8.2.1714 à Lugano, après 1791 à Lugano, catholique, de Lugano. Comtesse, mère supérieure du couvent des augustines de Sainte-Marguerite à Lugano.

Maria Anna Vittoria Lucrezia Riva était la quatrième des 12 enfants de Rodolfo Giovanni Riva, l'un des magistrats les plus influents de Lugano, et de Maria Maddalena Rusca, descendante de l'une des plus prestigieuses familles du bourg. Petite-fille du comte Giovanni Battista Riva, ancêtre de la branche noble, elle porta le titre de comtesse. Comme beaucoup de jeunes femmes nobles de l'époque, elle entra dans la vie religieuse. En 1731, grâce à l'intervention du comte Antonio Riva, son oncle et parrain, elle obtint (moyennant une simple dot) une place dans le couvent des augustines de Sainte-Marguerite à Lugano, où elle prit le nom en religion de sœur Vittoria Marianna. A l'occasion de sa profession solennelle (peut-être en 1732), on publia une chanson intitulée Della vanità de' beni mondani («De la vanité des biens terrestres»), composée par le comte abbé Francesco Saverio Riva, qui était également son oncle, tout comme Gian Pietro Riva, lui aussi ecclésiastique et intellectuel d'une certaine importance. Le rôle éminent tenu par Vittoria Marianna Riva dans le couvent de Sainte-Marguerite, dont elle fut mère supérieure (ou abbesse, 1745-1747 et 1758-1760) et vicaire (1791), est attesté par le fait que son nom apparaît dans des baux agricoles et, plus généralement, dans des transactions sur les marchés foncier et du crédit concernant l'institution.
A l'époque moderne, les communautés religieuses féminines, placées sous la juridiction de l'évêque et non sous celle de leur ordre, jouaient un rôle clé dans la vie des bourgs et des villes. Les couvents ne constituaient pas seulement une option locale de placement pour les nombreuses jeunes femmes qui faisaient leur entrée au cloître, mais proposaient également une formation scolaire, artistique (musique et peinture) et au travail manuel. Dans ce domaine, les Riva ne firent pas exception: non seulement de nombreuses représentantes de la famille entrèrent en religion dans les couvents du bourg, mais la lignée soutint ces communautés, tant par ses bons offices que matériellement. Dans son testament de 1726, le grand-père de Vittoria Marianna Riva, le susmentionné Giovanni Battista Riva, disposa que des médicaments soient fournis à Sainte-Marguerite; son oncle Francesco Saverio Riva, qui vivait dans un somptueux palais en face du couvent dans le quartier de Verla, en fut longtemps le protecteur. Le parcours de Vittoria Marianna Riva, qui peut être reconstitué dans ses grandes lignes, est donc représentatif de celui d'autres femmes, dont les traces sont plus ténues, qui jouèrent souvent un rôle de premier plan dans les couvents et prirent une part active à la vie de la communauté urbaine, notamment dans le domaine de l'éducation.