Famille bourgeoise de Zurich, qui n'accéda au Conseil qu'à la fin du XVIIIe siècle, malgré son appartenance à l'aristocratie marchande. Aux XIXe et XXe siècles aussi, les Pestalozzi se distinguèrent dans la politique cantonale et nationale, ainsi que dans le domaine économique.
L'histoire de la famille à Zurich débute avec Johann Anton Pestalozzi (1537-1604), qui quitta Chiavenna vers 1550 pour cette ville, où il se forma comme marchand de fer aux côtés de Bernhard von Cham. D'origine noble, il fut parfois qualifié de donzel, titre qui disparut par la suite, puisqu'il n'était attribué qu'aux personnes exerçant une activité non lucrative. En 1562, Johann Anton Pestalozzi épousa Anna Gessner, petite-fille de son second employeur Andreas Gessner (1482-1568), et devint bourgeois de Zurich en 1567. Il fonda sa première entreprise avec Laurenz Bebie. Les associés s'adonnèrent d'abord au négoce de la toile, des cotonnades, du velours et de la soie, puis se spécialisèrent, en 1579, dans le commerce et le travail de la soie. A la fin du XVIe siècle, Pestalozzi s'associa avec son beau-frère Cornelius Toma pour importer de la soie et du coton et exporter du fleuret. Après la mort de Johann Anton Pestalozzi en 1604, les héritiers Andreas (1581-1646), Caspar (1585-1650) et Johann Anton Pestalozzi (1589-1677), issus du troisème mariage de Johann Anton Pestalozzi avec Magdalena von Muralt, poursuivirent leur association avec Toma. En 1617, ils se séparèrent de ce dernier et renommèrent la société «Joh. Anthoni Pestalutz selig Erben». L'entreprise, qui entretenait des relations commerciales avec Bergame, Milan, Lyon, Bâle, Strasbourg, Saint-Gall, Augsbourg et Calw, connut un grand essor grâce au commerce de la soie, notamment parce qu'elle bénéficia de privilèges fiscaux en vertu du traité de 1618 entre Zurich et Venise. L'association perdura jusqu'en 1653, lorsque deux des trois propriétaires moururent. Les fils d'Andreas Pestalozzi reprirent l'entreprise, rebaptisée «Andreas Pestalozzi und Gebrüder». Johann Anton (1589-1677) commerça dès lors sous la raison sociale «Johann Anton Pestalozzi zum Brünneli». Jusqu'au XIXe siècle, les Pestalozzi furent surtout des négociants de soie. Cleophea Pestalozzi est considérée comme l'une des entrepreneuses les plus importantes de son époque.
L'élection en 1662 de Johann Anton Pestalozzi (1589-1677) dans le directoire commercial (Kaufmännisches Direktorium) de sept membres, nouvellement créé, témoigne de l'importance de la famille parmi les négociants zurichois. Représentants importants de l'aristocratie marchande zurichoise, les Pestalozzi furent toutefois longtemps exclus du Conseil et n'entrèrent au Grand Conseil qu'en 1767 avec Hans Jakob Pestalozzi (1711-1787), représentant de la corporation de la Mésange. Jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, la famille n'accéda que cinq fois au Grand Conseil et qu'une seule fois au Petit Conseil avec Hans Jakob Pestalozzi, représentant de la corporation de la Mésange de 1788 à 1798. Celui-ci poursuivit sa carrière politique après les troubles de la Révolution et siégea à nouveau au Petit Conseil de 1803 à 1831. Les Pestalozzi furent reçus dans la société noble des Schildner zum Schneggen en 1770 avec le marchand Hans Konrad Pestalozzi (1727-1774), de la branche zum Trauben, qui avait reçu de son beau-père Moritz Füssli le siège (Schild) numéro 5 de la société.
Les Pestalozzi tissèrent des liens étroits avec les familles dirigeantes de Zurich dès la première génération, comme en témoigne le mariage de Franziskus Pestalozzi (1563-1617), fils aîné de l'ancêtre de la famille Johann Anton Pestalozzi, et Margaretha Keller vom Steinbock, fille du maire et donzel Hans Keller. Les parrains des Pestalozzi étaient issus de nombreuses familles de donzels, tels que les von Wellenberg, von Schönau, Meyer von Knonau ou de familles influentes sur le plan politique, telles que les von Grebel, Holzhalb, Heidegger, Rahn, Bodmer et Schwyzer (Schweizer).
Franziskus (1573-1617), Johann Anton (1589-1677) et Andreas (1581-1646), fils de l'ancêtre Johann Anton Pestalozzi, fondèrent les trois branches de la famille. Tous les Pestalozzi encore vivants sont issus, en ligne masculine, de la branche d'Andreas. Le pédagogue Johann Heinrich Pestalozzi est également un descendant d'Andreas.
Près de deux siècles après leur arrivée à Zurich, les Pestalozzi constituaient une famille très ramifiée, propriétaire de neuf demeures idéalement situées (zum Weissen Turm, zum Brünneli, Froschau, Brunnenhof, zum Trauben, Mohrenkönig, zum Steinbock, Thalhof und Wolkenstein). Malgré leur grand nombre, les Pestalozzi ont conservé un sens aigu de leur appartenance familiale. Un fonds familial a été constitué en 1750 pour freiner le déclin social de certains représentants de la famille, qui comptait une centaine de membres vers 1900.
La famille conserva sa position dominante à Zurich même durant les troubles de la Révolution helvétique de 1798 et après la fondation de l'Etat fédéral en 1848. Jusqu'en 2020, elle compta 16 membres au Grand Conseil, dont Friedrich Otto Pestalozzi, et deux au Petit Conseil (dès 1831 Conseil d'Etat) de Zurich. Après 1861, les Pestalozzi siégèrent à quatre reprises au Conseil municipal de Zurich et fournirent, avec le radical Hans Konrad Pestalozzi, un président de la ville (1889-1909). La famille ne compta en revanche que trois politiciens actifs sur le plan national: les conseillers nationaux Hans Konrad Pestalozzi, déjà mentionné, et Friedrich Pestalozzi, ainsi que le conseiller aux Etats Hans Jakob Pestalozzi. Sur le plan économique, l'entreprise de commerce d'acier et de services Pestalozzi est riche d'une histoire de plus de 250 ans.