18.2.1917 à Appenzell, 5.8.2003 à Walkringen, catholique, d'Appenzell. Sage-femme, à la tête d'une des premières maisons de naissance en Suisse et partisane d'une obstétrique holistique.
Aînée de quatre enfants, Ottilia Streule grandit dans la pauvreté. Ses parents Josef Anton Streule, agriculteur, et Ottilia née Rist tenaient une ferme à Sonnenhalb, près d'Appenzell. Pendant les vacances scolaires, la jeune fille brodait à la main, contribuant ainsi au revenu familial. A l'âge de 13 ans, elle prit la décision de devenir sage-femme. Sa famille n'ayant toutefois pas les moyens financiers pour lui permettre de fréquenter l'école secondaire, Ottilia Streule fut obligée de travailler dans le service de maison à la fin de sa scolarité. Elle souffrit toute sa vie de sa modeste formation scolaire. A peine âgée de 20 ans, elle obtint un prêt de 2000 francs de la part de particuliers et put ainsi suivre – sans l'accord de ses parents et contre l'avis du curé, qui la trouvait encore trop jeune – une formation de sage-femme d'un an à Saint-Gall. Rentrée à Appenzell, elle demanda une autorisation cantonale pour l'exercice de son activité et commença à pratiquer des accouchements à domicile, en particulier dans les fermes isolées.
En 1940, elle épousa Emil Grubenmann, ferblantier et photographe, avec qui elle eut deux fils. Le couple s'installa dans une maison à la Weissbadstrasse à Appenzell, dans laquelle se trouvait une blanchisserie qu'Ottilia Grubenmann dirigea parallèlement à son travail de sage-femme. Dans les années 1950, elle transforma sa demeure en maison de naissance pour mères célibataires (illégitimité). Celles-ci, qui se trouvaient dans une situation sociale difficile, en échange de leur aide dans la blanchisserie et pour les travaux ménagers, bénéficiaient d'un accompagnement à l'accouchement, d'un logement pendant la grossesse et la période des couches, ainsi que d'un soutien si l'enfant était donné en adoption. Dans les années 1960, Ottilia Grubenmann se sépara de son mari et bâtit une nouvelle maison de naissance, où elle vécut également avec ses fils. En 1966, elle obtint du gouvernement des Rhodes-Intérieures l'autorisation d'accueillir des femmes d'autres cantons; dans la décennie suivante, elle ouvrit le foyer à toutes les futures mères qui souhaitaient accoucher de manière naturelle. Elle travailla aussi comme sage-femme indépendante dans les hôpitaux d'Appenzell (pendant 36 ans) et de Gais (durant 21 ans). En 1969, elle fut la première femme élue à la commission sanitaire cantonale. Critique vis-à-vis de l'influence grandissante du corps médical dans le domaine de l'obstétrique, Ottilia Grubenmann conseillait aux femmes enceintes de prendre confiance en elles et en la nature. A son avis, le déroulement naturel de l'accouchement était grandement entravé lorsque les parturientes étaient dérangées dans leur intimité par l'intervention prématurée des gynécologues.
Elle dénonça la technicisation et la pathologisation de la grossesse, de l'enfantement et de la période des couches typiques de son époque. Déjà dans les années 1940, Ottilia Grubenmann défendit des positions favorables à l'accouchement naturel et à l'obstétrique holistique qui restent pertinentes. Elle exerça la profession de sage-femme pendant plus de 60 ans et publia ses expériences dans l'ouvrage 200 Praxisfälle (2 volumes), qui fut réédité dans les années 1990. Active jusqu'à un âge avancé, elle décéda lors d'une visite à Walkringen.