6.5.1738 à Saint-Sulpice (NE), 4.4.1806 à Neuchâtel, protestant, de Saint-Sulpice. Marchand de denrées coloniales, fondateur d'un important cabinet d'histoire naturelle, officier au service de France, entrepreneur militaire au service de Hollande et d'Angleterre.
Charles-Daniel de Meuron était le fils de Théodore de Meuron, chamoiseur, marchand et capitaine de la milice du Val-de-Travers, et d'Elisabeth Dubois de Dunilac, ainsi que le frère de Pierre-Frédéric de Meuron. En 1762, il épousa à Rochefort, en Charente-Maritime, Anne-Marie Filhon de Morveaux, fille de Jean Filhon de Morveaux, issue d'une famille française fortunée. Le couple, qui n'eut pas d'enfants, divorça en 1802.
Après avoir débuté en 1751, à l'âge de 13 ans, un apprentissage de commerce à La Brévine, qu'il poursuivit chez un marchand de Liestal, Meuron se perfectionna en 1752 à Strasbourg. En 1755, ayant abandonné le commerce, il entra dans le régiment Hallwyl (Franz Josef von Hallwyl), où il servit dans la marine française (service étranger). D'abord stationné à Rochefort, il fut envoyé en 1758 en Martinique, en pleine guerre de Sept Ans, où il fit partie d'un détachement chargé de protéger des attaques anglaises la lucrative colonie sucrière française exploitée grâce à des personnes réduites en esclavage (colonialisme). Après que son navire eut été fortement endommagé par la marine britannique en 1759, Meuron et les membres de l'équipage retournèrent en Europe.
Lorsque le régiment Hallwyl fut dissous à la fin de la guerre de Sept Ans, en 1763, Meuron exerça pour un temps le métier de négociant en denrées coloniales (commerce maritime), mais se tourna à nouveau vers l'armée dès 1765. Engagé comme sous-lieutenant dans le régiment des Gardes suisses du roi de France, il fut honoré de la croix du Mérite militaire (1773) et atteignit le grade de colonel après 13 années de service. Meuron tenta parfois d'utiliser ses contacts à la cour française pour favoriser des projets coloniaux. Ainsi, en 1775, il proposa en vain de lever une troupe de Suisses désireux de s'installer en Guyane française. Grâce à la médiation de la cour, il put finalement recruter en 1781 le régiment Meuron au service de la Compagnie hollandaise des Indes orientales (entrepreneurs militaires), avec lequel il fut stationné au cap de Bonne-Espérance (Afrique du Sud) à partir de 1783. Si on sait peu de choses de son séjour sur place, il est toutefois avéré qu'il était propriétaire de 12 personnes esclavagisées. En 1786, Meuron rentra en Europe pour négocier avec la Compagnie hollandaise des Indes orientales les frais supplémentaires occasionnés par son régiment.
De 1787 à 1795, Meuron séjourna tour à tour en Hollande, en Prusse, en France et en Suisse, se consacrant à des activités commerciales et scientifiques grâce au soutien financier de son amie, la comtesse Duhamel née Victoire de Verry. A Paris, il géra un commerce de denrées coloniales importées du cap de Bonne-Espérance et à Saint-Sulpice, il installa son cabinet de curiosités, qui sera à l’origine des collections d'histoire naturelle, d’ethnographie et d’histoire de la ville de Neuchâtel. Une grande partie des objets avait été acquise pendant son séjour au pied de la Montagne de la Table et expédiée en Suisse. Outre des pièces ethnographiques et naturalistes, Meuron fit également venir en Europe deux esclaves, appelés Pedro et Vendredi. Arrivés en 1788 à Flessingue, ceux-ci rejoignirent ensuite Meuron à Saint-Sulpice, où ils succombèrent à une infection respiratoire durant l'hiver 1792-1793.
Sa santé fragile le contraignit en 1786 à confier le régiment à son frère Pierre-Frédéric de Meuron qui en reprit le commandement à son arrivée au cap de Bonne-Espérance en 1787. Charles-Daniel de Meuron en resta toutefois le propriétaire et continua dans une large mesure d’en assurer le recrutement. En 1795, il se rendit une nouvelle fois auprès de ses troupes, entre-temps stationnées à Ceylan. Estimant que la Compagnie hollandaise des Indes orientales n'avait pas respecté ses obligations contractuelles, Meuron conclut une nouvelle capitulation avec l'Angleterre et transféra son régiment au service de cette dernière en Inde. D'abord troupe auxiliaire de la Compagnie britannique des Indes orientales, puis unité à part entière de l'armée britannique, le régiment prêta service jusqu'à sa dissolution en 1816, notamment lors de la quatrième guerre de Mysore (1799), où il participa au pillage de la ville de Seringapatam, ainsi que lors des guerres dans la Péninsule ibérique et en Amérique du Nord britannique.
Meuron resta en Inde jusqu'en 1797 et fournit à la ville de Neuchâtel, à laquelle il avait légué sa collection au moment de son départ en 1795, d'autres pièces d’histoire naturelle (musées). Il s'installa définitivement dans cette ville en 1800, après avoir transité par Londres et Berlin. Franc-maçon depuis son séjour à Rochefort, il devint comte en 1763 après que le roi de Prusse eut anobli la branche de la famille Meuron à laquelle il appartenait. Le roi le nomma en outre chambellan en 1789 et chevalier de l'ordre de l'Aigle rouge de Prusse en 1800. Il fut promu lieutenant-général de l'armée britannique en 1802.