Famille argovienne de ministériaux attestée dès le milieu du XIIIe s., d'abord au service des Kibourg, puis des Habsbourg, propriétaire d'alleux à Mellingen. En 1473, les S. reçurent en fief de Berne le château et la seigneurie de Brunegg, où ils avaient déjà une partie des droits de justice. A la Réforme, ils durent céder Brunegg à Berne (1538), qui plaça la seigneurie sous l'autorité du bailli de Lenzbourg. Par héritage ou grâce à des alliances matrimoniales avec des familles de la noblesse argovienne, ils acquirent de nouveaux biens, principalement dans la vallée de la Reuss, ainsi que plus durablement à Mellingen, Aarau, Tägerig et, dans le canton de Zoug, à Steinhausen. Dès le XVe s., les S. furent bourgeois des villes sujettes d'Aarau et de Mellingen et de chefs-lieux de cantons-villes (notamment Lucerne), où ils s'allièrent à des familles de notables. Jusqu'au XVIe s., ils apparaissent surtout comme ministériaux. La fidélité aux Habsbourg, découlant de ces charges, valut à la famille d'être anoblie par Frédéric III en 1442. Plus tard, ils occupèrent aussi, en tant que membres des Conseils, des fonctions dans les villes et furent chargés d'administrer des bailliages communs.
A Lucerne, aux XVIe et XVIIe s., une branche de la famille entra au Petit Conseil. L'ascension sociale des S., qui accédèrent au patriciat de la ville, est due à une habile gestion du service étranger et des pensions. Quelques S., appartenant au Petit Conseil, commandèrent des compagnies au service étranger et furent faits chevaliers. Ils administrèrent des bailliages lucernois importants (par exemple Ruswil, Beromünster, Willisau, Rothenburg, Habsbourg et Entlebuch), occupèrent de hautes charges (notamment banneret, capitaine d'arquebusiers et avoyer) et représentèrent aussi les intérêts de Lucerne en tant qu'ambassadeurs. La branche lucernoise, qui existait encore au début du XXIe s., donna naissance à deux nouveaux rameaux au milieu du XVIe s.: celui de Rome, éteint au début du XVIIe s., et celui d'Allemagne, éteint au début du XIXe s. A la Réforme, la famille resta catholique et donna de nombreux membres du clergé régulier et séculier, dont Maria Franziska Hortensia (->) et Franz (->). Les S. appartenant à des ordres de chevalerie furent également de plus en plus nombreux. Un fidéicommis, créé en 1737 dans l'éventualité de l'extinction d'une branche, réglait les questions de succession, ce qui contribua à préserver le patrimoine familial.
A la Restauration (1814), les S. de Lucerne retrouvèrent leur place au gouvernement. Ils occupèrent dès lors des charges cantonales et fédérales, surtout dans les affaires militaires et la justice. Heinrich Viktor (->) se distingua comme architecte responsable de quelques bâtiments importants de Lucerne. A la fin du XIXe s. et au début du XXe s., Philipp Anton (->), Hans Albrecht (✝︎1935) et Agnes (->) étudièrent l'histoire de la famille et en établirent la généalogie.