Station littorale de l’âge du Bronze, commune de Collonge-Bellerive (GE), sur la rive sud du Léman, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco en 2011.
Le site, à environ 170 m du rivage, à la hauteur du débarcadère de Bellerive, est la station palafittique du Bronze final la mieux conservée de la rive suisse du Petit-Lac. Un deuxième établissement littoral, plus modeste et très érodé, plus proche du rivage (Bellerive II), appartient au Néolithique final, à la culture de l’Auvernier-Cordé.
C’est Hippolyte Gosse qui, en 1870, signala le premier le site de Bellerive I. Les premières explorations et relevés en plongée eurent cependant lieu en 1986 seulement. Des carottages permirent alors de dessiner l'extension de la couche archéologique, d’évaluer son épaisseur et d’identifier trois niveaux distincts de fumier lacustre qui plongent vers le large. En 1988, 45 pilotis furent prélevés pour des analyses dendrochronologiques.
Cette vaste station s'étend sur une surface de 390 x 95 m. La couche archéologique, très bien conservée, observée sur une extension d'environ 200 m, est limitée à la partie la plus au large du site. Les pilotis se trouvent en grande densité, ainsi que le mobilier archéologique, apparent dans le front d’érosion de la couche anthropique. Une ténevière (plage de galets aménagée par l’homme) s'étend sur l'ensemble des zones archéologiques, mais la densité des galets est croissante depuis le large vers le bord. Malgré son éloignement du rivage actuel, les couches archéologiques affleurantes sont soumises à l'érosion régulière des vagues de tempêtes.
Un riche mobilier comprenant des fragments de céramique, des outils en bronze, des objets de parure, des fusaïoles et des torches-supports en terre cuite (sorte de gros anneau qui pouvait servir à caler un récipient) est conservé au Musée d’art et d’histoire de Genève. Lors des observations de 1986, de nombreux profils de céramique ont été récoltés, ainsi que le fond d’un panier en branches de noisetier, l’un des rares exemples de vannerie préhistorique trouvé dans le Léman.
Une première série de datations dendrochronologiques a confirmé l’occupation de Bellerive I au Bronze final entre 998 et 880 av. J.-C., ce qui la rend contemporaine de la station française de Chens-sur-Léman-Tougues, distante de 9 km au nord.