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Sophie-AdrienneMartinet Larguier des Bancels

1771 à Genève (?),22.7.1840 à Moudon, protestante. Propriétaire d'une plantation de canne à sucre et de café à l'île de France (île Maurice).

Première page de la lettre adressée depuis l'île de France (île Maurice) par Sophie-Adrienne Martinet Larguier des Bancels à son frère Jean-Samuel Larguier des Bancels, 14 septembre 1820 (Archives cantonales vaudoises, Chavannes-près-Renens, P Larguier des Bancels, 65/4, fol. 1).
Première page de la lettre adressée depuis l'île de France (île Maurice) par Sophie-Adrienne Martinet Larguier des Bancels à son frère Jean-Samuel Larguier des Bancels, 14 septembre 1820 (Archives cantonales vaudoises, Chavannes-près-Renens, P Larguier des Bancels, 65/4, fol. 1). […]

Sophie-Adrienne Larguier des Bancels était la fille de Pierre-Frédéric Larguier des Bancels et d'Adrienne Sophie Dorothée Richard et la sœur d'Antoine-Frédéric Larguier des Bancels. Elevée à Genève, elle débarqua en 1801 à l'île de France pour s’occuper de son père âgé. L'année suivante, elle épousa Fiacre François Alexandre Martinet, négociant à Port-Louis, fils de François Nicolas Martinet, épicier, et de Marie Marguerite Lefevre, avec lequel elle eut trois enfants (Sophie, Frédéric et Louis Alexandre Martinet), tous nés sur l’île de France. Pierre-Frédéric Larguier des Bancels laissa à ses héritiers une plantation aux Trois-Ilôts (district de Flacq) avec une vingtaine d’esclaves. Sophie-Adrienne Martinet Larguier des Bancels et son époux vendirent ce bien pour financer l’achat d’une plus grande plantation de canne à sucre et de café, située à l’intérieur de l’île, aux Plaines Wilhems (Mont-Rose, 1810). Devenue veuve en 1817, Sophie-Adrienne fut aidée par son frère Jean-Samuel Larguier des Bancels dans le développement du domaine et l’exportation du sucre et du café (commerce maritime). Procureur juré et commerçant à Lausanne, celui-ci était arrivé sur l'île en 1815 pour soutenir sa sœur et défendre du même coup sa part d’héritage. Après le départ de Jean-Samuel en 1818, Sophie-Adrienne géra seule ses affaires, ce qui s’avéra de plus en plus compliqué dans un contexte de cyclones répétés et de multiples rébellions d’esclaves aboutissant à l’abolition de l’esclavage par les Anglais (1835, abolitionnisme). Les lettres qu’elle adressa à Jean-Samuel (qui fut ensuite juge à Lausanne et préfet de Nyon) témoignent des difficultés d’une veuve à la tête d’une plantation (vendue aux enchères en 1820) et de la situation politique et économique de l’île au début du XIXe siècle. Elle se trouva finalement dépossédée de ses biens et de ses esclaves. La mort en mer de son fils cadet Louis Alexandre Martinet en 1836 la poussa à quitter l’île pour regagner la Suisse avec sa fille Sophie (1837). Après le décès de Sophie-Adrienne à Moudon en 1840, Sophie Martinet décida de retourner sur l’île de France pour retrouver son frère Frédéric.

Mont-Rose, aux Plaines Wilhems (île Maurice), propriété et plantation de Sophie-Adrienne Martinet Larguier des Bancels. Dessin au crayon réalisé par sa nièce Jenny Larguier des Bancels, vers 1815 (Archives cantonales vaudoises, Chavannes-près-Renens, P Larguier des Bancels, 105).
Mont-Rose, aux Plaines Wilhems (île Maurice), propriété et plantation de Sophie-Adrienne Martinet Larguier des Bancels. Dessin au crayon réalisé par sa nièce Jenny Larguier des Bancels, vers 1815 (Archives cantonales vaudoises, Chavannes-près-Renens, P Larguier des Bancels, 105). […]

Les nombreuses lettres de Sophie-Adrienne et de son père à leur famille à Saint-Germain-de-Calberte et à Lausanne offrent une peinture saisissante de la vie et des pratiques des personnes expatriées (commerçants, propriétaires de plantations et d'esclaves) sur l’île de France (colonialisme) ainsi que des années qui précèdent et suivent immédiatement l’abolition de l’esclavage sur l’île en 1835.

Sources et bibliographie

  • Pavillon, Olivier: Des Suisses au cœur de la traite négrière. De Marseille à l’île de France, d’Amsterdam aux Guyanes (1770-1840), 2017, surtout pp. 17-89.
Liens
En bref
Variante(s)
Sophie-Adrienne Larguier des Bancels (nom de naissance)
Sophie-Adrienne Martinet (nom de mariage)
Dates biographiques ∗︎ 1771 ✝︎ 22.7.1840

Suggestion de citation

Olivier Pavillon: "Martinet Larguier des Bancels, Sophie-Adrienne", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 14.03.2024. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/061977/2024-03-14/, consulté le 14.10.2024.