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Confirmation

Le terme désigne en français à la fois un sacrement de l'Eglise catholique administré dès les premiers siècles du christianisme et un rite de l'Eglise évangélique réformée, marquant l'entrée d'un baptisé comme membre actif dans la paroisse. La confirmation existe dans d'autres Eglises (catholique-chrétienne, anglicane, orthodoxe). L'Eglise primitive confirmait les enfants tout de suite après leur baptême, comme le font encore les Eglises d'Orient, les Eglises latines y ayant renoncé au XIIe s. La langue allemande distingue la Firmung catholique et la Konfirmation protestante, comme le fait aussi l'italien (cresima et confermazione).

Il n'y a jamais eu d'interprétation homogène de la signification du rite protestant. Zwingli et Calvin, qui refusaient le sacrement catholique, introduisirent une formation postbaptismale des enfants et des jeunes en vue de leur admission (ou réception) à la sainte cène (Enseignement religieux). Cette formation s'achevait par une confirmatio, un examen devant le pasteur. C'est dans le piétisme et la philosophie des Lumières que la confirmation moderne plonge ses racines. Son initiateur fut le piétiste de Francfort Philipp Jakob Spener, qui centra la religion sur les vœux personnels et sur l'exhortation spirituelle. La confirmation publique ne gagna que peu à peu la Suisse alémanique en commençant par les communautés rurales de Bâle (1725), de Bienne (1752) et de Zurich (1760). Ce n'est qu'en 1850 qu'elle fut introduite partout. En Suisse romande, Neuchâtel (liturgie d'Ostervald) fut la première Eglise à introduire la confirmation publique, qu'elle appelait ratification. Les paroisses du Pays de Vaud suivirent en 1725, malgré les réticences de Berne, Genève en 1737. A Neuchâtel, Vaud et Genève, la confirmation avait ou a lieu aux Rameaux, en Suisse alémanique l'un des dimanches après Pentecôte.

Volée de confirmands protestants, aux Rameaux 1963, paroisse de Pully-La Rosiaz (Coll. privée).
Volée de confirmands protestants, aux Rameaux 1963, paroisse de Pully-La Rosiaz (Coll. privée). […]

Plusieurs conceptions de la confirmation publique se chevauchèrent et se succédèrent. Selon la doctrine officielle, elle marquait une confirmation du baptême et l'accès à la cène. Dans le piétisme, la profession de foi personnelle du croyant passait au premier plan, la citation de la Bible donnée au confirmand lui servait de règle de conduite pour la vie. Au XIXe s., l'influence des Lumières sur l'Eglise donna une note rationaliste, moralisante à la confirmation, qui devint une fête émotionnelle de la jeunesse, un rite de passage qui donnait accès aux privilèges de l'âge adulte comme l'habillement, l'autorisation de boire de l'alcool, etc. (Rites de passage). C'est pourquoi la confirmation s'enracina si profondément dans la conscience sociale. Aujourd'hui, on la considère de plus en plus comme un office privilégié où l'identité et l'autonomie gagnées au cours de l'enfance sont confirmées et confortées par l'Eglise (Majorité). Le rite est fortement ancré dans la population protestante; en 1998, plus de 80% des jeunes ont confirmé.

Monseigneur Amédée Grab et un jeune confirmand en l'église Saint-François-de-Sales à Genève au début des années 1990. Photographie de Jean-Claude Gadmer © Bibliothèque cantonale et universitaire Fribourg, Fonds CIRIC.
Monseigneur Amédée Grab et un jeune confirmand en l'église Saint-François-de-Sales à Genève au début des années 1990. Photographie de Jean-Claude Gadmer © Bibliothèque cantonale et universitaire Fribourg, Fonds CIRIC.

Dans l'Eglise catholique, le concile de Trente revalorisa le sacrement de la confirmation, administré le dimanche de Quasimodo. Mais il ne joua pas comme chez les protestants le rôle de rite de passage, les confirmands étant en général plus jeunes. Depuis Vatican II, la confirmation n'est plus réservée au seul évêque. Les catholiques suisses ont récemment rehaussé l'âge de la confirmation, qui se fait désormais aussi vers 16-17 ans.

Sources et bibliographie

  • H. Vuilleumier, Hist. de l'église réformée du pays de Vaud, 4, 1933, 136-147
  • L. Vischer, La confirmation au cours des siècles, 1959 (all. 1958)
  • C. Burckhardt-Seebass, Konfirmation in Stadt und Landschaft Basel, 1975
  • TRE, 19, 437-451
  • Confirmation et multitudinisme, 1990
  • W. Kramer, «Konfirmation als Kasualgottesdienst: Welcher Kasus wird begangen?», in Der evangelische Erzieher, 49, 1997, 295-307
Liens

Suggestion de citation

Werner Kramer: "Confirmation", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 28.10.2008, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/027285/2008-10-28/, consulté le 23.09.2023.