la seconde guerre de Villmergen, puis à la suite du renversement des alliances de 1756, qui vit la France et l'Autriche renoncer à leur vieille inimitié. La Confédération se sentit prise en tenaille et, après le premier partage de la Pologne (1772), se mit à craindre un destin semblable. On prêtait au dynamique empereur Joseph II des intentions expansionnistes et l'on considéra avec la plus grande méfiance le voyage qu'il fit en Suisse en 1777, au retour de sa visite en France. Les cantons protestants de Berne et de Zurich se rapprochèrent alors de la Prusse. Ce danger à peine écarté, d'autres surgirent à l'époque de la Révolution française et de la République helvétique. Certes, l'Autriche laissa la Suisse tranquille après le traité de Campoformio (1797), mais un peu plus tard, elle renouvela son aide aux adversaires de la France. Lors de la deuxième guerre de coalition, l'archiduc Charles pénétra en Suisse avec ses troupes. Dans les bouleversements de cette époque, les Habsbourg perdirent leurs dernières possessions suisses: le Fricktal et Tarasp en 1803, Rhäzüns en 1819 (par décision du congrès de Vienne).

Les Habsbourg et la Suisse aux XIXe et XXe siècles

Cercueil de l'impératrice Zita dans la chapelle des Habsbourg du couvent de Muri, mars 1989, avant son transfert à Vienne © KEYSTONE.
Cercueil de l'impératrice Zita dans la chapelle des Habsbourg du couvent de Muri, mars 1989, avant son transfert à Vienne © KEYSTONE. […]

Au début du XIXe siècle, les conservateurs, surtout catholiques, cherchèrent un appui auprès de la puissance habsbourgeoise. Mais ils n'obtinrent pas d'aide militaire lors de la guerre du Sonderbund. En même temps, dans le camp libéral, historiens et écrivains ranimaient le mythe anti-habsbourgeois (mythes fondateurs), dont le succès populaire dura jusqu'au XXe siècle et fit soupçonner son principal critique, Joseph Eutych Kopp, d'être financé par Vienne dans ses activités scientifiques. Après la Première Guerre mondiale, la Suisse devint une terre d'exil pour les Habsbourg détrônés (avec visites symboliques à l'ancien château éponyme). L'impératrice Sissi (Elisabeth d'Autriche), qui sera assassinée à Genève en 1898, s'était déjà réfugiée en Suisse pour y oublier les obligations de la cour. Le dernier empereur d'Autriche-Hongrie, Charles Ier, contraint d'abdiquer, résida dès 1919 dans diverses localités suisses, d'où il tenta en vain de restaurer la monarchie en Hongrie. L'archiduc Eugène d'Autriche-Teschen, grand maître de l'ordre teutonique, vécut à Bâle jusqu'en 1934; on l'y surnommait «Erzi». Zita de Bourbon-Parme, femme de Charles Ier, se retira à l'abbaye de Saint-Jean à Zizers, où elle mourut, fort âgée, en 1989, après avoir fondé dans l'église de l'ancienne abbaye de Muri (autrefois couvent privé des Habsbourg), un caveau funéraire pour les membres de la famille morts en exil.

Sources et bibliographie

  • Société suisse d'héraldique (éd.): Manuel généalogique pour servir à l'histoire de la Suisse, vol. 1, 1900-1908, pp. 12-25, 403-406; vol. 3, 1908-1916, p. 405 (avec généalogie).
  • Meyer, Werner: Die Verwaltungsorganisation des Reiches und des Hauses Habsburg-Österreich im Gebiete der Ostschweiz, 1264-1460, 1933.
  • Wandruszka, Adam: Das Haus Habsburg. Die Geschichte einer europäischen Dynastie, 1956 (19897, avec généalogie).
  • Kläui, Paul: «Beitrag zur ältesten Habsburgergenealogie», in: Argovia, 72, 1960, pp. 26-35.
  • Brunner, Christoph H.: Zur Geschichte der Grafen von Habsburg-Laufenburg. Aspekte einer süddeutschen Dynastie im späten Mittelalter, 1969.
  • Stettler, Bernhard: «Habsburg und die Eidgenossenschaft um die Mitte des 14. Jahrhunderts», in: Revue suisse d'histoire, 23/4, 1973, pp. 750-764.
  • Siegrist, Jean Jacques: «Die Acta Murensia und die Frühhabsburger», in: Argovia, 98, 1986, pp. 5-21.
  • Hamann, Brigitte (éd.): Die Habsburger. Ein biographisches Lexikon, 1988 (20015, avec généalogie).
  • Bérenger, Jean: Histoire de l'Empire des Habsbourg, 1273-1918, 1990.
  • Krieger, Karl-Friedrich: Die Habsburger im Mittelalter. Von Rudolf I. bis Friedrich III., 1994 (20042, avec bibliographie).
  • Bretscher-Gisiger, Charlotte: «Habsburger», in: Lexikon des Mittelalters, vol. 9, 1998 (généalogie en annexe).
  • Bogdan, Henry: Histoire des Habsbourg. Des origines à nos jours, 2002.
  • Collenberg, Adolf: Die Habsburger in Disentis, 1919-1921, 2005.
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de Habsbourg-Laufenbourg
de Habsbourg-Laufenburg
de Habsbourg-Lorraine

Suggestion de citation

Franziska Hälg-Steffen; Peter Hersche: "Habsbourg, maison de", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 06.09.2023, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/019506/2023-09-06/, consulté le 19.03.2024.