Institut catholique fondé sur une initiative privée dans le canton protestant de Zurich, l'école de redressement de Richterswil accueillit de 1881 à 1987 des jeunes filles et femmes (jeunesse). Jusqu'au milieu des années 1920, il fonctionna comme un établissement de travail forcé (selon le principe du «foyer industriel») dirigé par des laïques.
Créé par la Société suisse d'utilité publique (SSUP) dans la tradition des maisons d'éducation et de secours des pauvres du XIXe siècle (institutions de confinement), l'établissement industriel pour jeunes filles catholiques de Richterswil (Industrielle Anstalt für katholische Mädchen in Richterswil) ouvrit ses portes en 1881. Placé sous l'égide de l'industriel et philanthrope Caspar Appenzeller, qui gérait déjà à cette époque trois autres foyers pour enfants et jeunes, sa caractéristique principale était d'intégrer le travail industriel à «but éducatif». Installé dans une usine datant du début du XIXe siècle sise à la Seestrasse, à la limite de Richterswil, l'institut, par manque de place, dut être agrandi en 1889 déjà: une fabrique avec des salles de travail sur deux étages fut ainsi construite. Un domaine agricole adjacent assurait l'autosuffisance alimentaire (production de lait, engraissement de porcs, cultures maraîchères). Jusqu'en 1930, la ferme fut exploitée surtout par les internées, puis elle fut louée. Un immeuble d'habitation abritant une école ménagère situé à une centaine de mètres au sud des bâtiments plus anciens fut inauguré en 1960. On ne sait rien sur d'éventuelles mesures de sécurité de type carcéral appliquées dans l'établissement.
L'institut accueillait des jeunes filles et femmes âgées de 15 à 25 ans environ, considérées comme «difficiles à éduquer». A l'origine, la limite d'âge inférieure avait été fixée à 13 ans, correspondant à la fin de la scolarité obligatoire. Avant la Première Guerre mondiale, le foyer abrita entre 70 et 90 internées à la fois; pendant le conflit et jusqu'au début des années 1920, leur nombre tomba à environ 30, puis remonta à 70-80. Dès la fin des années 1930, il baissa continuellement pour atteindre les 40-50 personnes, puis, à la suite d'un nouveau concept éducatif à la fin des années 1960, se stabilisa autour des 20 jusqu'à la fermeture de la structure.
Les pensionnaires venaient de toute la Confédération: la plupart étaient originaires des cantons catholiques de la Suisse alémanique, mais parfois aussi de la Suisse romande, du Tessin ou des pays voisins. Les internements étaient ordonnés par voie judiciaire (tribunaux des mineurs, droit pénal) ou administrative (internement administratif) ou étaient dus à l'initiative privée des tuteurs. Pour autant qu'on le sache, les internements administratifs étaient les plus fréquents (jusqu'à trois quarts du total dans les années 1960). Il est en outre attesté que de 1930 environ aux années 1960, l'Œuvre des enfants de la grand-route de Pro Juventute envoya à Richterswil des jeunes issues de familles jenisch (Jenisch).
Les internées durent travailler jusqu'en 1926 dans la retorderie de soie de Richterswil (industrie textile), exploitée par les fabricants Rudolf Zinggeler et son fils homonyme (Rudolf Zinggeler), contribuant ainsi au financement du foyer. Les problèmes économiques causés par la disparition de cette source de revenus ainsi que les accusations de mauvais traitements formulées par d'anciennes pensionnaires conduisirent à un changement de direction et à une nouvelle conception de l'institution par les sœurs de l'œuvre Sainte-Catherine de Bâle. Les travaux domestiques tels que la lessive, le repassage, la couture, la confection de tabliers et le jardinage remplacèrent le travail industriel; à partir de 1954, les internées purent en outre suivre des formations professionnelles internes de couturière pour dames, de lingère, de repasseuse ou en économie domestique. A la fin des années 1960, la direction de l'établissement remplaça cette offre limitée par une «année pratique» qui servait à évaluer les aptitudes professionnelles des jeunes femmes. Des fonds publics assurèrent de plus en plus le financement de la structure, en lieu et place du travail des pensionnaires. A la suite de ces changements, l'institut fut renommé Stiftung Grünau en 1967. En raison du manque de relève dans la congrégation, les sœurs de Sainte-Catherine remirent la gestion des affaires à des laïques en 1977. La nouvelle direction introduisit une «année de choix professionnel» qui devait permettre d'accéder à un plus large éventail de métiers.
Suivant la tendance des années 1970 vers de nouvelles formes de prise en charge, un groupe d'habitation externe encadré fut ouvert en 1979 (d'abord près de Wollerau, puis, dès 1982, à Richterswil). Avec l'entrée en vigueur en 1986 du nouveau concept pour les institutions sociales du canton de Zurich, les subventions pour les établissements privés furent supprimées, ce qui entraîna la fermeture du foyer de Richterswil en 1987. Après une phase de réorientation, la Stiftung Grünau se consacra, à partir des années 1990, à l'intégration professionnelle des jeunes.