Culture archéologique

Le terme de culture archéologique (aussi appelée civilisation en français) désigne un ensemble limité dans le temps et dans l'espace de vestiges matériels, qui sont les sources mêmes de l'archéologie. La culture matérielle comprend tous les témoignages laissés par une société et conservés sous une forme matérialisée. En font partie les artefacts du quotidien, les vestiges d’habitat, le mobilier funéraire ainsi que les objets de culte et d'art, généralement découverts dans le sous-sol et qui permettent de tirer des déductions sur les modes de vie et les rites funéraires passés. Le degré de connaissance de la culture matérielle d'espaces géographiques et d'époques lointaines est directement dépendant de l’état de conservation de ces sources et de l’état de la recherche. En méconnaissance d’une culture immatérielle correspondante (normes, comportements, traditions, croyances, langue, identité), la fonction et la signification de l'héritage matériel et de ses caractéristiques (formes, ornements, matériaux) pour une société, ou des parties de celle-ci, ne peuvent être que postulées, notamment par analogies et analyses fonctionnelles.

Dessins de céramiques mises au jour lors des fouilles de Vinelz - Hafen, Vinelz - Alte Station et Sutz-Lattrigen - Rütte. Planches parues dans Chronologie und Regionalität des jüngeren Neolithikums (4300-2400 v.Chr.) im Schweizer Mittelland, in Süddeutschland und in Ostfrankreich de Werner E. Stöckli, 2009, pp. 288-289 (Bibliothèque nationale suisse, Berne).
Dessins de céramiques mises au jour lors des fouilles de Vinelz - Hafen, Vinelz - Alte Station et Sutz-Lattrigen - Rütte. Planches parues dans Chronologie und Regionalität des jüngeren Neolithikums (4300-2400 v.Chr.) im Schweizer Mittelland, in Süddeutschland und in Ostfrankreich de Werner E. Stöckli, 2009, pp. 288-289 (Bibliothèque nationale suisse, Berne).

Les vestiges et objets archéologiques, en tant qu’éléments conservés de la culture d'une société disparue, ont été soumis au cours du temps à des modifications technologiques et morphologiques («effets de mode») et présentent des différences régionales. La problématique historique et culturelle consiste à corréler différentes caractéristiques (styles de céramique, types de parures, rites funéraires) qui permettent ainsi de définir des cultures archéologiques dans leur extension chronologique et géographique. Reposant sur une transmission due au hasard des trouvailles et à un échantillonnage arbitraire, elles ne reflètent pas la culture «effective» des communautés. Les cultures archéologiques ne représentent donc pas des entités culturelles, sociopolitiques ou ethniques, mais servent à structurer les sources archéologiques dans l'espace et le temps (datation). La recherche suisse utilise la notion de culture archéologique principalement dans le cadre du Néolithique, mais parallèlement, des termes plus neutres tels que groupe, faciès, niveau ou – pour le Paléolithique et le Mésolithique – technocomplexe sont également en usage selon les époques et les régions.

Les cultures archéologiques ont été nommées, au gré d'une longue histoire de la recherche, d’après un trait marquant (comme la culture de la céramique cordée) ou d'après un site de découverte (comme la culture de Cortaillod) en se basant principalement sur le type de céramique retrouvé en grande quantité et caractéristique de l'époque et de la région. La notion de culture était fondée au début de la recherche sur une approche historico-culturelle et le matériel archéologique correspondant à l'aire régionale et chronologique était associé à des groupes ethniques (ethnologie). Au cours des années 1970, l'interprétation ethnique fut critiquée et depuis lors les cultures archéologiques sont généralement, mais pas exclusivement, utilisées comme un terminus technicus pour la classification spatio-temporelle des phénomènes d’anthropologie culturelle (anthropologie). Aucune autre systématisation permettant de classer la culture matérielle néolithique ne s'est imposée jusqu'à présent. Même si les noms des cultures sont relativement arbitraires et que la recherche les utilise de manière légèrement différente, tantôt pour des groupes suprarégionaux «cohérents», tantôt pour des groupes régionaux plus finement subdivisés, ils servent de langage commun et sont des termes admis par convention.

Sources et bibliographie

  • Kaenel, Gilbert: «L'archéologie des peuples: historique des recherches», in: Peuples et archéologie. 6ème cours d’initiation à la préhistoire et à l’archéologie de la Suisse. Résumé des cours, 1990, pp. 11-25.
  • Société suisse de préhistoire et d'archéologie (éd.): La Suisse du Paléolithique à l'aube du Moyen Age. De l'homme de Néandertal à Charlemagne, vol. 2, 1995.
  • Eggert, Manfred K. H.: Prähistorische Archäologie. Konzepte und Methoden, 2001, pp. 283-297.
  • Hofmann, Kerstin P.; Schreiber, Stefan: «Materielle Kultur», in: Mölders, Doreen; Wolfram, Sabine (éd.): Schlüsselbegriffe der Prähistorischen Archäologie, 2014, pp. 179-183.
  • Wotzka, Hans-Peter: «Kulturbegriff», in: Mölders, Doreen; Wolfram, Sabine (éd.): Schlüsselbegriffe der Prähistorischen Archäologie, 2014, pp. 139-143.
Liens

Suggestion de citation

Regine Stapfer: "Culture archéologique", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 27.02.2025, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/062221/2025-02-27/, consulté le 21.05.2025.