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Louis-HenriFourgeoud

24.6.1717 à Lausanne, 6.4.1779 à La Haye, protestant, de Bussigny-près-Lausanne. Officier au service de Hollande ayant activement participé à la répression de deux révoltes d'esclaves.

Portrait du colonel Louis-Henri Fourgeoud. Eau-forte réalisée vers 1779 par Theodoor Koning à Amsterdam, 19,7 x 15,4 cm (Rijksmuseum, Amsterdam, RP-P-1880-A-4534).
Portrait du colonel Louis-Henri Fourgeoud. Eau-forte réalisée vers 1779 par Theodoor Koning à Amsterdam, 19,7 x 15,4 cm (Rijksmuseum, Amsterdam, RP-P-1880-A-4534). […]

La première moitié de la vie de Fourgeoud est mal documentée; il est avéré qu’il fut baptisé en 1717 comme fils de Jean-Jacques Fourjoud et de Marguerite Dubré. Le choix de ses parrain et marraine, Henri et Louise Polier, indique que ses parents fréquentaient la haute société lausannoise. Fourgeoud devait entretenir ces relations jusqu'à la fin de sa vie, ainsi qu’en témoignent des lettres de Jean Henri Polier de Vernand, sous-bailli de Lausanne, datant des années 1770.

Sa carrière militaire au service étranger est attestée une première fois avec certitude dans la colonie hollandaise de Berbice (Guyana), sur la côte nord de l'Amérique du Sud, lors de la révolte des esclaves de 1763 (esclavage). Environ 70 personnes esclavagisées s'étaient soulevées pour protester contre les conditions inhumaines dans les plantations de sucre et de café lors d'une rébellion qui se propagea rapidement. Sous la direction des dénommés Coffy et Accara, anciennement serviles, les insurgés enregistrèrent d'abord des succès considérables. Le cours des événements changea toutefois durant l'hiver 1763-1764, lorsque quelque 500 soldats, parmi lesquels Fourgeoud, arrivèrent des Etats généraux de Hollande. Avec le soutien de troupes auxiliaires autochtones et de personnes esclavagisées n’ayant pas rejoint les rangs des rebelles, les forces coloniales purent réprimer avec violence la révolte en août 1764 (colonialisme). Alors que la majeure partie des troupes européennes rentrait peu après aux Pays-Bas, Fourgeoud resta à Berbice jusqu'en 1765, où il commanda, avec le grade de major, une compagnie de 100 volontaires chargée de veiller à ce qu'aucune nouvelle insurrection n'éclatât.

March thro' a swamp or Marsh in Terra-firma. Eau-forte de William Blake, 1794, 22,2 x 13,3 cm. Publiée en 1796 dans Narrative of a five Years’ Expedition against the Revolted Negroes of Surinam de John Gabriel Stedman, Londres, J. Johnson & J. Edwards, vol. 2, p. 104 (The William Blake Archive, Collection of Robert N. Essick).
March thro' a swamp or Marsh in Terra-firma. Eau-forte de William Blake, 1794, 22,2 x 13,3 cm. Publiée en 1796 dans Narrative of a five Years’ Expedition against the Revolted Negroes of Surinam de John Gabriel Stedman, Londres, J. Johnson & J. Edwards, vol. 2, p. 104 (The William Blake Archive, Collection of Robert N. Essick). […]

Dans les années 1760 et 1770, la colonie hollandaise du Suriname fut secouée par des conflits armés répétés entre propriétaires de plantations et esclaves fugitifs (appelés marrons). Ces révoltes, dirigées par d'anciens asservis nommés Boni, Aluku, Coromantjn Codjo et Suku, amenèrent le gouverneur à demander de l'aide militaire en Europe. En 1773, Fourgeoud – désormais colonel – dirigea le corps expéditionnaire envoyé pour mater la rébellion. En 1796, le soldat John Gabriel Stedman, d'origine écossaise et néerlandaise, publia un récit de l'expédition militaire et de la vie quotidienne dans les plantations, dans lequel il décrit Fourgeoud comme un chef énergique et impitoyable, harcelant ses propres soldats et punissant brutalement les esclaves, hommes et femmes, capturés. Lorsque les rebelles s'enfuirent vers la Guyane française en septembre 1776, Fourgeoud estima avoir accompli sa mission. Désireux de rentrer en Europe avec les soldats restants, il dut cependant attendre l'arrivée de nouvelles troupes coloniales et ne put se rendre à La Haye qu'en 1778, où il mourut en 1779.

Dans quelle mesure Fourgeoud réussit à mater la rébellion au Suriname est une question controversée. Lui-même se considérait comme le sauveur de la colonie, tandis que le gouverneur et les propriétaires de plantations étaient d'avis que les insurrections auraient pu être réprimées plus efficacement et avec moins de pertes. Des 1200 soldats européens sous les ordres de Fourgeoud, seuls 100 survécurent; la plupart moururent de maladies tropicales et d'épuisement. A partir de 1789, les marrons lancèrent quant à eux de nouvelles attaques récurrentes, depuis leur exil, contre les propriétaires de plantations.

Sources et bibliographie

Liens
En bref
Variante(s)
Louis-Henri Fourgoud
Louis-Henri Fourjoud
Dates biographiques ≈︎ 24.6.1717 ✝︎ 6.4.1779

Suggestion de citation

Philipp Krauer: "Fourgeoud, Louis-Henri", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 15.10.2024, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/061697/2024-10-15/, consulté le 08.12.2024.