17.9.1901 à Schwarzau am Steinfeld (Autriche), 1.7.1989 à Sion, catholique, de Mörel. Pionnière de la lutte pour le suffrage féminin en Valais.

Renée de Sépibus grandit en Italie et en Autriche, puis en Suisse avec trois sœurs et deux frères dans une famille patricienne catholique et pieuse proche de la maison de Bourbon-Parme. Avant son mariage, sa mère, Ernestina Cocastelli di Montiglio, comtesse de Montiglio, Italienne, fut dame d’honneur de la duchesse de Parme et infante de Portugal, Antónia de Bragance (mère de l'impératrice d'Autriche Zita de Bourbon-Parme), et s'occupa de ses deux premiers enfants, la princesse Adelaïde et le prince Sixte. Son père, Charles de Sépibus, fut pendant une vingtaine d’années secrétaire particulier de Robert Ier, duc de Parme et époux d'Antónia de Bragance, avant de regagner Sion avec sa famille au début du XXe siècle, où il fut secrétaire au Département des finances du canton du Valais (1906), puis teneur de livres (1907). La sœur aînée de Renée, Marie-Gabrielle de Sépibus, fut demoiselle de compagnie et professeure de français (1917-1918) de la princesse Henriette, plus jeune sœur de Zita, puis préceptrice (1921-1927) des enfants de l'impératrice désormais déchue. Renée de Sépibus fréquenta notamment le pensionnat catholique de Sainte-Clotilde à Aigle et étudia ensuite à la faculté des lettres de l’Université de Paris. Après avoir donné des leçons particulières de français et d’italien, elle enseigna le français aux élèves allophones de Sion à la fin des années 1950.
Célibataire, comme toutes les femmes de sa fratrie, Renée de Sépibus vécut en compagnie de deux de ses sœurs à Sion. Elle fut membre et cofondatrice en 1946 de l’Association valaisanne pour le suffrage féminin (AVPSF, affiliée à l'Association suisse pour le suffrage féminin), qu'elle présida jusqu’en 1969. Très engagée, elle organisa des conférences et des réunions, sollicita sans relâche le monde politique valaisan, publia des articles et entretint des contacts avec d’autres féministes suisses. Catholique fervente, membre en 1960 des Sœurs tertiaires de la Fraternité de Sion, elle fit appel au pape Pie XII à l’occasion des dix ans de l’association. Ce dernier lui accorda sa bénédiction pour son action, le 4 avril 1956, dans un courrier qu’elle s’empressa de faire paraître dans la presse valaisanne. L'évêque de Sion, Nestor Adam, pour sa part, se prononça aussi publiquement en faveur du suffrage féminin, malgré la forte résistance du clergé de son diocèse. Suivant une idée du préfet et député conservateur au Grand Conseil valaisan, Peter von Roten, Renée de Sépibus encouragea les Valaisannes à s’inscrire au registre électoral de leur commune afin de participer à la votation fédérale du 3 mars 1957 sur la protection civile, qui prévoyait l'obligation de servir pour les femmes. En effet, elle ne pouvait accepter que de nouveaux devoirs pour les femmes soient inscrits dans la Constitution fédérale sans qu’elles ne puissent voter sur la question.

Renée de Sepibus fut également favorable à la Marche sur Berne, le 1er mars 1969, manifestation qui représenta une étape décisive dans le chemin menant à l’introduction, en 1971, du droit de vote et d'éligibilité des femmes au niveau fédéral. Bien qu'ouverte à des formes d’action relativement subversives pour l'époque, sa position resta également très conservatrice. Son attachement à la tradition catholique (catholicisme) se traduisit notamment par le rejet de l’avortement et son conservatisme priva l’AVPSF d’un important appui dans le Haut-Valais. En effet, la Sédunoise ne s’entendait pas avec Iris von Roten, féministe aux idées plus radicales et épouse de Peter von Roten dont le soutien à l’AVPSF aurait été pourtant précieux. Egalement membre de l’Union civique des femmes catholiques (Staatsbürgerlicher Verband katholischer Schweizerinnen, Staka) et du comité du journal Le Mouvement féministe, Renée de Sépibus fit preuve d’une grande ténacité en présidant l’AVPSF pendant 23 ans. Elle l’aurait sans doute conduite à la victoire si elle n’avait pas été priée de céder sa place à un homme, Hermann Pellegrini, chargé de mener la campagne pour la votation cantonale du 12 avril 1970 qui déboucha sur l’octroi du droit de vote et d’éligibilité aux Valaisannes. Consciente de la portée historique des événements en cours, Renée de Sépibus créa les archives de l’AVPSF. Après son éviction en tant que présidente, elle se retira définitivement de la sphère publique.