31.12.1921 à Ilsenburg, 9.11.2012 à Zollikon, catholique-chrétien, Allemand, de Zurich dès 1937. Industriel actif notamment dans le secteur de l'armement et héritier d'une prestigieuse collection d'art.
Dieter Bührle était le fils aîné d'Emil Georg Bührle et de Charlotte née Schalk et le frère d'Hortense Bührle. Installé en Suisse à partir de 1924, il étudia le droit à l'Université de Zurich de 1941 à 1948 et obtint son doctorat en 1951. Athlète passionné, il s’engagea en particulier dans la section handball du Grasshopper Club, l'association sportive des milieux bourgeois zurichois. Il épousa Dorothea Meier, juriste, fille d'Emil Emanuel Meier, ingénieur zurichois, et d'Emilie née Halbheer. Le couple eut deux enfants (Carol et Christian Bührle).
Au début des années 1950, Dieter Bührle occupa différents postes dans la direction de l’entreprise familiale Werkzeugmaschinenfabrik Oerlikon Bührle & Co. (ensuite Oerlikon-Bührle) et participa notamment à l’expansion de celle-ci en Inde, en Egypte et aux Etats-Unis. Après le décès de son père en 1956, Dieter Bührle reprit la direction de la fabrique d'armement, de la banque familiale Industrie- und Handelsbank AG (Ihag) et des autres composantes du groupe en Suisse (notamment l'entreprise de haute technologie Contraves et l'avionneur Pilatus Flugzeugwerke) et à l’étranger (notamment Oerlikon Italiana à Milan et Gerätebauanstalt Balzers, ensuite Balzers und Leybold, au Liechtenstein). Par la suite, il continua à développer l’entreprise: en 1970, il racheta la branche armement de son concurrent genevois Hispano Suiza (production et commerce d'armes); en 1973, il organisa l’entrée en bourse du groupe Oerlikon-Bührle. Malgré les efforts de diversification dans le domaine civil (reprise du fabricant de chaussures Bally en 1977), les systèmes de défense antiaérienne (canons jumeaux de 35 mm, systèmes de conduite de tir Fledermaus et Skyguard) demeurèrent les fleurons du groupe. Ce dernier fit face à des difficultés croissantes à partir des années 1980.
Succédant à son père en 1956 dans le comité élargi de l’Association patronale suisse de l'industrie des machines (ASM), Dieter Bührle siégea également dès l'année suivante au comité directeur de la Société suisse des constructeurs de machines. Bien implanté dans l’élite zurichoise, il fit partie du conseil d'administration de la Banque Leu (1957), du comité directeur de la Chambre de commerce (1967-1970) et de la Société militaire de mathématiques de Zurich (dès 1963). Il fut aussi, comme son père avant lui, consul général honoraire d'Ethiopie (1958). En 1970, Bührle et trois de ses collaborateurs furent condamnés par le Tribunal fédéral pour livraison d'armes à l'Afrique du Sud et au Nigéria (conflit du Biafra), pays en guerre. Ce scandale contribua largement au lancement de l'initiative populaire «pour le contrôle renforcé des industries d'armement et pour l'interdiction d'exportation d'armes», qui recueillit 49,7% des voix en 1972. Colonel à l'état-major général, Bührle fut mis à disposition en 1971 à la suite de sa condamnation. En 1974, il fut reçu bourgeois d'honneur d'Unteriberg, commune dans laquelle Oerlikon-Bührle disposait depuis 1953 d’une place de tir à l'Ochsenboden (ensuite centre d'essais militaires de RWM Schweiz AG). L'Afrique du Sud lui décerna secrètement en 1978 l'ordre du Mérite pour le remercier d'avoir maintenu des relations commerciales avec son régime, alors boycotté par la communauté internationale en raison de l'apartheid.
A la tête d’une des plus grandes fortunes du pays (estimée à 400 millions de francs en 1989), Dieter Bührle siégea dans les différents conseils de fondation des institutions culturelles créées par son père et s’intéressa en particulier au développement de la maison d’édition Artemis, acquise par les Bührle en 1957. Celle-ci publia en 1973 le premier catalogue de la Fondation Collection E.G. Bührle. Par suite de désaccords avec sa sœur Hortense Anda-Bührle sur la conduite de l'entreprise et alors que le groupe Oerlikon-Bührle traversait des années difficiles (entre autres à cause de l'échec du système de défense antiaérienne Adats, Air Defense Anti Tank System), il quitta en 1990 la direction du groupe familial et se retira des affaires, reprises par Hortense. Après 1960, il vendit de nombreuses œuvres d’art parmi les quelques 150 qu'il avait reçues lors du partage de la collection de son père. A sa mort, il légua une dizaine des œuvres restantes à la Fondation Collection E.G. Bührle. Entrepreneur de premier rang, Dieter Bührle demeure, comme son père avant lui, une figure controversée de l'histoire suisse du XXe siècle.