SimonettaSommaruga

14.5.1960 à Zoug, sans confession, de Lugano et, après son mariage, aussi d'Eggiwil. Pianiste, politicienne bernoise, membre du Parti socialiste (PS), active dans la défense des consommateurs, conseillère nationale et aux Etats, conseillère fédérale.

Après l’élection de Simonetta Sommaruga, le Conseil fédéral est pour la première fois à majorité féminine. Photographie du 22 septembre 2010 (KEYSTONE / POOL / Peter Schneider, image 97008070).
Après l’élection de Simonetta Sommaruga, le Conseil fédéral est pour la première fois à majorité féminine. Photographie du 22 septembre 2010 (KEYSTONE / POOL / Peter Schneider, image 97008070). […]

Fille du Tessinois Marco Sommaruga et de la Schwytzoise Marie-Thérèse née Keel, Simonetta Sommaruga grandit à Sins, dans le canton d'Argovie, dans un milieu catholique. Son père travaillait comme chef d'atelier chez Lonza et sa mère, femme au foyer, s'occupait de leurs quatre enfants; ils étaient tous deux engagés dans le bénévolat. Cornelio Sommaruga, ancien président du Comité international de la Croix-Rouge, est un parent éloigné.

Après avoir obtenu sa maturité au gymnase d'Immensee dans le canton de Schwytz en 1980, Simonetta Sommaruga suivit une formation de pianiste au conservatoire de Lucerne qu'elle acheva en 1983 avec le diplôme d'enseignement; elle se perfectionna ensuite à Stanford (Californie) et à Rome. De 1985 à 1994, elle donna des concerts et enseigna au conservatoire et à l'école normale cantonale de Fribourg. Simonetta Sommaruga adhéra au Parti socialiste à l'âge de 26 ans. De 1988 à 1991, elle étudia pendant quelques semestres les littératures anglaise et espagnole à l'Université de Fribourg. Parallèlement, elle travailla dans le foyer pour femmes de la ville, une activité qui influença son parcours politique. En 1996, elle épousa l'écrivain suisse Lukas Hartmann (pseudonyme de Hans-Rudolf Lehmann), fils de Hans Lehmann, avec qui elle vécut d'abord à Köniz, puis à Berne. Le couple n'eut pas d'enfants.

La conseillère aux Etats Simonetta Sommaruga se réjouit, avec des membres du comité, de l’acceptation de l’initiative «Stop OGM». Photographie du 27 novembre 2005 (KEYSTONE / Monika Flueckiger, image 26314493).
La conseillère aux Etats Simonetta Sommaruga se réjouit, avec des membres du comité, de l’acceptation de l’initiative «Stop OGM». Photographie du 27 novembre 2005 (KEYSTONE / Monika Flueckiger, image 26314493). […]

Simonetta Sommaruga acquit sa notoriété dans la défense des consommatrices et consommateurs. A partir de 1993, elle dirigea en effet la Fondation pour la protection des consommateurs, dont elle présida ensuite le conseil de fondation de 2000 à 2010. Elle mit à l'agenda politique de nouveaux thèmes comme la production alimentaire biologique et écologique. Elue conseillère municipale de Köniz en 1997, elle resta en fonction jusqu'en 2005. Elle fut conseillère nationale de 1999 à 2003, puis représenta son canton au Conseil des Etats de 2003 à 2010. Dans les deux Chambres, elle fit partie de la Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et de l'énergie. Au sein de la Chambre haute, elle fut également membre de la Commission de l'économie et des redevances (présidente de 2007 à 2009), de la Commission de politique extérieure, de la Commission des affaires juridiques et de celle de la sécurité sociale et de la santé publique, ainsi que vice-présidente de la Délégation auprès du Comité parlementaire de l'AELE, entre autres chargée des relations avec le Parlement européen (2010). En 2001, alors qu'elle était conseillère nationale, Simonetta Sommaruga publia avec trois coauteurs le «manifeste du Gurten», qui demandait une nouvelle orientation du PS: davantage de marché, réduction de la dette et de la quote-part publiques, plus grande responsabilité individuelle de la part des bénéficiaires de prestations de l'Etat et droit des étrangers visant à une meilleure intégration et prévoyant une limitation de l'immigration. Elle se retrouva donc en conflit avec celles et ceux qui refusaient un tel repositionnement du PS (membres, surtout romands, de l'aile gauche du parti et syndicats). Au cours de sa carrière parlementaire, elle réussit à faire passer plusieurs de ses motions et postulats, en montrant ainsi sa capacité à bâtir des majorités au-delà des partis. Jusqu'à son élection au Conseil fédéral, elle fut membre du conseil de fondation de Swissaid (dès 1996, présidente de 2003 à 2008) et coprésidente du Forum musique et femmes Suisse (dès 2002).

Lorsque Moritz Leuenberger annonça en juillet 2010 son retrait du Conseil fédéral, le groupe socialiste désigna Simonetta Sommaruga et la conseillère nationale zurichoise Jacqueline Fehr comme candidates à sa succession. Le 22 septembre 2010, l'Assemblée fédérale élut Simonetta Sommaruga au quatrième tour avec 159 voix (majorité absolue de 121 voix). De 2010 à la fin de 2018, elle dirigea le Département fédéral de justice et police (DFJP). Sa politique de l'asile et de l'immigration, critiquée tant par des représentants de la droite que par des membres de la gauche, fut au centre de l'attention publique. Sous son égide, la Suisse fut l'un des pays européens qui effectua le plus de renvois de requérants dans le cadre de l'accord de Dublin. Sa révision de la loi sur l'asile, qui prévoyait l'accélération des procédures et une représentation juridique gratuite pour les demandeurs, fut acceptée par la majorité des votants en 2016. L'année suivante, le peuple et les cantons votèrent en faveur d'une modification constitutionnelle visant à faciliter la naturalisation des étrangers de la troisième génération. En tant que cheffe du DFJP, Simonetta Sommaruga procéda à la réforme en plusieurs étapes du droit de la famille. Elle œuvra en outre en faveur de l'égalité entre hommes et femmes (égalité féminine): loi fédérale sur l'amélioration de la protection des victimes de violence (entrée en vigueur en 2020), contrôles de l'égalité salariale, quotas féminins pour les sociétés cotées en bourse.

La présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga fait une déclaration au nom du Conseil fédéral au début de la session parlementaire extraordinaire des 4-6 mai 2020 qui se tient au centre d’expositions Bernexpo à Berne. Vidéo du 4 mai 2020 (Services du Parlement; parlament.ch).
La présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga fait une déclaration au nom du Conseil fédéral au début de la session parlementaire extraordinaire des 4-6 mai 2020 qui se tient au centre d’expositions Bernexpo à Berne. Vidéo du 4 mai 2020 (Services du Parlement; parlament.ch). […]

Après la retraite de Doris Leuthard, Simonetta Sommaruga reprit en 2019 le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC). Sous sa direction, la Confédération conclut en 2020-2021 des accords bilatéraux sur la protection du climat avec le Pérou, le Ghana, le Sénégal, la Géorgie et les Etats insulaires du Vanuatu et de la Dominique, accords permettant de compenser les émissions de CO2 de la Suisse par le biais de projets climatiques réalisés dans ces pays. En 2021, une révision étendue de la loi sur le CO2 voulue par le Parlement pour lutter contre le changement climatique (climat) échoua en votation populaire. Présidente de la Confédération en 2015 et 2020, Simonetta Sommaruga put mettre à profit son plurilinguisme. Sa deuxième année présidentielle fut placée sous le signe de la pandémie de Covid-19, contre laquelle le Conseil fédéral lutta en adoptant le 16 mars 2020 des ordonnances de nécessité (droit de nécessité). Au nom du gouvernement, elle lança un appel pressant à la population pour qu'elle respecte les mesures prises. Principale gestionnaire de crise du pays, elle dirigea les réunions du Conseil fédéral qui se tenaient presque quotidiennement. Au cours des dernières années de son mandat, elle fut confrontée en tant que cheffe du DETEC à l'augmentation des prix sur le marché européen de l'énergie ainsi qu'à la menace d'une pénurie d'électricité et de gaz en Suisse – dangers qui s'aggravèrent considérablement après l'éclatement de la guerre en Ukraine en février 2022. Au début novembre 2022, Simonetta Sommaruga annonça sa démission à la surprise générale, après que son mari fut tombé gravement malade.

Sources et bibliographie

  • Huber, Henri; Kaestli, Tobias; Linder, Wolf; Sommaruga, Simonetta: Gurten-Manifest für eine neue und fortschrittliche SP-Politik, 2001.
  • Sommaruga, Simonetta; Strahm, Rudolf H.: Für eine moderne Schweiz. Ein praktischer Reformplan, 2005.
  • Cash, 19.1.2001.
  • Der Bund, 4.7.2014.
  • Schaffhauser Nachrichten, 27.2.2021.
  • Neue Zürcher Zeitung, 3.11.2022.
Liens
Notices d'autorité
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Suggestion de citation

Diego Hättenschwiler: "Sommaruga, Simonetta", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 06.12.2022, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/046585/2022-12-06/, consulté le 29.03.2024.