8.7.1945 à Sion, catholique, de Chermignon. Cheffe d'entreprise, politicienne genevoise, membre du Parti socialiste, conseillère d'Etat, conseillère fédérale.

Micheline Rey est la fille de Charles Rey, instituteur, puis contrôleur et chef de train aux Chemins de fer fédéraux (CFF), syndicaliste, fondateur de la section de Saint-Maurice du Parti socialiste (PS), conseiller municipal de Saint-Maurice, et d’Adeline née Fournier, femme au foyer. Aînée d’une fratrie de trois filles, elle grandit dans le canton du Valais. Sa sœur, Eliane Rey, fut conseillère communale, puis municipale libérale à Lausanne et magistrate à la Cour des comptes du canton de Vaud. En 1966, Micheline Rey épousa André Calmy, d'origine juive, né à Bucarest, arrivé à Genève en 1952. Le couple eut deux enfants.
Titulaire d’une maturité commerciale obtenue à Sion en 1964, elle fit des études de sciences politiques à l’Institut universitaire de hautes études internationales de Genève, achevées par une licence en 1968. Dès la fin des années 1970 et jusqu'en 1997, elle dirigea avec son mari l’entreprise Careco SA à Lancy, active dans la diffusion de livres. Après avoir adhéré au PS genevois en 1979 (présidente de 1986 à 1990 et de 1993 à 1997), Micheline Calmy-Rey fut élue députée au Grand Conseil genevois, où elle siégea de 1981 à 1997 (présidente en 1992-1993). Après une première candidature malheureuse au Conseil d'Etat en 1993 (gouvernements cantonaux), qui laissa place à une législature monocolore composée de représentants des partis bourgeois, elle fut, en 1997, la deuxième femme élue à l'exécutif cantonal (réélue en 2001, présidente en 2001-2002). A la tête du Département des finances jusqu'en 2002, elle œuvra notamment à moderniser les outils de gestion de l'Etat (comptabilité financière intégrée) et présida au sauvetage de la Banque cantonale de Genève, alors menacée de faillite en raison de la crise immobilière des années 1990. Elle siégea également au conseil d’administration de l’Aéroport international de Genève (1994-1997).
A la suite de la démission de Ruth Dreifuss, le PS suisse présenta à sa succession au Conseil fédéral Ruth Lüthi, conseillère d’État fribourgeoise, et Micheline Calmy-Rey, auxquelles l'Union démocratique du centre (UDC) opposa la candidature de Toni Bortoluzzi, conseiller national zurichois. Elue le 4 décembre 2002 à l’issue du cinquième scrutin par 131 voix contre 68 à sa collègue de parti (majorité absolue 100), Micheline Calmy-Rey fut la quatrième femme, et la deuxième socialiste genevoise, à accéder au Conseil fédéral. Réélue en 2003 et 2007, elle fut présidente de la Confédération à deux reprises, en 2007 et 2011.
Micheline Calmy-Rey prit la direction du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), où elle succéda à Joseph Deiss. Elle mena une politique de rapprochement avec la Communauté européenne (CE, Union européenne, UE) qui aboutit à la signature des accords bilatéraux II en octobre 2004, soumis au référendum facultatif. Seul l’arrêté fédéral sur les accords de Schengen et de Dublin fut attaqué par référendum et Micheline Calmy-Rey conduisit la campagne du Conseil fédéral, qui reçut l'aval de la population en 2005. Elle soutint également avec succès les votations pour l'extension de l'accord sur la libre circulation aux nouveaux Etats membres de la CE (2005, 2009) et la loi fédérale sur la coopération avec les Etats d'Europe de l'Est («milliard de cohésion», 2006). Par ailleurs, elle développa les principes d'une diplomatie publique et d’une neutralité active, qui vit la Suisse tracer une politique en faveur de la paix et des droits humains et renforcer sa visibilité sur la scène internationale (politique étrangère), ce qui lui fut reproché par le camp bourgeois. Elle contribua en outre à la création, en 2006, du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, avec siège à Genève, et lança le projet de l'entrée de la Suisse au Conseil de sécurité. Engagée pour l’égalité entre les femmes et les hommes, elle promut les candidatures féminines dans la carrière diplomatique. Micheline Calmy-Rey participa activement à l’Initiative de Genève, plan de paix alternatif (resté lettre morte) pour tenter de régler le conflit israélo-palestinien, signée en décembre 2003. Elle fut confrontée au différend entre la Libye et la Suisse à la suite de l’arrestation en 2008 à Genève d’Hannibal Kadhafi, fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Les Suisses Max Göldi et Rachid Hamdani, pris en otage par le gouvernement libyen en mesure de rétorsion, ne furent libérés qu'en 2010. Sa visite en Iran en 2008 pour la signature d'un contrat gazier lui valut de vives critiques en Suisse et à l'étranger dans le contexte tendu de la crise du programme nucléaire iranien. Durant son mandat, elle s’engagea dans une série de dossiers internationaux d’envergure, tels que le dialogue entre les Corées (2003), le conflit entre Israël et le Hezbollah libanais (2008), les relations entre la Turquie et l’Arménie (2009) ainsi que la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo (2009). Elle présida le Comité des ministres du Conseil de l'Europe (novembre 2009-mai 2010) et la Conférence ministérielle de la Francophonie (2010-2011).
Micheline Calmy-Rey annonça son retrait du Conseil fédéral en septembre 2011. Professeure invitée au Global Studies Institute de l’Université de Genève dès 2012, elle y enseigne la gouvernance globale et la politique extérieure de la Suisse. L’International University in Geneva lui décerna un doctorat honoris causa (2012). Présidente de la Fondation Martin Ennals (2012-2016) et de la Fondation Gobat pour la paix (depuis 2020), elle est membre du conseil de fondation du Geneva Science and Diplomacy Anticipator (depuis 2019).