
Famille grisonne qui fit partie de la noblesse ministériale du chapitre cathédral de Coire (XIIe-XVIe s.), puis de l'aristocratie des III Ligues (XVIe-XVIIIe s.). Attestée pour la première fois en 1140, elle venait du Domleschg, où elle était propriétaire, aux XIIe et XIIIe s., de deux châteaux forts (Hochjuvalt et Innerjuvalt) et de la seigneurie foncière de Scheid (im Berg), avec des biens à Feldis, Rodels, Tomils, Almens, Paspels et Scharans. Son statut originel est obscur. Dans la seconde moitié du XIIe et au XIIIe s., les J. donnèrent régulièrement des chanoines au chapitre cathédral de Coire. Aux XIVe et XVe s., ils remplirent des charges au nom de l'évêque, notamment celle de vidame, dans le Domleschg (mais pas dans d'autres régions, à notre connaissance). Ils s'allièrent à des ministériaux du chapitre de Coire et à des familles de rang égal en Suisse orientale. Au sein du chapitre cathédral, ils n'occupaient pas une position éminente. Au XVe et au début du XVIe s., ils se défirent de leurs biens dans le Domleschg. Ils s'établirent à Zuoz, où ils possédaient un donjon et une maison au XVe s. (en plus de biens à Samedan, dès le XIVe s.), et s'intégrèrent à la classe dirigeante de la Haute-Engadine, grâce à leur alliance, conclue au début du XIVe s. déjà, avec les Planta, famille dominante de la région.
Après la disparition de la seigneurie épiscopale, les J. firent partie des notables de la Ligue de la Maison-Dieu. Ils conservèrent cette position jusqu'à la chute de la république des III Ligues, en 1798, mais n'appartinrent jamais au cercle le plus étroit de l'aristocratie grisonne. Ils n'accédèrent qu'exceptionnellement à de hautes charges dans la Ligue et dans les pays sujets: en Valteline, ils reçurent une fois l'office de capitaine général, avec Scipio (->), et une fois celui de vicaire. Même en Haute-Engadine, ils restèrent dans l'ombre de familles plus puissantes, tels les Travers et les Planta, et ils n'exercèrent qu'assez rarement la fonction de landamman. Ils servirent en Espagne, en France, en Autriche, mais sans atteindre de grades élevés. Ils occupèrent des postes communaux à Samedan, furent aussi notaires. Dès le XVIe s., leurs ambitions matrimoniales se limitèrent aux familles dirigeantes de la Haute-Engadine. Leur principal représentant fut Fortunat (->), chroniqueur et politicien du XVIIe s. Une branche de la famille vit en Italie du Nord depuis le XIXe s. Wolfgang (->) acheta au XIXe s. le château d'Ortenstein dans le Domleschg.